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Laïka, occupation astronaute. La chronique de Gaëlle Mandon

13 août 2019, 11:00
Gaëlle Mandon, médecin vétérinaire.

Depuis que les frères Montgolfier ont organisé en 1783 le premier vol d’un ballon à air chaud avec dans la nacelle un canard, un coq et un mouton, les animaux sont les vrais pionniers de la conquête spatiale. A leur corps défendant…

Laïka, chienne bâtarde des rues de Moscou, a été envoyée par l’URSS à bord de l’engin spatial Spoutnik 2, un mois à peine après l’envoi du premier satellite artificiel Spoutnik 1: Khrouchtchev voulait que ce vol habité soit fait au moment de la commémoration du 40e anniversaire de la révolution bolchevique. Une précipitation qui s’avéra fatale pour Laïka puisque dès le départ on savait qu’on ne pourrait pas la récupérer.
Le choix s’est porté sur une chienne pour des raisons pratiques: pas besoin de lever la patte pour faire ses besoins donc un gain de place dans la cabine de 80 cm de long…

La cabine pressurisée fournissait dioxygène et alimentation liquide, un système en plastique fixé à l’arrière de la chienne recueillait ses besoins. Les paramètres vitaux (fréquence cardiaque, respiratoire et pression artérielle) étaient suivis pendant le vol.

L’entraînement consistait à l’habituer aux bruits assourdissants du décollage, à la placer dans une centrifugeuse et à vivre dans un milieu extrêmement confiné. Sans parler de sa tenue: une combinaison de «cosmonaute» laissant passer la tête, les pattes et la queue, la chienne ne pouvait guère se lever ou se coucher.

Laïka fut installée le 31 octobre 1957 mais le lancement n’eut lieu que le 3 novembre. Peu après le décollage, sa fréquence cardiaque passa de 103 pulsations par minute à 240! Désemparée et stressée, elle s’agita beaucoup. Une fois en apesanteur, il lui fallut trois heures pour retrouver son rythme normal, soit trois fois plus de temps qu’à l’entraînement. Puis une panne dérégla le système de thermorégulation: la température dans la capsule atteignit 41 °C, une température très vite fatale… Laïka n’a plus donné de signe de vie cinq heures après le lancement, soit bien avant que ses réserves en oxygène soient épuisées.

La version officielle du Kremlin fut qu’elle était morte par un poison mélangé à sa nourriture pour lui éviter les souffrances du retour dans l’atmosphère. Mais l’opinion publique s’émut très vite de cette expérience et ce fut le début d’une prise de conscience et de manifestations pour le respect des animaux dans les expériences scientifiques.

Ce n’est qu’en 1998 que le responsable de la mission russe émit des regrets concernant la mort de la jeune chienne. Et en 2002 lors du «World Space Congress» que l’on sut exactement les causes de sa mort.

En savoir plus : Le site du cabinet vétérinaire Les Berges du Rhône

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