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Coronavirus: "que nos choix reflètent nos espoirs et non nos peurs". Par Steve Bobillier

«Le Nouvelliste» inaugure un nouveau rendez-vous hebdomadaire. Une douzaine de personnalités issues de générations, de milieux socio-professionnels différents livrent leurs pensées sur l’impact social de l’expérience collective que nous vivons tous, et sur le temps d’après, quand la vie reprendra, sans doute différemment d’avant.

21 avr. 2020, 12:00
Steve Bobilier, éthicien.

Deux mythes modernes s’effondrent. Premièrement, la médecine n’est pas toute-puissante. Nous ne sommes pas «maîtres et possesseurs» de la Nature, comme pensait Descartes. Certes, nous sommes mieux armés pour limiter les pandémies. Pour autant, la réalité ne change pas. Elle nous ramène à une vérité essentielle: toute vie est fragile et nous devons en prendre soin. Ce constat n’est aucunement une défaite de la médecine, bien au contraire. C’est l’occasion de comprendre que la vulnérabilité fait partie de l’essence de l’homme, raison pour laquelle nous avons besoin d’autrui.

Le deuxième mythe est celui de l’ultra-libéralisme, selon lequel l’individu serait libre de faire tout ce qu’il désire. Tout acte individuel a des répercussions sociales importantes. Cette situation nous a rappelé l’importance du vivre-ensemble et de l’entraide. Il ne s’agit pas d’opposer liberté et solidarité comme deux valeurs incompatibles, mais de saisir que notre liberté augmente, si on la met volontairement au service de la solidarité.

Dans notre société hyper-individualisée, plus que la fragilité de la vie, c’est de la fragilité de ces valeurs de solidarité, de bien commun et de soutien du plus vulnérable, dont il faut prendre conscience. L’histoire a montré que la sortie dépendra de l’entraide, de l’échange de connaissance, de l’esprit d’ouverture, de la volonté de prévention, mais que le danger de repli sur soi, au niveau individuel et politique, sera fortement présent.

 

Nous ne sortirons pas indemnes de cette crise. Nous devrons vivre avec nos cicatrices.
Steve Bobillier, éthicien

 

Nous ne sortirons pas indemnes de cette crise. Nous devrons vivre avec nos cicatrices. Mais cette pandémie peut être l’occasion de faire naître quelque chose de grand.

D’un point de vue individuel, si cette quarantaine est difficile à vivre pour tous, elle est l’occasion de repenser son mode de vie. La seule chose que nous pouvons changer dans cette situation est notre attitude. Dépasser nos peurs paniques, pour nous orienter vers nos espoirs. Profiter de découvrir un mode de vie plus simple, de saisir l’intérêt de l’ennui, qui ouvre à l’imagination, à l’émerveillement pour les petites choses. Profiter de la chance de jouer avec ses enfants, de parler avec son conjoint, de se retrouver.

D’un point de vue social, il s’agit de savoir si nous voulons continuer dans la surconsommation ou au contraire, développer une sobriété heureuse, cherchant à être plutôt qu’à avoir? Voudrons-nous soutenir ces héros de toujours, que sont les soignants, lorsqu’il faudra voter pour l’initiative pour des soins infirmiers forts? Serons-nous toujours présents pour nos proches après le virus? Continuerons-nous à défendre la solidarité?

La pandémie est une réalité malheureuse et mes pensées s’adressent particulièrement à ceux qui ont perdu des proches. La question est de savoir si nous ferons de cette crise l’occasion d’une conversion, d’un changement de mentalité, en prenant conscience des valeurs essentielles qui animent le vivre-ensemble.

Steve Bobillier, éthicien, Orsières
 

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