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Que nous diraient les animaux si on les écoutait? Par Romaine Spahr

04 sept. 2018, 11:27
Romaine Spahr, vétérinaire comportementaliste.

Le mouvement des antispécistes, lancé dans les années 70 et souvent d’actualité, frappe par ses positions extrémistes et ses actions spectaculaires.

Lorsqu’on considère les conditions de détention des animaux d’élevage, je suis stupéfaite de ce qu’on a toléré il y a une cinquantaine d’années: les animaux élevés en batterie, les élevages pour la production de fourrure et les bêtes dépecées vivantes, les conditions d’abattage. Le mouvement est lancé, c’est indéniable et nécessaire. L’opinion publique s’est offusquée de ces traitements dégradants et, progressivement, la modification de la législation a entraîné un élevage un peu plus respectueux. 

Je m’interroge sur la distinction entre les «animaux amis» et «ceux que l’on consomme». Pourquoi et à quel moment de l’humanité la suprématie humaine a eu besoin d’être sans cesse réaffirmée? 

Dans mon travail de vétérinaire, je suis questionnée par les propriétaires d’animaux pour savoir si l’animal souffre, quels sont les traitements à engager, quelle sera sa qualité de vie? Je suis consultée pour des problèmes de comportement qui perturbent le quotidien de l’animal ou de l’humain ou les deux. Cela fait sourire certains d’envisager un psychiatre pour les animaux, est-ce un domaine réservé à nous humains? Et pourquoi l’animal ne souffrirait-il pas, lui aussi, du stress, d’anxiété? Jusqu’où les traitements sont-ils «éthiques»? L’attitude des propriétaires est très différente selon la culture, le vécu, les connaissances et le lien à l’animal. A-t-on le droit d’offrir des soins s’apparentant à ceux de la médecine humaine? Est-ce que nous apportons une réelle qualité de vie? 

Les animaux de compagnie qui vivent beaucoup seuls, enfermés dans des appartements, sans partenaires sociaux, sans stimulations ou offerts aux caprices des enfants, que pensent-ils de leur qualité de vie?

Comment la définir? La qualité de vie ne se résume pas à l’état de santé, elle inclut également les relations sociales, affectives, l’état psychique.

Depuis 2003, l’animal n’est plus «une chose» juridiquement mais un être vivant, intermédiaire entre l’humain et la chose, doté de sensibilité.

Souvent je remarque l’empathie et le soutien de l’animal pour l’humain avec lequel il vit, absorbant le stress, le mal de vivre.

Comment nos animaux nous évaluent-ils? Que pensent-ils de notre façon de vivre, d’entrer en lien avec eux?

En savoir plus : Le site de la pratique vétérinaire des Champs Neufs

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