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Mobilité: le coronavirus redistribue les cartes dans les transports

Par crainte de la transmission du virus, les Suisses ont moins utilisé les transports en commun. Et pourraient continuer de le faire à l’avenir, en privilégiant les déplacements à pied, à vélo, en trottinette électrique ou en utilisant l’autopartage.

01 juil. 2020, 10:26
Les Suisses pourraient utiliser plus Mobility durant leurs vacances. (Illustration)

Face à la désaffection des transports en commun durant la pandémie, d’autres moyens de transport ont gagné du terrain. A vélo, en voiture ou à pied, les Suisses ont cherché des moyens individuels lors de leurs déplacements pour le travail ou les loisirs. Le changement pourrait durablement affecter le secteur des transports publics.

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La réaction au défi sanitaire a été rapide, à en croire les résultats d’une étude de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), qui a analysé les déplacements de plusieurs milliers de personnes. «Les participants se sont principalement tournés vers la voiture, si le trajet était nécessaire, et vers le travail à domicile», note Christopher Tchervenkov, co-auteur de l’étude. «L’utilisation des transports publics a diminué de façon spectaculaire et celle du vélo a augmenté», ajoute-t-il.

Une situation également constatée par l’Union des transports publics, secteur qui a essuyé un manque à gagner de deux tiers entre mars et mai en raison des mesures de lutte contre la pandémie. Au premier trimestre, le nombre de personnes-kilomètres a chuté de 9,9% à 4,61 milliards.

Nous devons aussi regagner la confiance des voyageurs.
Bruno Galliker, porte-parole de l’Alliance Swisspass

La branche espère toutefois se redresser. «On a pu constater que dans les agglomérations, on est presque revenu au niveau d’avant la pandémie mais pour les longues distances, il faudra probablement plusieurs années pour un complet rétablissement», remarque Bruno Galliker, porte-parole de la faîtière.

«La fréquentation dépendra notamment des comportements face au télétravail, mais nous devons aussi regagner la confiance des voyageurs». Une campagne a été lancée pour encourager à reprendre les transports en commun et l’Alliance Swisspass, qui regroupe la quasi-totalité des entreprises de transport du pays, a lancé plusieurs offres pour attirer à nouveau la clientèle. De plus, aucune hausse de tarifs n’est prévue pour 2021.

Gagnants et perdants de la crise

La recherche d’alternatives aux transports publics a déjà eu des effets dans plusieurs secteurs, à l’instar de la mobilité électrique. Chez Digitec Galaxus, les ventes de trottinettes électriques ont triplé entre janvier et juin par rapport à la même période un an plus tôt.

De son côté, le marché des véhicules d’occasion a mieux résisté que le neuf et certaines plateformes, comme Autoscout24 ont constaté des prix moyens plus élevés dans les annonces. Une tendance amenée à persister, selon la société spécialisée Auto-i-Dat, en particulier dans les segments de prix inférieurs, compte tenu également des difficultés de livraison des voitures neuves. Plus le marché des voitures neuves mettra du temps à redémarrer, moins il y aura de nouvelles voitures d’occasion sur le marché, ce qui là encore devrait se traduire par une hausse des prix.

Le spécialiste de l’autopartage Mobility pourrait également tirer son épingle du jeu: «Comme beaucoup de Suisses et Suissesses passeront leurs vacances en Suisse, ils utiliseront également plus Mobility pour leurs loisirs», indique à AWP Stéphanie Gonzalez, responsable produit et porte-parole de la société. Elle espère que pour la clientèle privée, le niveau de l’avant-épidémie sera «très prochainement» atteint. Cela devrait prendra plus de temps pour la clientèle entreprises.

La question est de savoir ce qui se passera à partir de septembre.
Christopher Tchervenkov, chercheur de l’EPFZ

L’autopartage peut être «une option temporaire bonne et sensée», relève Mme Gonzalez, qui indique qu’au mois de juin, de nouveaux clients ont opté pour les services de la plateforme. Mais il est «important que les gens reprennent confiance rapidement aux transports publics», Mobility étant complémentaire. D’après ses données, 92% de ses clients privés détiennent un abonnement de transports publics, contre 57% pour la population dans son ensemble.

Les effets de l’épidémie sur le long terme restent toutefois difficiles à prévoir. «La question est de savoir ce qui se passera à partir de septembre, lorsque les écoles rouvriront et que les entreprises reprendront pleinement leurs activités», s’interroge le chercheur de l’EPFZ.

«Si nous ne revenons pas aux trains, tramways et bus, efficaces en termes d’espace, et si nous continuons à opter pour nos véhicules privés, alors la vitesse sur les routes diminuera probablement davantage et la congestion routière s’accentuera. Les réseaux routiers de nos villes ne sont simplement pas conçus pour faire face à cela», prévient-il.

Par Ophélie Lasnier, AWP

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