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Sion: les vestiges archéologiques libérés des glaciers exposés au Pénitencier

La nouvelle exposition du Pénitencier met en lumière les vestiges archéologiques libérés par la fonte des glaces. A découvrir dès le samedi 6 octobre à Sion.

02 oct. 2018, 11:01
/ Màj. le 03 oct. 2018 à 08:00
Pierre-Yves Nicod, conservateur et commissaire de  «Mémoire de glace : vestiges en péril», la nouvelle exposition du Musée d’histoire du Valais qui ouvre ses portes ce samedi 6 octobre.

tPrisonniers des glaces depuis des décennies, des siècles, voire des millénaires, de nombreux vestiges sont un jour libérés sous l’effet climatique. Libérés, certes. En péril, assurément. Exceptionnellement préservés par congélation, les objets ont, à l’air libre, une durée de vie fortement limitée. Le Musée d’histoire du Valais consacre sa dernière exposition, «Mémoire de glace», à la toute nouvelle discipline scientifique chargée de la récolte et de l’étude de ces vestiges, l’archéologie glaciaire. Mondialement reconnue depuis la découverte d’Ötzi, cette discipline est depuis fréquemment sollicitée. Il faut dire que la fonte des glaces accélère immanquablement la libération des vestiges. Et ce n’est pas près de s’arrêter.

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Selon les pronostics des glaciologues, la surface glaciaire va diminuer de près de 80% en 2060. Devant l’étendue de la surface glaciaire appelée à disparaître, impossible pour les archéologues de la surveiller dans son ensemble. La plupart des découvertes à venir seront donc réalisées par des randonneurs ou des travailleurs de haute montagne, guides ou gardiens de cabane. Ainsi, «Mémoire de glace» est aussi l’occasion de s’informer sur le bon comportement à avoir en cas de découverte et de participer à la sauvegarde de ce patrimoine.

 

1. Pierre-Yves Nicod, conservateur et une raquette à neige néolithique


Pierre-Yves Nicod, conservateur et commissaire de l'exposition. © Louis Dasselborne

 

L’histoire de cette raquette à neige est rocambolesque», sourit Pierre-Yves Nicod, conservateur et commissaire de l’exposition. Découvert par une ingénieure travaillant dans la région de Bolzano, au nord de l’Italie, l’objet est ramené à son bureau avant d’être oublié, durant sept à huit ans. «Elle le pensait sans intérêt», s’amuse le conservateur. C’était tout le contraire. L’objet est daté du néolithique, vers 3’800 avant J.-C.

L’arceau, en bois de bouleau et très fragile, a été particulièrement bien conservé par congélation. Si sa mise en lumière nous informe sur la manière dont les hommes s’équipaient pour leurs périples en montagne, l’anecdote de sa découverte est aujourd’hui utilisée à des fins de sensibilisation. «Nous faisons un véritable appel à une participation citoyenne», lance Caroline Brunetti, archéologue cantonale.

En cas de découverte, le processus est le suivant: prendre une photo de l’objet en y ajoutant un autre objet pour l’échelle, photographier les environs pour localiser avec certitude l’objet puis téléphoner au 027 606 38 00. 

 

2. Une statuette découverte à Arolla

 

Découverte sur le haut-glacier d’Arolla vers les années 2000 par un couple d’Italiens, cette statuette datée du deuxième Âge du Fer (400 à 200 avant J.-C) et dont on ne connaît encore l’utilité, aurait très bien pu ne jamais être exposée à Sion. «Elle était accrochée au mur de celui qui l’avait découvert», se souvient le commissaire, averti de l’existence de l’objet par un tiers. Retrouver son contact ne fut pas une sinécure. «Nous n’avions que le nom de la femme et le couple s’était séparé depuis.»

Finalement identifié, l’homme en fait don aux institutions valaisannes sans hésiter. La datation de l`Âge du Fer est toutefois à confirmer. Les produits anti-poussières utilisés par l’homme à de fins d’entretien ont pu polluer les résultats. Une deuxième analyse est en cours. 

 

3. Le mercenaire du col Théodule

 

«On le connaît sous le nom du mercenaire du Col Théodule mais je crois qu’il était plutôt commerçant», lâche Pierre-Yves Nicod, sans vouloir décevoir. Découvert il y a une trentaine d’années, ce riche personnage disparu au début du XVIIème siècle est tombé dans la glace avec ses armes et bagages.

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Ce moment tragique, ici dessiné par l’artiste Ambroise Héritier, dont les planches agrémentent l’exposition, nous est rapporté tel un instantané, figé, au travers de tout son arsenal exposé. Son épée, sa dague et son pistolet d’une part, mais aussi ses effets personnels: rasoir, argent, couteaux, amulette ou encore chausse-pied, qui serait le plus ancien en fer, connu à ce jour.  

 

4. Les chaussures des époux Dumoulin

 

Leur tragique destinée avait fait le tour du monde au début de l’été 2017. Les époux Dumoulin étaient retrouvés, enlacés, sur le glacier de Tsanfleuron, 75 ans après leur disparition. Pour la petite histoire, Marcelin Dumoulin, cordonnier, avait confectionné la chaussure de son épouse aujourd’hui exposée au Pénitencier.

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Dans la vitrine, leurs souliers sont associés à une série de chaussures toutes recrachées des glaciers: un chausson néolithique, des clous de chaussures romaines ou la bottine d’un des trois frères Ebener disparus sur le glacier d’Aletsch en 1926 et découvert en 2012.

 

INFOS PRATIQUES

«Mémoire de glace : vestiges en péril» à découvrir au Pénitencier, Rue des Châteaux 24 à Sion, du 6 octobre au 3 mars 2019.  

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