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Christian Constantin et Alain Joseph se livrent dans un entretien passionné avant le derby romand au stade de Tourbillon

Le deuxième derby de la saison entre Sion et Lausanne se joue mercredi soir au stade de Tourbillon. Les présidents Christian Constantin, dans le camp sédunois, et Alain Joseph, dans le camp vaudois, donnent le coup d'envoi du match dans un entretien passionné qui les a réuni à Plan Cerisier.

26 sept. 2017, 22:38
/ Màj. le 27 sept. 2017 à 05:30
Christian Constantin et Alain Joseph donnent vie à un dialogue animé sur une terrasse de Plan Cerisier dans le vignoble de Martigny-Croix.

Christian Constantin et Alain Joseph partagent le destin de président d’un club de Super League. Avec le FC Sion et le FC Lausanne Sport, ils sont les derniers survivants romands de la catégorie. Le Nouvelliste les a réunis avant le derby qui oppose leurs équipes ce soir au stade de Tourbillon.

Le Lausanne Sport apprécie de jouer à l’extérieur. Il s’impose successivement à Bâle et à Lucerne dans le cadre du championnat. Les Lausannois y ajoutent une qualification pour les huitièmes de finale de la coupe de Suisse sur la pelouse zurichoise d’YF Juventus. Ce courant porteur et une grande générosité conduisent Alain Joseph à rallier Plan-Cerisier pour un entretien croisé avec Christian Constantin, programmé avant les incidents survenus jeudi dernier à Lugano entre le dirigeant valaisan et Rolf Fringer.

Le président du FC Sion évolue à domicile, la terrasse de la rencontre offre une vue plongeante sur le siège du club valaisan et sur son terrain d’entraînement. Avant le derby qui opposera leurs équipes au stade de Tourbillon ce soir, les deux hommes se livrent dans un échange vivant et franc. Les deux tours d’horloge défilent plus vite que le temps réglementaire de nombreux matchs.

Si les profils respectifs semblent les éloigner totalement, les deux hommes évoluent dans des registres très proches. Même passion pour ce ballon qu’ils veulent faire tourner rond et même détermination à atteindre les objectifs définis pour leurs clubs se traduisent dans une complicité croissante au fil des années.

 

 

L’affaire Fringer- Constantin

Quelle position adoptez-vous par rapport à l’incident de Lugano?

Christian Constantin: Soyons clairs, Alain Joseph ne l’aurait jamais fait.  Sa personnalité est différente. Il a autre chose en lui. Il accueille des enfants d’Afrique à qui il donne de l’affection. Ses enfants sont grands, ils en ont moins besoin. Maintenant, je ne suis pas certain qu’il aurait toléré beaucoup plus de choses que moi s’il avait été confronté à la même situation. Sa réaction aurait été différente, mais il aurait réagi. Je ne veux pas expliquer par ceci que la violence était justifiée.

Au-delà de ça, ce qui n’est pas normal, les présidents se débrouillent pour trouver l’argent afin de payer nos gars. Télé-Club diffuse des images qu’elle nous achète pour gagner de l’argent. Les journaux exploitent nos événements dans le même but. De l’autre, nous devons nous faire critiquer, subir les critiques contre nos familles et demeurer sans réaction?

 

Alain Joseph: Une décision d’Adrien Jaccottet, arbitre, m’a mis récemment dans un état dans lequel je n’aurais jamais imaginé pouvoir être. Et cette décision ne touchait pas ma famille. Mais elle a généré en moi un tel sentiment d’injustice que j’ai réagi. J’ai une conviction que j’avais déjà acquise avant que Christian ne s’exprime, l’implication de son fils a été un déclencheur. De là, tout le monde dira «tu dois pas», mais quand les émotions d’un papa, d’un fils et d’un président de club entrent en jeu, elles exercent une influence très forte.

La présence des caméras a aussi fait la différence. Matt Moussilou, notre joueur, avait eu une altercation avec Vincent Rufli en sortant du terrain. Il lui avait collé une beigne. Aucune image n’avait été diffusée, celles de Lugano ont fait le tour du monde. Tous les mecs qui viennent te donner des leçons devraient parfois s’occuper de leur propre comportement.

Quand Rolf Fringer s’offusque de la manière dont Christian a tenté de recruter Marco Schneuwly en été 2016, il devrait également expliquer publiquement comment il est venu chercher Cristian Ianu chez nous il y a deux ans. Il m’a pourri mon Noël et mon Nouvel-An parce qu’il ne m’avait pas appelé avant de contacter le joueur. La violence, c’est nul. Christian n’avait pas besoin de cela, il est bien plus fort. Il mérite une forte amende. Maintenant, les donneurs de leçon .... J’ai des regrets pour Christian Constantin, pas pour Rolf Fringer.

 

Le derby

Invaincu depuis quatre matchs, Lausanne sera favori

 

 

CC: Je n’ai aucun problème avec cette affirmation. Lausanne a opéré un grand redressement ces dernières journées. Chez nous, ce sera un nouveau Sion par rapport à l’aller puisque nous avons bouclé les transferts à fin août. Ceci dit, le championnat demeure extrêmement serré. A l’exception d’un pas de retrait de Bâle qui avait 27 points au terme du premier tour, aucune certitude ne se dégage. La différence est faible entre les équipes aujourd’hui.

AJ: Ces chiffres sont la beauté des statistiques qu’on peut toujours tourner dans tous les sens. Le favori est celui qui possède le plus de moyens même s’ils ne l’assurent pas de la victoire. Je suis content que le match arrive maintenant et pas il y trois journées. Toutes les équipes vivent des moments plus favorables dans le courant de la saison. C’est notre cas actuellement.

Lors du match aller, malgré la défaite, nous avions montré tout ce que nous savions déjà faire la saison dernière avec du jeu et des occasions. Il laissait présager des belles choses pour la suite qui ne sont pas vérifiées dans la foulée. Contre Zurich et à Lucerne, nous déployons moins de fluidité dans le jeu, mais nous gagnons. A quoi cela tient-il? J’aimerais bien connaître la réponse.

 

Le Röstigraben du football

Le derby oppose deux équipes de deuxième partie d'un classement dominé par les Alémaniques

AJ: Donnez-nous quinze arbitres romands et l’équilibre sera beaucoup plus fort. Nous n’avons pas ce qu’il faut pour nous installer. Je reste convaincu, et dieu sait si pendant longtemps je n’ai rien dit, que M. Amhof ne met jamais à Bâle ou à Zurich le deuxième avertissement qu’il inflige à Zarate. Cela touche peut-être moins Sion vu la personnalité de Christian. J’aurais fait la même remarque il y a une semaine. Voilà pour une première approche.

Une question de resources fait également la différence. Quant à la formation, je ne pense pas que nous soyons moins performants que les clubs alémaniques. N’oublions pas que Bâle disposait de moyens financiers nettement supérieurs qui lui ont permis de venir chercher des jeunes qui étaient chez nous depuis douze ans et qui aurait très bien pu achever leur formation à Lausanne.

Entre Servette, Neuchâtel, Sion ou nous, je ne pense pas que la différence soit si importante que certaines veulent bien le relever. Il faut que nous puissions nous établir en Super League pour qu’il termine leur formation chez nous. Ce que nous essayons.

CC: Je rejoins entièrement Alain quand il parle de l’arbitrage, je dirais même qu’on nous donne seize arbitres romands plutôt que quinze. Par rapport à la saison en cours, ce constat d’infériorité des Romands intervient bien trop tôt. Maintenant, il faut arrêter de tenir des théories par rapport à la formation qui serait moins performante en Romandie.

Dans le dernier mois, j’ai vu Lacroix, qui a fait ses débuts à Lausanne avant de grandir chez nous, jouer contre Neymar avec Saint-Etienne. Edimilson Fernandes, garçon de Fully, jouer contre Manchester United ou Akolo, formé chez nous, marquer contre Brême sous le maillot de Stuttgart. On peut ajouter Sierro qui se blesse contre Dortmund ou Gelson à Francfort.

 

Leur fonctionnement

Christian Constantin pourrait-il adopter le mode de gestion d’un club d’Alain Joseph et inversement?

CC: Alain applique une approche de gestionnaire alors que je suis bien plus dans l’émotionnel. Il peut supporter de vivre avec une saison où tu dis Lausanne sera-t-il relégué ou non. Il peut vivre avec une élimination en coupe à Köniz. Moi, j’ai plus d’exigences de résultats pour ramener des trophées. Chaque deux ou trois ans, quelque chose doit faire évoluer le palmarès du club. Sur les dix dernières années, nous jouons cinq finales de coupe avec quatre victoires.

Les caractéristiques des Vaudois ne sont pas les mêmes que celles des Valaisans. Faire des choses contrenature est toujours voué à l’échec. Je ne ferais jamais du Vaudois, je suis profondément valaisan. On met la même énergie pour notre engagement comme les vignerons vaudois et valaisans pour leurs pinards. On devrait peut-être mélanger les pinards. De toute manière, nous n’avons déjà pas la même religion. Alain a convoqué un point presse pour confirmer son entraîneur, il crie sur les arbitres, c’est lui qui devient valaisan.

 

 

AJ: Convoquer un point presse il y a trois semaines pour confirmer Fabio Celestini ne répondait pas à une volonté de faire du Constantin. Les journalistes ne cessaient pas de m’appeler toutes les heures pour connaître ma décision par rapport à l’entraîneur et j’ai simplement décidé de communiquer en les réunissant tous.

Quant à la gestion de nos clubs respectifs, elles naissent aussi de nos personnalités différentes. Si on va plus loin dans nos vies, on peut comprendre pourquoi les entraîneurs restent plus longtemps chez moi. Je ne suis pas un homme de changement. Ma base de travail est la continuité. Christian est extraordinaire, je suis ordinaire, Mais j’ai le courage d’être président de club. Il m’arrive aussi d’avoir mal au ventre par rapport au foot. Amener des gens au stade, trouver des soutiens pour faire vivre le club, ce sont mes trophées.

Je n’envie pas son palmarès. Je ne me pose pas la question de savoir si je voulais être beau comme une autre personne. Comme je ne me suis pas posé la question d’être président d’un club.

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