Même si sa communication est parfois désastreuse, même si son palmarès souffre de la comparaison avec celui de son prédécesseur et même s’il a perdu un titre en 2010 à la tête des Young Boys malgré un avantage de 13 points, le débat est clos. Vladimir Petkovic est bien le plus grand sélectionneur de l’histoire du football suisse.
Désormais, il convient de lui vouer une reconnaissance éternelle. Malgré toutes les réserves qu’il pouvait susciter, malgré une année 2020 sans victoire et malgré le naufrage de Rome du 16 juin contre l’Italie dans le cadre de cet Euro, le Tessinois a toujours gardé la foi. Il était convaincu de pouvoir effectivement écrire l’histoire.
Lundi soir à Bucarest, il l’a fait de la plus merveilleuse des manières. N’a-t-il pas gagné magistralement le duel tactique qui l’a opposé à Didier Deschamps, le sélectionneur que l’on pensait ne jamais voir pris en défaut? N’a-t-il pas forcé la décision grâce à son coaching gagnant? Qui aurait pu imaginer une seule seconde que les apports de Ruben Vargas et de Christian Fassnacht allaient permettre à la Suisse de terrasser les Champions du monde?
Le salut par le jeu et uniquement par le jeu
«Nous voulions jusqu’à la fin nous en sortir par le jeu. Je sentais que mes joueurs avaient encore de la réserve, sans doute davantage que les Français», souligne le Mister. Aidée par la réussite – on songe à la frappe de Kingsley Coman sur le poteau à la dernière seconde du temps réglementaire – réussite qui avait fui son équipe il y a cinq ans à Saint-Etienne contre la Pologne en raison de la maladresse d’Eren Derdiyok, la Suisse est restée fidèle à ses principes de jeu tout au long des 120 minutes de ce 8e de finale.
C’est ce qui rend cette victoire bien plus belle que celle du 16 juin 2010 de Durban face à l’Espagne où la Suisse n’avait fait que subir. A Bucarest, elle a regardé les Champions du monde les yeux dans les yeux pour cueillir ce succès aux tirs au but qui ne doit strictement rien au hasard.
«Parfaitement disposée»
«L’équipe a été parfaitement disposée sur le terrain par Vladimir Petkovic, reconnaît ainsi Ottmar Hitzfeld, le vainqueur de Durban. Son coaching fut, par ailleurs, décisif.» La couronne de louanges tressée par son prédécesseur lui ira droit au coeur. Pendant des années, le Tessinois a souffert de l’ombre de l’Allemand qui était considéré comme une véritable icône par la presse alémanique.
De l’autre côté de la Sarine, Vladimir Petkovic ne bénéficiait pas jusqu’à lundi d’une très grande cote d’amour non plus. Son refus de s’exprimer en français, qu’il comprend pourtant, l’a desservi. Son choix de bâtir depuis deux matches une équipe sans un seul Romand dans le onze de départ peut-être aussi.
Le plus grand sélectionneur de l’histoire du football suisse doit maintenant relever un autre défi: battre l’Espagne vendredi à Saint-Pétersbourg pour se hisser dans le dernier carré de l’Euro. Il devra le réussir sans le concours de son capitaine Granit Xhaka, suspendu.
«J’ai confiance, assure Ottmar Hitzfeld. La grande force de Vladimir Petkovic est de parvenir à faire jouer son équipe comme il se doit indépendamment des blessés ou des suspendus.» La désormais très belle histoire de cette équipe de Suisse de Vladimir Pektovic nous rappelle d’ailleurs qu’elle avait battu le Portugal 2-0 en septembre 2016 à Bâle sans le concours de Xherdan Shaqiri.