Le monde d’après, dit-on, ne sera plus jamais comme celui d’avant. Sans doute. Mais quel sera-t-il? Dans quel monde voulons-nous vivre et surtout, de quel monde ne voulons-nous pas?
Malgré de beaux plans largement restés au stade littéraire, notre pays a été surpris comme d’autres par ce virus venu de Chine dont l’existence, au départ, a été cachée et dont les signes n’ont pas été pris au sérieux à temps. Il a été saisi par la peur, par la panique même. La peur. C’est le premier ingrédient. Quand on a peur, on est plus malléable.
La peur a été entretenue par les médias. Depuis plus de deux mois, à la télévision, à la radio, dans nos journaux, partout on ne parle presque plus que de ce virus qui hante nos pensées et nos conversations. On en vient presque à oublier que la Terre continue à tourner, avec son cortège d’autres sujets d’intérêt que ce satané virus. Ceux qui essaient de faire entendre une autre voix, d’un professeur marseillais à ceux que l’on (dis)qualifie commodément de «complotistes», on les brûle comme des hérétiques sur le bûcher moderne des médias. Cette peur, elle fait long feu, on le voit dans la timide reprise de fréquentation de nos bistrots.
Sous l’empire de la peur et de l’incertitude, pour combattre la propagation d’un virus dont on ne savait presque rien, on a ordonné le confinement: école, travail, apéro, presque tout à domicile. C’est le deuxième ingrédient: l’isolement, un isolement encore renforcé par l’instauration de ces gestes si bien nommés barrières, un isolement qui détruit insidieusement ce bien si précieux qu’est le lien social. Quand on a peur et qu’on est isolé, on est plus malléable.
A ceux qui ont peur et qui sont isolés, on essaie maintenant de faire passer, sous les oripeaux séduisants de la technique (juste une petite app pour votre santé…), le troisième ingrédient, l’estocade en quelque sorte: la surveillance électronique de masse. On a commencé par les données de localisation Swisscom. Nous voici bientôt à ce que d’aucuns ont appelé la GestapoApp, d’abord facultative et pourquoi pas un jour obligatoire. On essaie de nous «fliquer» au bistrot, bientôt à l’église. Ça va s’arrêter où? Les «résistants» deviendront-ils des citoyens de seconde zone?
Non, décidément, je ne rêve pas d’un monde dans lequel Big Brother nous regardera où que nous soyons, quoi que nous fassions. Je rêve au contraire de pouvoir continuer à sentir ce vent de liberté qui souffle sur nos sommets, dans nos vallées, dans notre plaine.
Et vous?