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Les cabanes ont pu rouvrir depuis plus d’un mois. Reportage à Rambert, au-dessus d’Ovronnaz.

Les cabanes, ce sont par définition des espaces réduits et des randonneurs qui vivent dans une vraie promiscuité. Malgré la crise du coronavirus, elles ont pu rouvrir leurs portes et mettent tout en œuvre pour protéger clients et personnel. Exemple à Rambert, sur les hauts d’Ovronnaz.

21 juin 2020, 16:37
Comme les distances ne peuvent pas être respectées dans la cabane, les tables sont séparées par des panneaux en bois.

Perchée au-dessus d’Ovronnaz, la cabane Rambert a officiellement ouvert la saison samedi. Que du bonheur pour la gardienne et ses clients, tous plus ravis les uns que les autres de profiter du grand air, de fondues et de tartes maison.

Depuis l’alpage de Chamosentse, le panneau jaune annonce 1 h 55. Plusieurs voitures sont déjà garées le long de la route et, au loin, on distingue de petits points colorés avancer sur la roche puis disparaître derrière un raidillon enneigé.

Un névé s’étale sur les deux tiers du chemin qui mène au refuge. L’hiver s’accroche encore un peu, mais pas de quoi effrayer les randonneurs prêts à suivre les marques blanches-rouges-blanches jusqu’au bout du monde qui porte, ce jour-là, le nom de cabane Rambert.

 

«Cette année, il y a beaucoup moins de neige que d’habitude. Les chemins d’accès sont vraiment praticables», assure la gardienne Sandrine Zweili, satisfaite d’avoir pu ouvrir la cabane, qui appartient à la section des Diablerets du Club alpin suisse, malgré les circonstances liées à la crise du coronavirus.

C’est qu’il lui a fallu plusieurs mois pour tout préparer avec les contraintes imposées. «Un défi», glisse-t-elle, «mais maintenant, je me sens prête pour accueillir les gens».

Promeneurs et bouquetins au soleil

Les promeneurs, qui profitent de la chaleur sur la terrasse de la cabane, perchée à 2582 mètres, cherchent leurs jumelles avec excitation. Un groupe de bouquetins, lui aussi bien posé au soleil, a été aperçu sur une arête qui fait face au refuge.

 

«On ne s’en lasse jamais», confie un habitué de ce parcours, sur le point de redescendre. C’est la première fois de la saison qu’il monte «et ça fait un bien fou». Non loin, Christophe et Norman, un père et son fils habitant Delémont, abondent. «C’est la première cabane de l’été, mais certainement pas la dernière.»

Les cabanes de montagne s’apparentent à un service public, estime Sandrine Zweili, 32 ans, qui gère celle-ci depuis deux ans. «On se doit d’ouvrir.» D’autant que cette année, elle a reçu davantage de messages de réjouissance et les réservations en ligne se multiplient. «Les gens ont hâte d’aller en montagne, de découvrir ou de redécouvrir la Suisse.»

Une quarantaine de dormeurs

Dans les dortoirs, c’est compliqué de pouvoir garder cette distance de 2 mètres entre les lits, note Sandrine Zweili. Elle ne peut mettre que deux groupes par chambre. Son taux de remplissage dépend donc non seulement du nombre de personnes mais surtout du nombre de groupes qui s’enregistrent. Ce soir, elle est chanceuse, chaque groupe fait la taille de sa chambre.

 

Une quarantaine de personnes dormiront dans la cabane qui affiche presque complet, dont deux familles avec jeunes enfants qui occupent la chambre Grand Muveran. «La montée, c’est allé», souffle l’un des garçons. Mais c’est surtout de la descente en glissant que se réjouit toute la petite troupe qui a emprunté le chemin depuis le télésiège qui relie Ovronnaz aux Jorasses.

Certes, ce premier week-end ensoleillé a attiré les marcheurs, mais à la cabane Rambert, ce n’est pas la météo qui fait la pluie et le beau temps. «Il y a toujours du monde qui va monter», affirme Sandrine Zweili. En période de moindre affluence, on prépare tout ce qui peut l’être. Pas question par exemple de se retrouver sans gâteaux faits maison. «C’est quelque chose d’inenvisageable.»

L’amour de la fondue

La crise sanitaire n’est pas vraiment abordée par les clients. «Les seules demandes liées aux mesures mises en place sont venues d’accompagnateurs qui amènent des groupes et qui doivent être sûrs que tout a été fait dans les règles de l’art», souligne la gardienne.

«On ne se fait pas la bise, mais on partage une fondue», résume en riant un groupe franco-vaudois attablé devant un caquelon dont on voit déjà le fond. «Ces moments de convivialité nous avaient manqué», ajoutent les mangeurs, un sourire jusqu’aux oreilles, un verre de petite arvine à la main. La fondue, c’est décidément plus fort que le coronavirus.

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