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Tchernobyl: l'accident nucléaire en Ukraine a laissé des traces en Suisse

Comme les autres Européens, les Suisses ont été légèrement contaminés après la catastrophe de Tchernobyl. La radioactivité portée par les vents a surtout touché le Tessin, où les sangliers présentent encore des valeurs élevées de césium-137.

22 avr. 2016, 09:33
Les sangliers du Tessin présentent des taux de radioactivité plus élevés que durant les jours qui ont suivi l'explosion du réacteur, le 26 avril 1986. En cause, leur gourmandise!

Le rayonnement radioactif après l'accident nucléaire de Tchernobyl a diminué plus vite que prévu en Suisse. Reste que les sangliers au Tessin, pour citer l'exemple le plus révélateur, enregistrent aujourd'hui des niveaux de radioactivité beaucoup plus élevés que durant les jours qui ont suivi l'explosion du réacteur, le 26 avril 1986.

Comme les autres Européens, les Suisses ont été légèrement contaminés après la catastrophe de Tchernobyl. Cette radioactivité a été portée par les vents avant de se déposer dans les sols avec la pluie: le Tessin a été la région de Suisse la plus touchée.

La population suisse a mangé des salades ou des champignons, contaminés dans les premiers mois après l'accident, mais aucune conséquence sanitaire n'est directement apparue, peut-on lire dans un document de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) sur la question.

Davantage de cancers

Des estimations font état de près de 200 décès supplémentaires par cancer en Suisse après l'accident de Tchernobyl. Basées sur un facteur de risque de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR), elles ne sont que théoriques.

Une telle augmentation ne peut en effet que difficilement être confirmée à l'aide d'outils épidémiologiques, sachant que, chaque année, 16'000 personnes meurent de cette maladie en Suisse, soit 480'000 depuis 1986.

Le césium-137 ayant une demi-vie de 30 ans, la radioactivité restante devrait être cette année deux fois inférieure à celle mesurée en 1986. Or l'analyse de nombreux échantillons a montré qu'elle a diminué davantage que prévu.

Sur le niveau moyen d'exposition des individus à la radioactivité en Suisse de 4,6 millisievert (mSv), qui avait déjà retrouvé son niveau d'avant l'accident dès le début des années 90, la part des retombées de Tchernobyl est inférieure à 0,2 mSv, selon l'OFSP. Les trois quarts de la radioactivité sont émis naturellement en Suisse. Elle se désintègre aussi de manière naturelle.

Dose plutôt faible

La dose supplémentaire moyenne de la population suisse s’élevait à environ 0.2 mSv la première année après l’accident. Des effets aigus ne surviennent pas à ce niveau d'irradiation chez les plantes, les animaux et les êtres humains.

En moyenne nationale, la dose d'irradiation de la population helvétique sur toutes les années suivant l’accident jusqu’à aujourd'hui s'élève à 0.5 mSv. En comparaison, l'exposition annuelle aux radiations dues au radon - naturel - s’élève à 3.2 mSv. Le nouvel accident à Fukushima n'a pas augmenté les radiations en Suisse.

Sangliers radioactifs

Un champignon, la pholiote ridée, dans le canton d'Argovie, illustre cette baisse plus forte qu'attendue. En 1990, près de 1500 Becquerels par kilo (Bq/kg), étaient enregistrés. En 2012, la radioactivité est tombée à environ 200 Bq/kg pour la même quantité.

Il en va autrement avec les sangliers du Tessin. Ceux-ci peuvent actuellement présenter des valeurs de césium-137 atteignant plusieurs milliers de Bq/kg. Ces valeurs sont même en augmentation par rapport à 2006.

Cela s'explique par le fait que le césium avec le temps migre lentement en profondeur dans le sol, où il peut être capté par le champignon, appelé la truffe de cerf. Celle-ci pousse à une dizaine de centimètres sous la surface et a la particularité d'accumuler le césium.

Ces champignons sont non comestibles pour l'homme, mais les sangliers en sont friands. En 2015, une activité record de 9900 Bq/kg de césium-137, soit près de huit fois la valeur-limite fixée pour ce radionucléide dans les denrées alimentaires, a été enregistrée dans la viande d'un animal chassé au Tessin.

Comme tous les autres sangliers présentant un dépassement de la valeur-limite (3 à 5 % des animaux chassés), cet animal a été confisqué par le vétérinaire cantonal. Celui-ci contrôle tous les sangliers depuis 2013.

Dépôt au fond des lacs

Dans les lacs aussi, Tchernobyl a la vie dure, même si plus de la moitié du césium-137 dans les sédiments du lac de Bienne trouve son origine dans les essais nucléaires du début des années 1960. On doit à la centrale nucléaire de Mühleberg près d’un tiers de l’ensemble du césium-137 déposé dans le lac, selon le Laboratoire Spiez, l'Institut fédéral pour la protection des eaux (EAWAG) et l’Institut Paul Scherrer.

Environ un huitième seulement est à attribuer à l’accident nucléaire dans le lac de Bienne. Ceux du Tessin, plus touchés par de Tchernobyl, font même état de concentration considérablement plus élevées de césium-137. 

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