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Coronavirus: «La mise au point d’un vaccin permettra aux personnes à risque d’avoir une vie normale.»

En répondant à vos questions, Eric Bonvin, directeur de l’Hôpital du Valais, prend position sur la proposition de l’UDC suisse, le stock de produits anesthésiants ou encore la situation des personnes à risque après la pandémie.

01 avr. 2020, 20:55
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Jusqu'à aujourd'hui, 68 patients souffrant du coronavirus ont pu quitter l'Hôpital sur les 230 hospitalisés au total.

Eric Bonvin, combien de patients atteints de coronavirus compte l’Hôpital ce mercredi? 

Nous avons aujourd’hui 131 patients hospitalisés chez nous, dont 20 aux soins intensifs. Sur les 230 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 68 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux.

La demande de l’UDC me paraît prématurée, car l’évolution de la situation est encore incertaine et nous devons nous y adapter au jour le jour.

Hier, l’UDC a demandé qu’une partie de l’économie puisse se remettre en marche avec des conditions très strictes. Avez-vous un avis sur cette question, nous demande une lectrice?

La demande me paraît prématurée à ce stade, car l’évolution de la situation est encore incertaine et nous devons nous y adapter au jour le jour. S’il est un enseignement que l’on peut déjà tirer de cette pandémie, c’est bien que toutes les décisions politiques qui ne prennent pas suffisamment en compte l’incertitude sanitaire et la gravité de cette pandémie, sont rapidement balayées face à l’ampleur du phénomène et des enjeux qui le sous-tendent.

Y a-t-il un risque de pénurie des produits anesthésiants comme cela semble être le cas en France?

En France, les réserves semblent plus problématiques que dans notre pays. A l’Hôpital du Valais, nous disposons encore d’un stock permettant de fonctionner normalement avec les protocoles actuels durant environ trois semaines. La Confédération a mis en place une stratégie nationale pour étudier la possibilité d’échanges entre les hôpitaux si la situation devait de péjorer.

Un lecteur se plaint de la procédure lorsqu’il a amené sa femme à l’hôpital pour une autre raison que le coronavirus. Il estime qu’il n’y a aucune considération qui est faite pour le conjoint ou la famille qui se sent complètement abandonné. Peut-on améliorer cette partie-là du nouvel accueil?

Il est évidemment regrettable que tout ne se passe pas toujours de façon idéale et nous en sommes désolés. Mais nos collaboratrices et collaborateurs peuvent parfois être sous pression, ce qui peut se ressentir. Notre «Espace d’écoute» est toujours à disposition de nos patients pour nous informer de ces situations, nous permettre de rapidement réajuster les choses et de trouver un terrain d’entente.

Pour le Covid-19, un groupe de chercheurs chinois aurait mis en évidence une meilleure réponse immunitaire des patients de type sanguin 0.

A-t-on des statistiques des personnes atteintes selon leur groupe sanguin? On a entendu que le groupe 0 était moins atteint. Est-ce vrai?

Ce n’est pas à exclure, en raison de la similitude avec le SRAS pour lequel les individus de type sanguin 0 ont eu une sensibilité réduite à l’infection. Pour le Covid-19, un groupe de chercheurs chinois aurait mis en évidence une meilleure réponse immunitaire des patients de type 0. Mais cette étude n’a pas été évaluée par des pairs et n’a pas non plus reçu le feu vert pour une publication dans une revue scientifique.

Une lectrice estime que les personnes à risque – les diabétiques notamment – n’ont pas à aller travailler, alors que ce n’est de loin pas le cas selon elle. Etes-vous d’accord?

Selon les directives actuellement en vigueur, les employeurs doivent offrir la possibilité aux personnes vulnérables de travailler à leur domicile en prenant les mesures organisationnelles et techniques correspondantes. Si la personne vulnérable ne peut travailler que sur place, les employeurs doivent garantir que les mesures d’hygiène et de conduite recommandées (lavage des mains, maintien des distances) peuvent être respectées. Dans le cas contraire, effectivement, une personne à risque ne devrait pas être astreinte à se rendre sur son lieu de travail.

Une autre ne sait plus quoi croire sur internet: faut-il booster son système immunitaire avec de l’échinacée ainsi que de la vitamine C pour se protéger du virus ou est-ce plutôt un facteur aggravant?

Notre système immunitaire ne peut pas vraiment être «boosté», pour reprendre cette expression, et il n’est pas nécessaire de le faire. Pour des raisons multifactorielles, il est peut-être plus réactif chez certaines personnes face à certains antigènes. Pour la vitamine C, on ne dispose aujourd’hui d’aucune expérience publiée en relation avec le Covid-19. Son efficacité sous forme de perfusion à haute dose n’a par exemple pas pu être démontrée dans une étude chez des patients avec sepsis et SRAS. Et comme avec tous les compléments alimentaires, un dosage trop important peut être dangereux. A ce titre, nous ne saurions jamais suffisamment rappeler que le meilleur gage de santé consiste en une alimentation saine et un exercice physique modéré régulier, même durant un isolement, une quarantaine ou un confinement.

Les résultats des nombreuses recherches en cours permettront d’envisager la levée des restrictions de la façon la plus sûre possible.

Enfin, une lectrice qui fait partie des familles à risque a peur pour l’après Covid-19, quand les restrictions seront tombées: pourra-t-elle vivre normalement sans prendre le risque d’être contaminée?

La levée des restrictions n’est pas encore envisagée car nous devons tout d’abord faire face à la vague actuelle et apprendre encore beaucoup de choses sur le comportement de ce virus. Avec le temps qui passe, nous en saurons davantage grâce aux nombreuses recherches qui sont en cours et cela nous permettra d’envisager la levée de ces restrictions de la façon la plus sûre possible, notamment pour éviter toute nouvelle propagation ou re-contamination. La mise au point d’un vaccin pourrait notamment permettre à ces personnes de reprendre une vie normale.
 

Vous pouvez poser vos question à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions se trouvent aussi sur le site de l’Hôpital à l’adresse: www.hopital.vs/coronavirus

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