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Sion 2026: pour les opposants, il y a trop d'inconnues financières et le projet n'a de durable que le nom

Désormais réunis en comité, WWF, Verts, ATE et Pro Natura ont sorti l’artillerie lourde contre le projet avec onze pages d’arguments.

28 mars 2018, 11:34
/ Màj. le 28 mars 2018 à 17:30
Marie-Thérèse Sangra (WWF), Jean-Pascal Fournier (les Verts), Thierry Largey (Pro Natura) et Eveylne Bezat (ATE).

Les opposants au projet de Jeux olympiques d’hiver Sion 2026 ont lancé les hostilités. Les Verts, le WWF, Pro Natura et l’Association transports et environnement sont désormais réunis au sein d’un même comité. «Nous attendons avec impatience que le PS se détermine», a lâché Jean-Pascal Fournier, président des Verts, hier matin lors de la présentation aux médias.

Un président conscient du nombre limité de ses troupes? «Il est évident que nous n’avons pas les mêmes moyens que les partisans qui peuvent se permettre d’engager les stars de la RTS.» Dans le détail, le comité espère pouvoir compter sur 70 000 à 80 000 francs pour financer sa campagne. «Nous ferons avec les moyens du bord. Un comité est aussi actif dans le Haut-Valais et des initiatives viendront des milieux bourgeois.»

Si le clan du non a décidé de passer la deuxième vitesse, c’est qu’il qualifie la campagne actuelle de peu fair-play. «On essaie de nous faire croire que le vent est en train de tourner, mais c’est faux. Je ne ressens aucun enthousiasme dans la population.» Les opposants ont aussi annoncé ne plus accepter certains procédés. «Les séances de présentation sans débat, les prises de parole avant le vote, c’est terminé!» Après cette mise en bouche, les adversaires du projet ont sorti l’artillerie lourde avec au total onze pages d’arguments que l’on vous résume en quatre points principaux.

1. Un financement plein d’inconnues

Sans surprise, c’est l’aspect financier qui a été le plus évoqué. Thierry Largey a entamé sa présentation en parlant de la «chronique ordinaire du piège financier tendu par le CIO». Selon lui, les inconnues financières sont trop importantes: garantie de la Confédération, contrat qui liera la ville hôte au CIO, déficits et demandes d’ajustements du CIO. Autre problème relevé par Thierry Largey, le budget: «Des études ont montré qu’il était beaucoup trop optimiste pour les recettes et que les dépenses sont sous-évaluées.»

Le secrétaire de Pro Natura estime que les écarts se montent en centaine de millions de francs. «Sans compter que 22 catégories de coûts et non des moindres ne figurent pas dans ce budget.» Thierry Largey a aussi souligné les transferts de coûts sur les budgets ordinaires des communes et du canton. Il a conclu en relevant qu’il n’y avait aucune raison de croire que les choses allaient changer parce que c’était le Valais et que la naïveté allait coûter très cher aux citoyens.

2. Un village olympique dans une ville qui compte déjà un taux élevé de logements vides

Jean-Pascal Fournier a poursuivi en montrant du doigt le projet de village olympique: «Il y a actuellement près de 6000 logements vides en Valais. Bien malin qui pourra dire quelle sera la situation en 2026.» Le président des Verts a pris l’exemple de Vancouver pour illustrer le risque encouru. «Les promoteurs chargés de construire l’écoquartier ont fait faillite. Coût: 200 millions à la charge de la ville.» Pour l’ancien conseiller communal sédunois, les citoyens de la capitale risquent de payer quatre fois. Au niveau fédéral, au cantonal, au communal ainsi que pour le village. «Et tout ça pour rien», fulmine le Vert. «Le projet ne prévoit pas un centime en faveur de la ville de Sion.»

3. Aucune plus-value écologique dans la mobilité

Troisième intervenante à prendre la parole, Evelyne Bezat, présidente de l’Association transports et environnement, a surtout évoqué les transports. Selon elle, la répartition décentralisée des sites de compétition entraînera beaucoup de trafic avec de longues distances. Pire, certains lieux comme Saint-Moritz ou Engelberg ne sont accessibles rapidement qu’en avion.

Evelyne Bezat estime également qu’il est illusoire de croire que 80% du trafic passera par les transports publics. «Si c’est le cas, les trains risquent d’être bondés. Si le calcul est faux, les axes routiers seront encombrés.» Autre problème selon elle, les transports vers les sites de montagne ont été complètement minimisés, ce qui entraînera des perturbations: dessertes insuffisantes donc bloquées, aménagements de parking, etc.

4. Des Jeux qui n’ont de durable que le nom

«La candidature Sion 2026 n’est pas durable! Marie-Thérèse Sangra, secrétaire du WWF, n’y va pas par quatre chemins. Pour elle, il n’y a aucune trace de développement durable dans la candidature telle qu’on la connaît à ce jour. Pas plus que dans les éditions précédentes. «Le respect de l’environnement est à l’ordre du jour du CIO depuis 1994, Sauf que tous les Jeux depuis cette date ont débouché sur des catastrophes écologiques.» Elle cite les engagements non tenus à Rio, le défrichage de la forêt à PyeongChang et le fait que les prochains Jeux d’hiver vont être organisés à Pékin, dans l’une des régions les plus sèches du monde.  

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