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Hockey: Nico Hischier se livre dans une tribune libre

48 heures avant son entrée en lice en NHL, le Valaisan de 18 ans Nico Hischier s’est exprimé sur la plate-forme «The Players' Tribune qui laisse libre cours aux sportifs. Rédigé en anglais, retrouvez sa lettre en français ci-dessous. On y apprend notamment qu'il a mis le hockey entre parenthèses alors qu'il avait 9 ans.

06 oct. 2017, 11:41
Nico Hischier raconte quelques anecdotes croustillantes.

Les gens me disent toujours qu’à côté de moi, ils se sentent vieux. Je l’ai entendu pour la première fois de la part des journalistes. Une fois arrivé dans le New Jersey, je l'ai entendu de la part des joueurs plus âgés que moi. Je pense qu’ils ont été surpris en voyant mon année de naissance. 

Je suis né en 1999. J'avais 8 ans quand l'iPhone a fait son apparition. Les gens trouvent ça drôle. Je ne sais pas pourquoi.

Je vais vous raconter une autre histoire qui a rendu les gens dingues: quand j'avais 11 ans, mon équipe suisse de hockey s’est rendue à Québec pour le grand tournoi Pee-Wee. C’est la première fois que je me rendais en Amérique du Nord. Jamais je n'avais vu de match de NHL auparavant. Notre équipe a fait le déplacement jusqu'à Ottawa pour voir les Senators contre les Edmonton Oilers. On était assis tellement haut qu'on voyait à peine le puck. On essayait juste de suivre le No 4 d'Edmonton.

On se disait tous: «Purée ce gars est vraiment impressionnant.» C'était Taylor Hall. Il venait juste d'être drafté en première position. D'où on était, il paraissait vraiment petit. C’était un petit point bleu. Mais on trouvait ça vraiment cool. C'était important pour nous, parce qu'en Suisse le hockey n'est pas le sport principal. La NHL est populaire, mais on ne peut pas voir les matches à la TV.

Quand on était plus jeunes, on regardait les principales actions sur YouTube ou sur notre téléphone. Quand l'application de la NHL est sortie, c'était vraiment énorme. J’ai alors pu voir toutes les vidéos de Pavel Datsyuk. C'était mon préféré. J'adorais sa façon de jouer.

Chicago contre Boston est le seul match de NHL que j'ai vu en direct à la TV. Ma mère m'avait laissé regarder. C'était le match No 6 de la finale de la Coupe Stanley. Le match a commencé à 2 heures du matin, et je n'ai pas dormi du tout. C'était il y a seulement quatre ans.

 

Nico Hischier a porté le maillot des Halifax Mooseheads la saison dernière. © Le Nouvelliste

 

Aujourd’hui encore je n’arrive pas à y croire. Quand je suis arrivé dans la Ligue Junior Majeur du Québec l'année dernière, je ne pensais pas que tout allait se passer si vite. Mon objectif était juste de montrer aux gens que j'étais un bon joueur. C'est tout. Ce n’est qu’après les Mondiaux juniors que j'ai commencé à entendre que je figurais parmi les meilleurs espoirs pour la draft. C'était incroyable. Puis les médias ont commencé à me demander:«Et si vous terminez au premier rang de la draft ?»

J'ai dû répondre à cette question une centaine de fois. Je ne savais pas quoi répondre. Vraiment, je ne savais pas quoi dire. Quand il y a eu la loterie du repêchage, je passais des vacances en Italie. J'essayais de la regarder sur mon ordinateur, mais on était dans un petit appartement près de l'océan où la connexion wi-fi ne marchait pas très bien. Ça coupait tout le temps.

Vers la fin, la connexion est revenue et j'ai juste aperçu le tableau avec les logos. J'ai vu New Jersey en premier, Philadelphie deuxième et Dallas troisième. A ce moment-là, j'essayais de ne pas trop y penser. Je me suis dit que tout pouvait arriver.

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Mes amis m’ont alors envoyé des SMS du type :«Alors, t'en penses quoi?» Je répondais juste: «Je serai heureux où que j'aille. Où que ce soit, ce sera incroyable. Quand je suis rentré en Suisse, il y avait beaucoup d'intérêt de la part des médias. Tout le monde me demandait: «Vous allez être le choix numéro 1? Qu'est-ce que ça fait d'être le premier Suisse numéro 1? Quels sont vos plans pour les prochaines semaines?»

C'était drôle parce que mes plans, c’était de prendre mon bateau pneumatique pour me rendre sur la rivière de Berne. Je ne sais pas s'il y a cela en Amérique du Nord. A Berne, on a cette rivière très calme qui traverse la ville. Elle traverse les montagnes et les arbres. Il faut prendre un train pendant 30 minutes jusqu'au nord de la ville et emmener des affaires pour un barbecue. Après, tu paies un petit quelque chose et tu peux prendre un bateau pneumatique. Comment ça s'appelle aux Etats-Unis? Un raft? Mais c'est plus cool qu'un raft. C'est vraiment immense et on peut y aller avec des amis. Peut-être que c'est spécifique à la Suisse. Appelons-le un «bateau suisse».

Alors tu vas dans ce «bateau suisse» et tu navigues le long de la rivière jusqu'à Berne durant l'après-midi. Quand tu as trop chaud, tu sautes dans l'eau et après tu nages pour rattraper le bateau. L'eau est froide. Quand tu as faim, tu peux t'arrêter sur la rive pour faire un barbecue. C'est le top. C'est ce qu'on fait en Suisse. C'est un endroit relaxant.

Et c'était drôle, parce que durant les interviews avec les équipes de NHL avant la draft, ils te posent des questions dures, du genre: «Nico, tu as déjà fait de la prison?» «De la prison?», ais-je dit. «Oui, de la prison.» «Non.»

Et ensuite il passent à une autre question toute normale, du type: «Quelle est ta position préférée sur le power play?» C'était très bizarre. J'étais déboussolé. Je ne savais donc vraiment pas ce qui allait se passer le jour de la draft. Tout pouvait arriver, je n'avais aucune idée de l'endroit où j'irais. La draft a commencé et je ne savais toujours pas. Puis les Devils sont arrivés pour choisir et je ne savais toujours pas. Je pensais que ce serait impossible, avec les réseaux sociaux et tout, mais on ne savait vraiment pas.

Puis j'ai entendu mon nom. Je ne me souviens de rien après ça. J'entends souvent cette expression aux Etats-Unis: «Le trou noir». C'est le bon mot? J'ai eu un trou noir.

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Ma mère a un peu pleuré. Mon père était très fier. Ils me chambraient un peu: «Alors, t'es content de ne pas avoir abandonné?» Parce que quand j'avais 8 ou 9 ans, je suis rentré une fois à la maison en disant que j'arrêtais. J'avais plus de plaisir au foot et je voulais faire ça. J'ai même dit à mon coach que j'arrêtais! Voilà. Retraité. J'ai arrêté de jouer au hockey durant tout un été.
Et, bien sûr, trois mois plus tard, le froid est revenu, je voyais tous mes amis jouer au hockey, et j'ai dit à mes parents que je sortais de ma retraite.

 

Nico Hischier entouré par sa maman et son papa le jour de la draft. © Le Nouvelliste

 

Après la draft, j'ai eu des messages vocaux assez drôles de mes amis de Suisse. Ils étaient tous dans la rue à chanter: «Let's Go Devils !». Ils me chambraient, genre «Alors, maintenant tu vas voir Taylor Hall de près?»

Emotionnelle, c’était très fort. Pour n'importe qui, c'est difficile de penser aux mots que tu dois dire quand les caméras sont braquées sur toi. C'est encore plus dur quand l'anglais est ta troisième langue! Alors, voilà, après mon trou noir, un journaliste m'a demandé de dire quelque chose sur moi et j'ai juste dit «I love to hockey»  qu’on pourrait traduire par «J'adore «hockeyer».
C'est vrai. J'adore vraiment «hockeyer».

Dès le départ, les médias m'ont demandé comment je voyais mon rôle dans l'équipe, quel genre de joueur je voulais être. Je ne sais pas comment répondre. En Suisse, on n'aime pas vraiment parler de soi-même. Tout ce que je peux dire, c'est que mon jeu est inspiré de Pavel Datsyuk. J'admirais son jeu dans les deux sens de la patinoire. C'était le meilleur défensivement, il volait le puck à l'adversaire, mais il était aussi créatif offensivement pour ses partenaires. C'est exactement de cette manière que je veux jouer.

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C'est cool aussi parce que c'est la deuxième fois de ma carrière que je suis choisi pour porter un maillot des Devils. Quand j'avais 9 ans, il y avait un tournoi génial en Suisse: chaque participant représentait une équipe de NHL, avec les maillots, les noms dans le dos et tout. Durant tout le tournoi, tu représentais cette équipe.

C'était incroyable. Cette année-là, nous étions les New Jersey Devils. Ma maman a toujours la photo.
Je ne suis pas fier ma coupe de cheveux. Mais je porte le numéro 13, comme Datsyuk. J'avais choisi le 13 parce que c'est celui de mon grand frère. Ma première idole. Je ne connaissais pas Datsyuk à l'époque. Et maintenant je porte à nouveau le maillot des Devils avec le numéro 13. Il est un peu plus grand maintenant.

Alors voilà. Que dire d'autre? Je suis Nico. J'adore «hockeyer». Et c'est un honneur d'être à nouveau un Devil.

Nico Hischier

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