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Coronavirus: «La vague de morts que l’on craint va se voir dans les quinze prochains jours»

En répondant à vos questions, Eric Bonvin, directeur de l’Hôpital du Valais, évoque les neuf décès en un seul jour en Valais, l’état des lieux du stock de masques à l’Hôpital ou encore la comparaison des cas avec le canton de Berne, mais aussi avec le Japon.

31 mars 2020, 20:48
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Nous avons aujourd'hui 21 personnes en soins intensitfs."

Eric Bonvin, le Valais a comptabilisé neuf décès en une seule journée mardi. Il n’y en a jamais eu autant. 

La plupart de ces décès n’ont pas eu lieu à l’hôpital. Mais la mortalité que l’on voit maintenant correspond à l’aggravation des cas d’il y a trois semaines. La vague que l’on craint va se voir dans les quinze à vingt prochains jours. Après, on devrait normalement constater les effets des restrictions imposées par le Conseil fédéral. 

Quelle est mardi la situation à l’Hôpital du Valais concernant le coronavirus? 

Nous avons aujourd’hui 138 patients hospitalisés chez nous, dont 21 aux soins intensifs. Sur les 220 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 62 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux.

«Notre stock de masques nous permet de tenir trois semaines avec les normes d’utilisation actuelle.»

Ce matin, sur les réseaux sociaux, plusieurs professionnels de la santé en Valais tiraient la sonnette d’alarme en évoquant une possible pénurie de masques pour le monde hospitalier. Qu’en est-il exactement?

L’amélioration de l’approvisionnement en matériel de protection qui se profilait voilà quelques jours s’est vérifiée et la situation s’est quelque peu détendue, notamment pour les masques de type FFP2, dits à haut pouvoir filtrant, nécessaires aux professionnels lors de situations de soin particulières. Avec les normes d’utilisation actuelles, le stock nous permet de tenir trois semaines. Nos équipes responsables des achats poursuivent par ailleurs leurs incessants efforts pour alimenter ces stocks de matériel de protection.

Comment expliquer que le canton de Berne a un taux de contamination trois inférieur à celui du Valais (BE: 80 cas pour 100 000 habitants/Valais: 273 cas pour 100 000 habitants)?

Nous n’avons pour l’heure que quelques suppositions. Il faut tout d’abord éclaircir l’intensité avec laquelle les tests ont été effectués, de part et d’autre, puisque ce taux se base sur le nombre de cas diagnostiqués et donc testés. Seulement alors nous pourrons explorer des hypothèses telles que le fait que le Valais soit limitrophe avec deux régions qui étaient préalablement très touchées, l’Italie et la Haute-Savoie. Ou alors, le fait de mouvements et de rassemblements de personnes peut-être plus importants, en lien avec les activités touristiques ou le carnaval. Mais tout cela trouvera peut-être réponse avec le temps.

Un lecteur se demande comment on peut expliquer la situation actuelle, alors que le Conseil fédéral a déclaré le 6 novembre 2019 qu’«il est peu probable que des maladies comme Ebola se propagent en Suisse ou dans un autre pays possédant un système de santé opérationnel»?

Chaque virus est différent et le qualificatif de «peu probable» n’exclut pas la possibilité d’une propagation. Concernant Ebola, il s’agit d’une maladie très dangereuse, mais qui ne se transmet pas facilement, uniquement par le sang et, en l’occurrence, surtout lors d’un type de cérémonie funéraire qui ne se pratique que dans une région limitée. Ebola n’est donc a priori pas spécialement menaçant pour notre société. Avec le coronavirus, nous avons un virus qui se transmet par simple contact humain et selon un mécanisme de contagion proche de celui de la grippe. En l’occurrence, le virus ne se déplace pas tout seul, il est transporté par les humains, dans une société ou les déplacements sont très fréquents.

«Au Japon, les contacts humains sont moins «directs», la population très disciplinée et les premiers foyers d’infection ont été rapidement identifiés.»

Un lecteur a des amis au Japon qui vivent presque normalement. Les cas sont faibles et les décès très limités. Comment est-ce possible ? Est-ce que c’est géographique? Etaient-ils mieux préparés? Se comportent-ils mieux qu’ici? Ont-ils plus l’habitude?

Les raisons de cette situation sont certainement multiples. Les contacts humains sont peut-être moins «directs», on se salue par exemple en s’inclinant, sans poignée de main. Les personnes âgées sont pour leur part souvent isolées et la population japonaise est très disciplinée. Ainsi, lorsqu’une personne tombe malade, elle porte spontanément un masque pour ne pas contaminer les autres. Il semblerait aussi que les premiers foyers d’infection ont été rapidement identifiés et les personnes affectées mises en isolement. Mais tout cela, ce ne sont que des suppositions et il faudra attendre la fin de la pandémie pour vérifier et analyser ces différences entre régions du monde.

Aujourd’hui, de nouveaux symptômes sont apparus pour le coronavirus, comme la perte de goût et d’odorat. Pourtant, un lecteur nous dit qu’avec ces symptômes-là, on est toujours contraint de travailler. Est-ce normal?

Il s’agit de symptômes dont on a pris connaissance très récemment et il est assez probable que l’OFSP reconsidère la liste des symptômes caractéristiques du Covid-19.

Une lectrice se demande quelles sont les séquelles qui restent à l’intérieur des poumons pour la personne qui est guérie du Covid-19…

En l’état actuel des connaissances, nous considérons qu’à l’instar d’une pneumonie ordinaire, il ne subsisterait pas de séquelle directe d’une infection au Covid-19.
 
Vous pouvez poser vos à Eric Bonvin en envoyant un email à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions sont aussi disponibles sur le site www.hopitalvs.ch/coronavirus.

 

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