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Coronavirus: "un pilote dans l'avion". Par Fernand Mariétan

Une douzaine de personnalités issues de générations, de milieux socio-professionnels différents livrent pour "Le Nouvelliste" leurs pensées sur l’impact social de l’expérience collective que nous vivons tous, et sur le temps d’après, quand la vie reprendra, sans doute différemment d’avant.

24 avr. 2020, 16:48
Fernand Mariétan, ancien Conseiller national et chroniqueur du Nouvelliste.

Elle dit tout, l’heureuse formule d’Alain Berset «… Nous souhaitons agir aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire.»
Un vrai exercice d’équilibrisme très fin entre urgence sanitaire et défi économique. Jusqu’à maintenant, les Suisses se sont montrés disciplinés en suivant les directives du Conseil fédéral. Il y a chez nous une propension culturelle au respect des consignes collectives. Logique dès lors de vouloir continuer à miser sur l’intelligence et le sens des responsabilités. La stratégie de notre gouvernement est à la fois prudente et courageuse, avec une prise de risque inévitable mais mesurée.

Il n’y a que quelques énergumènes refoulés crachant leur frustration sur les réseaux sociaux pour ne pas comprendre la complexité et la densité du moment que nous traversons. Des décisions inouïes ont été prises en quelques jours à une cadence bien peu helvétique, alors que l’on ne peut être sûr de rien. L’essence des crises étant par définition d’être imprévisible, leur gestion est nécessairement imparfaite. Mais cette crise aura également mis en exergue le rôle de l’Etat, seul à même de prendre soin de l’ensemble de la population, de protéger et de veiller à notre prospérité. L’Etat ça sert à ça, il ne s’est pas dérobé et – quoiqu’il advienne – il aura été à la hauteur de la situation.

 

«Des décisions inouïes ont été prises en quelques jours à une cadence bien peu helvétique.»
Fernand Mariétan, ancien conseiller national

 

Ceux qui en douteraient encore n’ont qu’à prendre l’exemple des leaders populistes, Trump (un canular démocrate disait-il il y a un mois…) Johnson ou le brésilien Bolsonaro adoptant une posture de déni face à l’épidémie avant de devoir se résoudre à prendre des mesures. En Suisse, on a un pilote dans l’avion.

Il y a toutefois une leçon à tirer – au-delà de la Suisse – de la polémique sur le manque de prévoyance en général et la pénurie de masques en particulier: c’est que nous n’apprenons rien du passé.

Lors du déclenchement de la pandémie grippale due au virus H1N1 en 2009, la France disposait d’un stock de plus d’un milliard de masques chirurgicaux. Une pluie de quolibets se sont ensuite abattus sur la ministre de la santé Roselyne Bachelot, accusée d’avoir surestimé le risque de cette «gripette». Et que dire du dernier rapport de l’OMS en 2018, des dernières évaluations et simulations pandémiques en France et aux USA qui remontent à l’année dernière et décrivent grosso modo le scénario que l’on vit. 

Au-delà de notre rapport à la politique, la crise du coronavirus aura en tout cas changé quelque chose; c’est le renversement des valeurs quand on découvre soudain que l’aide-soignante, la caissière de supermarché ou l’éboueur sont socialement plus utiles que certaines professions libérales ou que les footballeurs.

Fernand Mariétan, ancien Conseiller national, Monthey

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