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«En Valais, 47% des postes de travail se trouvent dans les secteurs les plus touchés par la crise»

Le directeur d’UBS Valais, Iwan Willisch, craint que le canton doive faire face à un certain nombre de faillites. Il voit aussi des signes positifs, notamment dans le secteur de la construction.

04 mai 2020, 17:00
Iwan Willisch, directeur régional d'UBS Valais, analyse l'impact du coronavirus sur sa banque et sur l'économie valaisanne.

Au moment où UBS annonce une hausse spectaculaire de son bénéfice au premier trimestre, en pleine crise du coronavirus, Iwan Willisch, directeur régional d’UBS Valais, explique les raisons de cet apparent paradoxe. Il présente aussi les perspectives pour l’économie valaisanne.

 

Combien de prêts cautionnés par la Confédération UBS a-t-elle octroyé à ses clients en Valais?

Nous avons dépassé les 1000 demandes, pour un montant d’environ 125 millions.

Qu’est-ce que cela représente quantitativement par rapport à l’ensemble des activités de votre banque?

Cela correspond grosso modo à l’augmentation nette de nos crédits aux PME sur tout 2019.

C’est donc une opération très profitable pour votre banque? Combien allez-vous gagner avec ces prêts?

Nous n’allons pas gagner un franc. Nous nous sommes engagés à verser l’entier des éventuels bénéfices à un fonds d’entraide mis en place dans le cadre du Covid-19.

En revanche, cette opération a nécessité un grand engagement de nos collaborateurs. Pour apporter un soutien aux entreprises mises en difficulté par la crise sanitaire, il fallait aller vite, certaines devaient obtenir des liquidités pour faire les paiements indispensables à la fin du mois de mars. Sur le millier de dossiers reçus, quelque 30% étaient incomplets et nous avons dû prendre contact avec nos clients.

Pour le premier trimestre 2020, UBS a annoncé un bénéfice en augmentation de 40%, alors que le monde est en crise. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

Le bénéfice vient essentiellement de la gestion de fortune où UBS est leader mondial. Dans un contexte d’extrême volatilité des marchés, les clients ont procédé à de nombreuses opérations pour minimiser l’impact de la crise et cela se reflète dans nos résultats.

A lire aussi: Banques: UBS a dégagé un bénéfice net en hausse de 40% malgré le Covid-19

UBS va donc profiter de la crise?

Non, la période va être difficile pour tout le monde. Tout d’abord, l’intense activité que nous avons connue au niveau de la gestion de fortune en mars était liée à un moment particulier et nous allons retrouver un rythme normal. La baisse des cours des actions entraîne un recul des avoirs en dépôt chez nous. Et comme nous sommes le plus souvent rémunérés en pourcentage de ces valeurs, nous allons donc enregistrer un recul de nos commissions.

D’autre part, la crise actuelle nous impacte aussi. Ce premier trimestre, nous avons dû faire des provisions (74 millions au niveau suisse) sur des entreprises qui éprouvaient déjà des difficultés avant la crise du coronavirus. Nous risquons d’enregistrer des pertes sur nos débiteurs.

Nous devrons aussi faire face à un recul de l’activité au niveau de l’immobilier.

Vous pensez que le secteur immobilier sera affecté durablement par cette crise?

Il va y avoir un décalage dans le temps de l’activité. Par exemple, aujourd’hui le jeune couple qui a l’intention d’acheter un bien immobilier peut difficilement le visiter. Il va attendre un peu, mais le projet demeure. Il se concrétisera un peu plus tard. C’est ce qui nous fait penser que l’économie va reprendre assez rapidement. Nos économistes estiment qu’il y aura une reprise au deuxième semestre de cette année.

Quel sera l’impact de la crise du coronavirus sur l’économie valaisanne?

Nous risquons d’assister à un certain nombre de faillites. Les entreprises qui étaient déjà en difficulté avant la crise risquent de ne pas survivre. Il y aura probablement un changement structurel dans le commerce de détail et dans le tourisme.

En Valais, 47% des postes de travail se trouvent dans les secteurs qui sont le plus touchés par la crise. Cela représente 64 000 emplois.

Il y a toutefois des éléments positifs qui nuancent un peu cette situation. En effet, la crise a éclaté alors que l’excellente saison d’hiver était presque à son terme. On peut espérer que, si la situation se détend sur le plan sanitaire, les Suisses viendront plus nombreux passer leurs vacances d’été en Valais, ce qui permettra de limiter les dégâts.

Dans le domaine de la construction, je constate que les entreprises fonctionnent et qu’elles ont assez de travail, même si elles ont baissé un peu en efficience du fait des mesures sanitaires. Enfin, l’un des points forts de l’économie valaisanne, c’est la pharma et ce secteur va très bien résister.

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