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Coronavirus: «Par rapport à l’Italie, les mesures strictes ont pu être prises en Suisse avant la vague de contamination.»

En répondant à vos questions, Eric Bonvin directeur de l’Hôpital du Valais évoque l’évolution du traitement à l’hydroxychloroquine et la comparaison des cas de décès avec l’Italie et la Chine.

31 mars 2020, 05:30
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Nous comptons ce lundi en Valais 26 décès de malades du coronavirus."

Eric Bonvin, combien de patients atteints de coronavirus sont hospitalisés aujourd’hui dans votre structure? 

Nous avons aujourd’hui 119 patients hospitalisés chez nous dont 20 aux soins intensifs. Sur les 201 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 54 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux. En Valais, nous déplorons à ce jour, 26 personnes décédées atteintes par le coronavirus.

Si les essais cliniques venaient à confirmer l’efficacité de l’hydroxychloroquine, nous l’administrerions plus systématiquement

Le patron de Novartis a fait l’éloge de l’hydroxychloroquine estimant qu’il était le plus grand espoir de traitement contre le coronavirus tout en s’engageant à donner 130 millions de doses si les essais cliniques actuels sont concluants. Quelles sont vos conclusions, vu que vous l’utilisez aussi à l’Hôpital du Valais?

Nous attendons effectivement que les essais cliniques soient concluants mais cela n’est pas encore confirmé. Nous continuons cependant à administrer l’hydroxychloroquine en complément à des médicaments antiviraux afin de contribuer à une meilleure connaissance de ses effets. Nous espérons bien sûr que cette molécule ait un effet positif pour le patient mais nous le retirons s’il provoque chez lui un effet indésirable. Si les essais cliniques devaient confirmer son efficacité, nous l’administrerions plus systématiquement. 

Un lecteur se demande pourquoi ne pas confiner et préserver uniquement les personnes à risque et les personnes âgées en attendant de trouver un vaccin puisque ce sont très majoritairement elles qui décèdent? 

Il faudrait être certain de disposer d’un vaccin efficace, ce qui n’est pas encore le cas. Une telle mesure ne ralentirait pas la progression du virus et la situation ne ferait qu’empirer, sachant qu’il est par ailleurs impossible de garantir un isolement total de ces personnes. Les mesures qui ont été prises en Suisse sont bonnes et, si nous les respectons tous, elles auront un effet significatif sur la progression du virus. Ce ne sera qu’après la pandémie, lorsque nous pourrons faire des analyses sérologiques, que nous pourrons certainement trouver un vaccin pour nous prémunir de nouveaux assauts du coronavirus.

Les premières études de Chine et d’Italie sur les décès nous confortent dans les mesures prises chez nous

Des premières statistiques officielles concernant les décès existent. Quels sont les premiers enseignements que l’on peut en tirer?

Il est aujourd’hui possible de comparer les études réalisées en Chine durant la première phase de la pandémie et celles qui concernent l’Italie, survenue ensuite. Cette comparaison nous indique que la mortalité est bien moindre chez les jeunes et, à l’opposé, particulièrement prononcée chez les personnes âgées atteintes par une ou plusieurs maladies préexistantes. Le cumul de ces maladies préexistantes augmente en outre considérablement le taux de mortalité. Ces études nous confortent dans les mesures qui sont prises chez nous en insistant auprès des personnes âgées et à risque afin qu’elles s’isolent chez elles. Par rapport à l’Italie, nous avons la chance d’avoir pu prendre ces mesures avant la vague de contamination et cela fera, nous l’espérons, la différence.

Aucun enfant atteint du coronavirus n’a été hospitalisé en Valais

Une lectrice nous demande si, parmi la centaine de patients hospitalisés en Valais, il y a des enfants. Et si c’est le cas, les parents peuvent-ils lui rendre visite?

Non, aucun enfant atteint par le coronavirus n’a été hospitalisé en Valais.

Nous n’avons encore jamais parlé des Suisses qu’il faut rapatrier. Plusieurs lecteurs concernés demandent s’ils doivent rester en quarantaine sur le sol helvétique avant de rejoindre leur famille pour être sûr de ne pas les contaminer? 

Ces personnes doivent simplement se plier aux mêmes recommandations que le reste de la population suisse, à savoir respecter strictement les distances sociales, l’hygiène des mains, se mettre en quarantaine durant dix jours en cas de contact suspect et en isolement durant dix jours et 48 heures sans symptômes en cas d’atteinte. Il leur faut également éviter tout contact non indispensable avec les personnes âgées de plus de 65 ans et/ou atteintes par une maladie à risque. 

Plusieurs familles nous écrivent pour savoir si, durant cette période, elles peuvent engager une baby-sitter pour leur enfant et si oui, dans quelles conditions?

Pour les familles dont les deux parents doivent assurer une fonction indispensable au fonctionnement de la collectivité, les communes ont mis en place un dispositif de garde des enfants avec des consignes claires. En dehors de ce contexte et seulement si cela est vraiment indispensable, il faudra veiller à ce que la personne qui vient garder les enfants comme la famille qui l’emploie respectent scrupuleusement les recommandations d’hygiène, avec des contacts avec les enfants réduits à l’indispensable, et de distance sociale avec toutes les autres personnes. Il s’agit aussi de veiller à ce qu’il n’y ait aucune personne à risque dans cette famille, comme parmi celles qui vivent sous le même toit que la personne qui vient garder les enfants.
 

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions se retrouvent aussi sur le blog de l’Hôpital du Valais à l’adresse: blog.hopitalvs.ch

 

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