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Coronavirus: le carillon de l’espoir à Grimentz

Dans le village anniviard, pas d’applaudissements mais des cloches pour saluer malades et soignants. Et même un carillon spécial coronavirus créé par un habitant passionné. Récit.

20 avr. 2020, 15:30
Initié par son grand-père et son oncle, Robert Epiney joue du carillon depuis l'âge de 20 ans.

Son grand-père sonnait le tocsin pendant la guerre. C’est le carillon qu’il sonne pour les malades et les soignants en ces temps de pandémie. A bientôt 60 ans, Robert Epiney perpétue une tradition en Anniviers en jouant des pieds et des mains pour faire résonner les quatre cloches de l’église de Grimentz.

Lors du long week-end pascal, il s’est hissé dans l’étroit clocher comme les autres carillonneurs de la vallée pour faire résonner des notes de solidarité, une initiative des paroisses locales. Jeudi saint et samedi saint, à 20 heures tapantes, le mécanisme automatisé s’est mis en pause, laissant le champ libre à notre musicien amateur qui a créé un carillon «spécial Covid-19».

Il faut avoir le cœur bien accroché pour se hisser dans le clocher de l’église Saint-Théodule de Grimentz. © DR

Un carillon maison

«C’était beau et émouvant d’entendre toutes ces cloches sonner en même temps dans la vallée. Ça m’a pris au ventre», se souvient au bout du fil le chauffeur de car postal qui aime faire chanter le fameux klaxon à trois sons de son bus dans certains virages tortueux.

S’il officie toujours derrière le volant avec un même nombre de courses mais beaucoup moins de passagers, semi-confinement oblige, il se ressource derrière son carillon de poche hérité de son oncle Lucien qui lui a tout appris. C’est sur cet instrument qu’il a peaufiné sa création destinée à saluer tous ceux qui se dévouent pour faire face à la crise.

A l’ancienne

«On doit bien s’exercer quelque part. Je n’ai pas envie que les habitants me prennent pour une cloche», lance taquin celui qui a pris l’habitude de relever les dimanches midi le carillon automatique installé depuis une quinzaine d’années. «Je m’éclate! C’est un carillon à l’ancienne, encore très artisanal avec cordes et pédales. Rien à voir avec les vingt cloches de l’abbaye de Saint-Maurice commandées par clavier», commente notre joueur de tambour qui scrute une relève peinant à se dessiner.

 

 

En attendant la relève

«Je suis un peu le dernier des Mohicans. Il faut dire qu’il n’y a pas de partition, que tout se fait par l’oreille. Pas évident pour un jeune de s’y mettre.» L’Anniviard qui a commencé à pratiquer «sur le tard», vers l’âge de 20 ans, ne perd pourtant pas espoir de transmettre son savoir-faire ancestral.

Son successeur devra avoir le cœur bien accroché pour s’engager sur les échelles de bois menant aux cloches tintinnabulant à 15 mètres du sol. Une ascension scabreuse. «Mais rien à voir avec celle du clocher de Chandolin. Là, il faut vraiment avoir le pied montagnard», plaisante Robert Epiney. L’humour, le meilleur rempart contre la peur.

Tutoyant le ciel, notre homme distille des notes d’espoir, une lueur pour bien des personnes endeuillées ou angoissées. «Les retours sont très positifs. On espère pouvoir sonner bientôt la fin de l’épidémie.» Pas de glas mais des envolées enjouées, en hommage à tous les héros du Covid-19.

 

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