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Coronavirus: «Si les hôpitaux ne sont pas surchargés, les soins intensifs le sont clairement»

En répondant à vos questions, Eric Bonvin évoque l’apparition de nouveaux symptômes potentiels liés au coronavirus, la crainte de certains d’une deuxième vague et des attitudes à adopter souvent humainement difficiles.

09 avr. 2020, 21:44
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Aujourd'hui, il faut toujours faire une pesée d'intérêts sur les risques que nous prenons notamment en matière de sortie sportive."

Eric Bonvin, comme chaque jour, quelle est la situation liée au coronavirus à l’Hôpital du Valais? 

Nous avons aujourd’hui 115 patients hospitalisés chez nous dont 23 aux soins intensifs. Sur les 304 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 10 ont pu quitter les soins intensifs et 134 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux. 

Il est normal qu’il y ait une mortalité plus importante à l’hôpital qu’à l’EMS. 

Le Valais compte désormais 73 décès, dont 39 à l’Hôpital du Valais et donc 34 en EMS. Cette proportion correspond-elle à celles des autres cantons suisses? Et quel premier enseignement faut-il en tirer?

Nous n’avons pour l’heure pas de données comparatives solides entre les cantons à propos des EMS. Ce que nous savons cependant, c’est que les EMS, quel que soit le canton, sont les lieux de résidence des personnes âgées qui sont à risque de développer des formes graves de la maladie du Covid-19. Il faut à ce titre saluer le travail admirable que fait le personnel des EMS dans la lutte contre les ravages de cette redoutable maladie, ils méritent notre admiration et notre reconnaissance. Il est par ailleurs normal qu’il y ait une mortalité plus importante à l’hôpital, sachant que ce sont les personnes âgées souffrant d’autres maladies graves, en plus du Covid-19, qui y sont accueillies et qui font également le plus de complications graves.

Certains hôpitaux, comme Rennaz, craignent une deuxième vague avec notamment une dégradation potentielle de la prise en charge du patient liée à la fatigue des équipes et une potentielle pénurie de moyens. Qu’en est-il pour l’Hôpital du Valais?

Cette crainte est évidemment partagée car l’hypothèse d’une deuxième vague reste probable. Les équipes engagées actuellement font un travail d’endurance admirable et il est évident que la fatigue devient un facteur important à prendre en compte. Nous sommes toujours engagés dans le même marathon, sans pour l’instant voir la ligne d’arrivée. La crainte d’une deuxième vague explique notamment la nécessité de maintenir aussi longtemps que nécessaire les mesures qui sont prises par nos autorités. Celles-ci ont très probablement permis d’éviter le pic fatal que connaissent actuellement de nombreux pays et d’étaler le phénomène pandémique dans la durée. Le temps venu, seule une sortie prudente et très progressive permettra également d’éviter le retour trop rapide d’une éventuelle seconde vague avec toutes les conséquences dramatiques qu’elle pourrait générer en termes d’épuisement des professionnels, des stocks de produits thérapeutiques et de matériel de protection. 

Il est encore trop tôt pour établir un lien entre ces signes cutanés et une évolution favorable ou défavorable de la maladie.

Plusieurs lectrices et lecteurs évoquent un nouveau symptôme en lien avec le Covid, à savoir un symptôme cutané qui pourrait toucher les enfants. Qu’en est-il exactement à ce sujet?

Des cas d’éruptions cutanées sur des patients atteints de Covid-19 et hospitalisés ont en effet été signalés par nos collègues italiens. Ce type d’éruption a déjà été observé lors d’autres infections virales et ne semble toutefois pas spécifique du coronavirus. Des phénomènes plus rares, comme des aspects d’engelures ou d’eczémas aigus et localisés aux extrémités ont également été rapportés, mais il est encore trop tôt pour établir un lien de cause à effet entre ces signes cutanés et une évolution favorable ou défavorable de la maladie. A ce stade, on ne peut pas non plus lier la présence de ces manifestations cutanées à une présence directe du virus dans la peau. Mais, comme cela fut le cas pour la perte de goût et d’odorat que l’on a découverte tardivement et qui figure désormais sur la liste des signes spécifiques du Covid-19 de l’OFSP, ces nouveaux signes dermatologiques seront minutieusement observés durant les prochaines semaines afin de savoir s’ils font effectivement partie de la signature du Covid-19.

Plusieurs amateurs de vélo nous demandent s’ils peuvent reprendre la pratique de leur sport en solitaire étant donné que les hôpitaux ne sont pas surchargés?

Si ces consignes sont strictement respectées, ces amateurs de vélo ne risquent certes pas de contamination, mais les événements imprévus pouvant survenir ne sont pas à sous-estimer et il faut les mettre en balance dans la pesée des risques, comme pour le monsieur qui se rend en voiture à son jardin et dont nous parlions hier. Si les hôpitaux ne sont globalement pas surchargés, les soins intensifs le sont clairement et il faut absolument éviter de les solliciter davantage par des situations évitables.

Certaines attitudes sont humainement difficiles à concevoir en temps normal, mais nous vivons une situation exceptionnelle qui exige des mesures d’exception.

Un lecteur n’a que ses grands-parents pour faire garder ses enfants. Jusqu’à l’arrivée d’un vaccin, doit-il trouver donc sur le moyen terme un autre moyen de garde pour ses enfants?

Comme ses grands-parents font certainement partie des catégories à risque, oui, il vaudrait mieux trouver une autre solution jusqu’à ce que des moyens de lutte efficaces contre ce coronavirus soient à disposition. Le respect des distances minimales et d’une hygiène irréprochable des mains semble en effet difficile à garantir lorsqu’il s’agit de garder des enfants. Cette attitude est certes humainement difficile à concevoir en temps normal, mais nous vivons une situation exceptionnelle qui exige des mesures d’exception afin de protéger de nombreuses personnes à risque.

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions sont aussi disponibles sur le site www.hopitalvs.ch/coronavirus

 

 

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