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Des chiens malades des humains. Par Romaine Spahr

30 oct. 2018, 11:00
Romaine Spahr, vétérinaire comportementaliste.

D’une part rejetés, réglementés, bannis pour certaines races, d’autre part, adorés, bichonnés, sursélectionnés, élevés au rang de membre de la famille ou de substitut d’enfants: de quel espace nos chiens peuvent-ils encore jouir dans notre société?

Les paradoxes n’ont jamais été aussi marqués entre les extrêmes dans les relations animaux/humains.

Il y a 10 000 ans le chien vivait des restes de nourriture aux côtés des humains devenus sédentaires; en échange de services comme la garde ou la chasse, le chien s’est rapproché de l’humain. L’homme entreprit de le spécialiser en le sélectionnant pour des fonctions précises comme berger, gardien, ou ratier, en créant des races adaptées à ces fonctions. Puis de compagnon vivant à l’extérieur du foyer, au début du XXe siècle, le chien est devenu un membre de la famille à part entière et jusqu’à devenir aujourd’hui parfois même l’unique interlocuteur pour certaines personnes.

La civilisation s’est urbanisée, les animaux sont devenus des étrangers, l’apprentissage de la communication animale instinctive que toute personne établissait depuis l’enfance au contact des animaux, a disparu. Les chiens se sont transformés en source de trouble sonore, allergique, hygiénique, de tracas de toutes sortes; on ne tolère plus rien, on ne les connaît plus.

Simultanément, certains propriétaires poussent leurs chiens dans des névroses en les aimant trop, ou mal, ou pas assez. Les races devenant à la mode, subissent des sélections qui accentuent certains traits morphologiques à l’extrême, comme raccourcir le chanfrein du bouledogue français de manière telle que les narines ne permettent plus le passage que d’un mince filet d’air.

Les chiens souffrent comme les humains du stress, de la solitude, des séparations, des deuils. Les pathologies sont similaires.

Mais malgré tout, le chien soigne, il apporte la lumière à des vies déficientes sous forme physique comme les chiens guides de malvoyants, les compagnons de personnes handicapées ou sous forme d’assistance psychique. La zoothérapie, ou thérapie assistée par l’animal, relativement nouvelle dans nos régions, ouvre de vastes horizons dont l’animal est l’acteur principal, redonnant le goût de vivre à des personnes âgées privées de contacts sociaux, des enfants autistes, des marginaux qui ont perdu l’estime de soi. Quelle que soit la situation, le chien ne juge pas, cherche le lien, et donne son amour inconditionnel.

En savoir plus: Le site de la pratique vétérinaire des Champs Neufs

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