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Cantonales Valais 2017: 45% de participation le 5 mars, pourquoi le Chablais ne vote pas?

Avec 45% d’électeurs ayant usés de leur droit de vote au premier tour, le district de Monthey s’est une nouvelle fois distingué par rapport au reste du Valais et ses 58 % de participation. Et cela fait plusieurs décennies que cela dure... Pourquoi le Chablais ne vote pas? Décryptage en cinq points avec Claude Défago et Philippe Bender.

17 mars 2017, 15:43
/ Màj. le 17 mars 2017 à 17:30
Vue générale du Chablais qui affiche un taux de participation nettement inférieure à celui du Canton pour les élections 2017.

Depuis plusieurs décennies, le district de Monthey est celui qui enregistre le taux de participation le plus bas à l’occasion des élections. Après les Communales 2016, le premier tour des Cantonales 2017 n’a pas échappé à la coutume (45% contre 58% au niveau cantonal). "Toutefois, il ne faut pas parler de concentrations de fainéants", lâche, hilare, le politologue Philippe Bender.

 

1. Le sentiment de ne pas être concerné

Pour l’ancien directeur et rédacteur en chef de Radio Chablais, Claude Défago, "le Chablais ne se sent pas concerné par cette élection au Conseil d’Etat. Toute la campagne du PLR s’est faite autour de Frédéric Favre, alors, qu’à la base, Claude Pottier devait partir seul sur la liste. Ensuite, médiatiquement, Oskar Freysinger, Stéphane Rossini et Christophe Darbellay ont focalisé toute l’attention."

>Lire aussi: Claude Pottier et René Constantin pas sur la même longueur d'onde

 

2. Une mentalité proche de l'agglomération Lémanique

"Historiquement, la région s’est toujours sentie à l’écart du grand jeu politique valaisan", poursuit Claude Défago. "Les bagarres, on les vit de manière édulcorée chez nous. Un peu comme les combats de reine, on ne se sent pas trop concernés. Dans le Chablais, on a davantage une mentalité proche de la grande agglomération lémanique que valaisanne." Avec des taux de participations souvent situés aux alentours de 35-40%.

>Lire aussi: les résultats complet du district au premier tour pour le Conseil d'Etat

 

3. L'impact de l'immigration confédérée

Selon Philippe Bender, la question de l’immigration confédérée explique ce taux de participation historiquement inférieur à la moyenne cantonale. "La région compte une forte implantation vaudoise et neuchâteloise", détaile l’habitant de Fully. Des cantons où la donne politique est fort différente avec des majorités de gauche (villes, cantons) et un PDC quasi inexistant. L’inverse du Valais.

 

4. Un plus grand choix de parti

Autre élément selon Bender: "Le Chablais compte désormais cinq forces politiques représentées au parlement (PDC, PLR, ADG, UDC, Verts). Paradoxalement, cela a tendance à réduire le nombre de votants. Encore aujourd’hui, dans les communes où le bipartisme perdure (Orsières par exemple) le taux de participation reste supérieur à la moyenne."

 

5. Une question d'intégration

Philippe Bender ajoute: "Si la personne ne se sent pas complètement intégrée, elle ne votera ni sur le plan communal ni cantonal mais uniquement au niveau national (élections, votations). Elle abandonnera derechef la gestion du ménage communal aux gens du lieux. Le Chablais est une terre d’ouvriers et de plus en plus de retraités dans laquelle on peut très bien vivre, sans s’intégrer."

 

 

Les autres facteurs qui influencent la participation au Chablais et ailleurs

Plus basiquement, l’importance de l’enjeu, la personnalité des candidats, le niveau de vie de la population – plus son instruction est élevée, plus celle-ci génère de votants -, et son côté individualiste jouent également un rôle sur la participation à une élection. 

"L’introduction du droit de vote des femmes en Valais en 1971 a augmenté le nombre de votants mais fait baisser son pourcentage global", rappelle encore Philippe Bender. Reste la diversité territoriale. Pour des questions historiques et/ou familiales, on élit davantage dans la Vallée d’Illiez – plus conservatrice - que dans la plaine chablaisienne, alors que toutes ces communes forment le district de Monthey.

 

Conclusion: un siège fixe au Conseil d’Etat comme solution ?

Pour Claude Défago, l’idée de garantir un siège au Chablais n’a rien de saugrenue. "On ne va tout de même pas commencer à s’aimer politiquement alors que l’on s’est toujours combattu au football ou au hockey sur glace avec le gens de Martigny", glisse-t-il, un sourire aux lèvres. Une constituante pourrait permettre de réfléchir à la question.

Depuis 1927, le Chablais n’a eu que cinq conseillers d’Etat : Edmond Delacoste, Marcel Grau, Raymond Deferr, Jean-Jacques Rey-Bellet et Claude Roch. "Corollaire : le Chablais se perçoit comme un parent pauvre et…vote moins", analyse le politologue Philippe Bender. "Mis à part Yannick Buttet ou Frédéric Borloz, la région manque également de politiciens charismatiques comme l’ont été par le passé Jacques Martin, Charles Reitzel ou Bernard Dupont."

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