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Eric Bonvin: «La première personne hospitalisée en soins intensifs pour le coronavirus a pu rentrer chez elle»

Répondant à vos questions désormais deux fois par semaine, Eric Bonvin évoque les mesures de déconfinement pour l'hôpital et les personnes à risque. Prochain rendez-vous mardi.

23 avr. 2020, 21:18
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais:  "Swissmedic estime qu'il faut entre huit et quatorze mois pour qu'un vaccin puisse être officiellement reconnu et donc utilisé."

Eric Bonvin, depuis quelques jours, les hospitalisations concernant le Covid-19 sont stables? 

Oui, nous avons aujourd’hui 64 patients hospitalisés chez nous dont 10 aux soins intensifs. Sur les 343 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 27 ont pu quitter les soins intensifs et 209 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux. Une bonne nouvelle également avec le retour à son domicile de la première personne atteinte par le coronavirus qui était hospitalisée dans nos soins intensifs. 

En savoir plus: Le bilan du jour

L’activité de l’hôpital va reprendre, mais il ne faut pas s’attendre à retrouver le «monde d’avant» dès lundi.

Cette stabilité vous permettra-t-elle de reprendre une activité normale dès le 27 avril ou devez-vous encore la restreindre quelque peu?

L’activité va certes reprendre, mais il ne faut pas s’attendre à retrouver le «monde d’avant» dès lundi. La reprise sera limitée, progressive et se fera selon des critères de précaution qui limiteront quoi qu’il en soit les capacités ordinaires de l’hôpital. En effet, d’importantes mesures de limitation du nombre de patients présents en même temps à l’hôpital et dans les consultations devront être prises pour assurer la sécurité de chacun. Les flux de patients Covid et non Covid seront bien sûr séparés et il s’agira de redoubler d’attention en ce qui concerne les mesures habituelles d’hygiène des mains, de port des masques auxquelles s’ajoutera celle de la distance sociale à chaque fois que cela est possible.

Mardi, des chercheurs de l’Université de Berne ont affirmé pouvoir présenter un vaccin d’ici à octobre. Pensez-vous que cela soit vraiment réaliste? Et lorsqu’un vaccin fiable sera sur le marché, doit-on ne vacciner que la population à risque ou toute la population? 

Les chercheurs semblent optimistes, mais selon Swissmedic – l’organe national responsable de l’approbation et de la supervision des produits thérapeutiques –, il faut compter de manière réaliste de huit à quatorze mois avant d’avoir un vaccin contre le nouveau coronavirus SARS-CoV-2. Pour ce qui est des personnes à vacciner ou vaccinées, plus leur nombre est élevé, moins il y a de risque d’épidémie. Car si le vaccin permet de se protéger soi-même, il prévient aussi la transmission de l’agent pathogène à autrui. C’est pourquoi il ne faudrait pas se limiter aux personnes à risque pour venir à bout du virus. Mais cela dépendra également de la disponibilité du nombre de vaccins qui exigera certainement de les administrer par étapes successives en privilégiant les professionnels des services de santé et d’utilité publique puis les personnes à risque et enfin la population générale.

En savoir plus: Un vaccin suisse bientôt prêt?

La majorité des questions qui nous sont parvenues depuis mardi concerne le déconfinement, les personnes à risque et leur entourage qui se montrent assez inquiets. Une personne à risque doit-elle porter constamment le masque? Et son entourage direct?

Une personne à risque reste vulnérable et elle doit se protéger autant qu’être protégée. Le maintien des règles d’hygiène et de distance est aujourd’hui plus important que jamais pour pouvoir alléger les règles de confinement dans certains secteurs d’activité. Les relâcher ou les supprimer totalement ne pourrait que conduire à une nouvelle flambée épidémique. Cette vigilance est nécessaire tant pour les personnes à risque que pour leur entourage.

Faut-il encore plus isoler qu’aujourd’hui une personne à risque, notamment au sein d’une famille qui va retrouver le travail le 27 avril ou l’école le 11 mai?

Cela reste un problème délicat pour lequel des recommandations sont en voie d’élaboration. Le principe de précaution reste de mise et il convient de discuter de chaque situation avec le médecin traitant de la personne à risque et les autorités scolaires de l’enfant. 

Si l’employeur ne peut assurer le respect strict des mesures d’hygiène et de conduite, une personne à risque ne devrait pas être astreinte à se rendre sur son lieu de travail.

Une personne à risque qui veut retrouver son travail ou sa formation peut-elle réellement le faire?

Comme pour les personnes qui ont dû poursuivre leur travail jusqu’à présent, les employeurs doivent offrir la possibilité aux personnes vulnérables présentant un certificat médical de travailler à leur domicile en prenant les mesures organisationnelles et techniques correspondantes. Si la personne vulnérable ne peut travailler que sur place, les employeurs doivent garantir que les mesures d’hygiène et de conduite recommandées peuvent être respectées. Là aussi, ils doivent prendre les dispositions organisationnelles et techniques appropriées. Dans le cas contraire, une personne à risque ne devrait pas être astreinte à se rendre sur son lieu de travail. 

Aujourd’hui, des familles se disent prêtes à revoir leur parent en EMS et à prendre un petit risque de contamination. Elles sont même prêtes à signer un document pour permettre le retour des visites en EMS. Quelle réponse médicale faut-il apporter à cette question de dimension éthique qui se posera de plus en plus?

Le risque de contamination ne se pose pas forcément de la personne en EMS vers ses visiteurs, mais plutôt à l’inverse. Ce sont les gens de l’extérieur qui risquent de propager le virus dans des établissements où séjournent de nombreuses personnes vulnérables. Mais c’est effectivement une question difficile à laquelle les mesures et les aménagements proposés dans les EMS, sous la forme d’un plan de précaution, devraient permettre de répondre de la manière la plus adaptée possible. 

Si une personne veut refaire du vélo, elle peut, mais je lui conseillerais cependant de le faire seule ou avec une personne vivant sous le même toit.

Au début mai, les sports individuels ou qui se pratiquent à moins de cinq sans contact et en plein air seront autorisés. Un lecteur amoureux de vélo qui ne l’a pas touché depuis un mois pour ne pas potentiellement engorger les hôpitaux peut-il de nouveau le faire?

Oui, mais évidemment avec toute la prudence requise, car un séjour à l’hôpital n’est jamais souhaitable, même en temps normal. Je lui conseillerais cependant de pratiquer son sport seul ou avec une personne vivant sous le même toit en évitant toute situation à risque.

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions existent aussi sur le site www.hopitalvs.ch

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