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Coronavirus: «Nous devons nous montrer endurants dans la solidarité»

Répondant à vos questions, Eric Bonvin évoque notamment la prise en charge aux soins intensifs, les connaissances médicales du coronavirus et lance un appel à ne pas baisser la garde.

02 avr. 2020, 21:37
/ Màj. le 03 avr. 2020 à 06:22
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Nous  avons aujourd'hui 134 patients atteints de coronavirus dont 23 aux soins intensifs."

Aujourd’hui, «Le Nouvelliste» réalise une opération de communication pour dire aux gens qu’il faut quand même rester chez eux, malgré le beau temps et l’arrivée des vacances de Pâques. Très concrètement, est-ce une période décisive pour la suite de la pandémie?

Oui, car aujourd’hui la plupart des patients hospitalisés ont certainement été contaminés avant les mesures de restriction prises par la Confédération, dont l’effet semble commencer à se faire sentir. Le nombre de cas de coronavirus continue à augmenter en Suisse et un relâchement des comportements aujourd’hui ne pourrait que relancer la propagation du virus et les ravages de la pandémie.

Quelle est la situation au sein de l’Hôpital du Valais concernant les malades du coronavirus?

Nous avons aujourd’hui 134 patients hospitalisés chez nous dont 23 aux soins intensifs. Sur les 249 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 86 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux. A Rennaz, 54 patients sont hospitalisés dont 13 Valaisans.

Tous les patients en soins intensifs ne sont pas forcément plongés dans un sommeil profond.

Un lecteur se demande comment les patients aux soins intensifs sortent du sommeil profond dans lequel ils sont plongés? 

Il faut savoir que tous les patients des soins intensifs ne sont pas forcément plongés dans un sommeil profond, on parle d’ailleurs plutôt de sédation que de sommeil. Cette sédation peut être interrompue de temps à autre et ces patients peuvent conserver des souvenirs de ces instants. Lorsqu’une sédation profonde et prolongée est nécessaire, les patients n’ont en général aucun souvenir de cette période, même si le cerveau fonctionne toujours et ils se réveillent progressivement lors de l’arrêt des médicaments.

Pourquoi la chloroquine ne peut pas être prescrite par un médecin généraliste et administrée ainsi dès le début de la maladie?

Car il s’agit d’une substance dont on découvre l’effet et qui doit encore être testée à large échelle. Mais elle provoque aussi des effets indésirables qui risquent de se reproduire à grande échelle avec des conséquences aussi graves que celles de la maladie elle-même. Ce sont aujourd’hui des protocoles de recherche accélérés qui testent l’hydroxychloroquine et ils ne peuvent être réalisés qu’en milieu hospitalier sur des petits groupes et en respectant ce principe premier de la médecine qui consiste avant tout à ne pas nuire.

Le processus pour trouver un remède contre le coronavirus est nettement plus rapide que ce qu’il a été pour l’épidémie du sida.


Le virus s’est déclaré il y a quatre mois. Comment se fait-il que les spécialistes n’aient toujours pas trouvé un remède sachant que tous les laboratoires du monde se sont penchés là-dessus?

Chaque virus est différent et même si certains peuvent montrer des similitudes avec leurs prédécesseurs ils répondent différemment aux médicaments ou vaccins que l’on tente de leur opposer. Chacune des pistes explorées doit aussi faire l’objet d’études fiables, standardisées, vérifiables et renouvelables par d’autres chercheurs. Cela afin de s’assurer que les effets positifs d’un traitement sont bien réels, avec des effets secondaires limités et la certitude que le remède n’est pas pire que le mal à traiter. Cela prend évidemment du temps et il faut être patient. Remarquons cependant que ce processus est nettement plus rapide que ce qu’il a été pour l’épidémie du sida.

Que sait-on de plus concrètement sur ce virus entre le début de l’épidémie et aujourd’hui?

Nous avons pu le caractériser dans sa biologie et séquence génétique. Nous savons ainsi qu’il mute assez lentement et qu’une personne infectée contamine en moyenne trois autres personnes. Nous savons aussi qu’il est plus dangereux pour les personnes âgées et à risque et que les mesures de précaution qui sont prises semblent très efficaces pour empêcher l’infection. Nous en apprenons encore tous les jours sur son comportement sous l’action de certaines substances en laboratoire et nous espérons que celle-ci se reproduise sur les êtres humains.

Toutes les précautions sont prises dans les hôpitaux afin de ne présenter aucun risque de contagion pour les patients qui s’y rendent.

Plusieurs lecteurs nous disent ne plus arriver à entrer en contact avec leur médecin généraliste alors qu’ils ont par exemple des renouvellements d’ordonnance à réaliser. Que peuvent-ils faire?

Ils peuvent s’adresser à la régulation médicale, au 0900 144 033, qui pourra les orienter, notamment vers les centres d’investigation avancés proches de chez eux. Ils peuvent également contacter un centre de télémédecine tel que www.soignez-moi.ch, et pour les cas plus préoccupants appeler le 144 ou se rendre aux urgences de Sion ou Martigny. Toutes les précautions sont prises dans les hôpitaux et les centres de consultation afin de ne présenter aucun risque de contagion pour les patients qui s’y rendent. Lors d’apparition de symptômes inhabituels tels que des douleurs thoraciques, des vertiges ou des problèmes neurologiques soudains il ne faut donc pas hésiter à appeler le 144 sans délai. Il peut en effet s’agir d’un problème cardiaque ou neuro-vasculaire nécessitant une action urgente. 

Deux lectrices nous demandent comment une personne sans symptôme, mais qui a été en contact avec une personne touchée par le virus, doit-elle se comporter?

Si vous avez eu un contact rapproché de plus de quinze minutes, que vous vivez sous le même toit qu’une personne présentant les symptômes d’une affection aiguë des voies respiratoires ou que vous avez eu des relations intimes avec elle, vous devez alors vous mettre vous-même en auto-quarantaine, chez vous, pendant dix jours. Cette règle est à appliquer si vous étiez en contact avec la personne malade alors qu’elle présentait déjà des symptômes et/ou 24 heures avant l’apparition de ses symptômes.

En vous mettant en auto-quarantaine, vous évitez de transmettre le virus aux personnes vivant avec vous et à la population, car vous pourriez devenir contagieux durant cette période. Avec l’auto-quarantaine, vous contribuez à protéger les personnes vulnérables et à ralentir la propagation du virus. Pour davantage d’informations, les directives détaillées sur la conduite à adopter dans la plupart des cas particuliers sont disponibles sur le site internet de l’Hôpital du Valais www.hopitalvs.ch

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un e-mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch


 

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