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Je marche seule. Par Anne Darbellay

D’ici au 14 juin, «Le Nouvelliste» ouvre ses colonnes aux points de vue de dix femmes, dans le cadre de cette journée de grève organisée pour défendre leurs droits. Aujourd'hui, la parole est donnée à Anne Darbellay.

28 mai 2019, 12:00
mosaique

Il est 23 heures, ma journée prend fin en même temps que cette séance tardive, je suis fatiguée. Je sors, il fait nuit et le vent frais me traverse jusqu’aux os. L’avenue est baignée des lumières froides des réverbères, mais je dois m’engouffrer dans cette ruelle sombre pour atteindre ma destination.

Une silhouette s’esquisse au loin et mes sens s’éveillent malgré le poids des heures. Mes yeux se plissent, tentant d’y voir plus clair, de savoir à qui j’ai affaire. La silhouette masculine s’avance vers moi et je baisse la tête. J’accélère imperceptiblement le pas qui donne la cadence au rythme de mon cœur. L’homme passe et je me retourne, il poursuit sa route. Je suis très fatiguée. J’avance dans la nuit et bifurque dans une autre rue. J’entends des voix d’hommes; ils rient et parlent fort. J’aperçois enfin le groupe qui discute sous la lune. Instinctivement, je me camoufle...

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