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Eric Bonvin: «Un changement sociétal est nécessaire pour prévenir de nouvelles crises sanitaires»

Pendant presque deux mois, Eric Bonvin a répondu aux questions de nos lectrices et lecteurs. D’abord quotidiennement, puis deux fois par semaine. On termine cette série créée dans l’urgence au début de la pandémie avec une interview «tac au tac».

08 mai 2020, 05:30
Eric Bonvin, directeur général de l’Hôpital du Valais, a répondu aux lectrices et aux lecteurs du «Nouvelliste» pendant  près de deux mois.

Le moment le plus difficile de ces deux mois?

Les deux premières semaines, lorsque le nombre de personnes atteintes par les complications du coronavirus augmentait et que nous étions confrontés à une pénurie de matériel de protection. Mais heureusement, nos équipes logistiques ont fait un magnifique travail.

Et le plus fort?

Dans ce même moment, en vivant la mobilisation immédiate et l’engagement sans faille de nos collaboratrices et collaborateurs pour faire face à la montée en puissance de la pandémie. Grâce à eux, notre système a tenu et nous leur en sommes tous extrêmement reconnaissants.

Tous ensemble, nous sommes capables d’accomplir de grands changements en peu de temps.

La décision la plus compliquée?

Durant les moments les plus critiques il a fallu répondre à deux attentes apparemment inconciliables. D’un côté les professionnels au front, dérangés par la trop grande pression médiatique qui pesait sur eux et rendait leur tâche encore plus difficile, de l’autre, le besoin légitime de la population qui, effrayée par les images qui lui provenaient d’Italie, puis de France, craignait que le Valais ne vive le même enfer.

Votre plus grand doute?

Je me demande si notre système sanitaire est réellement prêt à faire face aux défis qui nous attendent durant les prochaines décennies. En effet, nous savons que de tels fléaux, qui ont pourtant été annoncés depuis de nombreuses années par la communauté scientifique, vont se succéder à un rythme grandissant dans un avenir proche.

La principale leçon à retenir?

Tous ensemble, nous sommes capables d’accomplir de grands changements en peu de temps. Il est primordial de nous en souvenir dans ces temps incertains vers lesquels nous nous dirigeons.

L’affirmation scientifique qui vous a le plus rassuré?

Qu’en respectant les règles d’hygiène et de distance interpersonnelle, il est possible pour chacune et chacun de freiner cette pandémie.

Et celle qui vous a le plus compliqué la tâche?

Les affirmations scientistes aussi nombreuses que contradictoires et ne s’appuyant sur aucune preuve scientifique avérée. Cette désinformation est très déstabilisante pour tout un chacun.

L’explication la moins compréhensible pour la population?

Cela reste la meilleure façon d’utiliser un masque ainsi que ses effets.

Hors de chez moi, je me lave les mains entre dix et quinze fois par jour

La question des lecteurs qui vous a le plus touché?

Celles qui concernaient la distance interpersonnelle dans le cercle familial ou amical, en particulier entre les grands-parents et leurs petits-enfants. Continuer de prescrire une distance protectrice peu paraître sévère, mais pourtant nécessaire car il ne faut pas oublier que le virus est indifférent aux émotions.

Celle à laquelle vous ne pouvez pas répondre encore aujourd’hui?

D’où vient le virus, que fait-il et où allons-nous. La seule certitude est que nous ne savons pas encore grand-chose sur ce virus. En revanche, nous savons qu’un changement sociétal est nécessaire pour prévenir de nouvelles crises sanitaires et nous savons aussi que nous en sommes capables.

Portez-vous souvent un masque?

Uniquement lorsque la distance interpersonnelle n’est pas suffisante, afin de protéger la personne en face de moi, notamment celles qui ont repris leur travail.

Combien de fois par jour vous lavez-vous les mains?

Hors de chez moi, dix à quinze fois… Il est difficile de donner un nombre exact, mais mieux vaut être trop prudent que pas assez.

Irez-vous manger au restaurant la semaine prochaine?

Ma femme et moi avons beaucoup de chance car nos filles sont très bonnes cuisinières… Mais nous irons certainement leur offrir un bon repas au restaurant, pour autant que l’on trouve de la place.

Le déconfinement à partir du 11 mai vous fait-il peur en matière de santé publique?

Non, cela ne m’inspire pas de la peur car j’ai vu à quel point la population valaisanne sait agir de façon responsable. Comme le disait récemment le président allemand, ce virus n’appelle pas à une guerre mais à un exercice d’humanité.
 

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