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Coronavirus: le retour des frontières complique la vie de nombreux Suisses

La mesure fut aussi radicale que spectaculaire, tant la libre circulation était ancrée dans les mœurs. Le coronavirus a provoqué le retour des contrôles aux frontières entre la Suisse et ses voisins européens. De quoi créer de nombreux désagréments pour les Suisses.

16 avr. 2020, 07:20
De nombreux Suisses ont vu leur quotidien bouleversé avec le rétablissement des frontières.

Depuis un mois, les contrôles aux frontières ont été rétablis entre la Suisse et ses voisins européens. Cette mesure vise à endiguer la propagation du coronavirus Covid-19. Cependant, cette fermeture n’est pas sans bouleverser le quotidien de nombreux résidents suisses.

Trajet plus long

Les Suisses établis à l’étranger qui retournent régulièrement au pays pour travailler ou s’occuper d’un proche doivent prendre leur mal en patience. La fermeture de nombreux postes de douanes et la réduction des transports publics transfrontaliers, qu’ils soient routiers, ferroviaires ou lacustres allongent inévitablement le temps de parcours.

Mais, cette situation affecte aussi les résidents suisses qui transitent par l’étranger pour se rendre dans une autre commune suisse. C’est le cas des habitants de Roggenburg, dans le canton de Bâle-Campagne, qui empruntent la route reliant leur commune à celle de Kleinlützel, dans le canton de Soleure. Or, une partie du tronçon routier se situe sur territoire français.

Plusieurs automobilistes ont été amendés par la gendarmerie française – toute personne se rendant en France sans autorisation est passible d’une amende de 135 euros pour non-respect des mesures de confinement – selon 20 Minuten. De quoi susciter la grogne de nombreux pendulaires, pour lesquels cette route est la plus rapide pour se rendre sur leur lieu de travail en direction de Bâle.

Familles séparées

La frontière entre l’Allemagne et la Suisse est actuellement le théâtre de scènes déchirantes qui ne sont pas sans rappeler celles de Berlin à l’époque du mur. Des couples, des amis et des familles se retrouvent quotidiennement dans un parc à cheval sur les localités thurgovienne de Kreuzlingen et allemande de Constance.

Un premier grillage long de 350 mètres entre un ancien poste de douane et le rivage du lac de Constance a été installé à la mi-mars par la police allemande. Mais, voyant les gens s’embrasser, se tenir la main ou boire un café ensemble, une seconde haie a été posée du côté suisse deux semaines plus tard. Les deux barrières sont espacées de deux mètres, soit la distance minimale de protection contre le coronavirus dans l’espace public.

Ce couple habitant de part et d’autre de la frontière est contraint de se tenir à distance. © Keystone

 

Le photographe indépendant Roland Schmid a observé et documenté ce qu’il appelle le «no man’s land coronavirusien» sur le tracé de l’ancienne frontière qui divisait les deux pays durant la Seconde Guerre mondiale, comme le rapporte Swissinfo. Un lieu où les gens sont suffisamment proches pour se dire «je t’aime», mais trop éloignés pour pouvoir se toucher.

Interdiction de rentrer chez soi

De nombreux Suisses résidant en France n’ont pas pu regagner leur domicile avec la fermeture des frontières. La raison: pour des questions fiscales bien souvent, leur logement est déclaré comme résidence secondaire. Or, les nouvelles règles instaurées durant la quarantaine dans l’Hexagone ne permettent d’accéder au territoire français que pour rejoindre son domicile principal, comme le révèle 20 Minutes.

Ils sont respectivement 1400 du côté de la Haute-Savoie et 2000 du côté de l’Ain à avoir été refoulés à la frontière, note le journal. Si tous ne sont pas de faux résidents, leur nombre est sans doute assez important si l’on y ajoute les cas de personnes ayant vu leur entrée sur le sol français refusé pour les mêmes raisons dans les autres cantons suisses, tels que Vaud, Valais, Neuchâtel, Jura, Bâle-Ville, Bâle-Campagne et Soleure.

Outre le fait de ne pouvoir regagner leur logement à court terme, ces Suisses pourraient devoir s’acquitter d’importants frais une fois la quarantaine levée. Ils s’exposent à un rattrapage fiscal, une double imposition sur le revenu et la fortune, voire des poursuites pénales si la fraude s’avère importante.

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