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Coronavirus: «La cellule psychologique au service des soignants des hôpitaux est très sollicitée»

Ce vendredi, Eric Bonvin aborde pour la première fois les effets psychologiques soit du confinement, soit du travail intense dans les secteurs de l’hôpital concernés par le coronavirus.

10 avr. 2020, 21:29
/ Màj. le 11 avr. 2020 à 08:04
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Le nombre de cas aux soins intensifs est stable depuis plusieurs jours."

Eric Bonvin, on peut dire que le nombre de cas en soins intensifs reste très stable pour l’instant? 

Oui, il se situe depuis un certain temps juste en dessus de 20. Nous avons aujourd’hui 116 patients hospitalisés chez nous dont 23 aux soins intensifs. Sur les 310 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 10 ont pu quitter les soins intensifs et 140 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux.

Pour l’instant, très peu d’appels de citoyens sont enregistrés par notre cellule psychologique en lien avec le confinement. Au contraire de la cellule au service des professionnels de la santé dans les hôpitaux.

Plusieurs personnes âgées qui ont lu vendredi votre conseil à ce père de famille de trouver une autre personne que les grands-parents pour garder sa fille cet automne nous ont écrit catastrophées. Jamais elles n’auraient imaginé devoir rester aussi longtemps sans pouvoir prendre leurs petits-enfants dans leurs bras parce qu’elles sont à risque…

 

Cette période particulière est évidemment difficile à vivre pour nombre de parents et de grands-parents dans cette situation. Mais l’incertitude reste le maître mot face à ce virus à l’heure actuelle et je ne voudrais pas donner de faux espoirs en étant trop optimiste. Peut-être que ces contacts seront possibles avant quelques mois, mais personne ne le sait et ne peut le promettre aujourd’hui. Et si les mesures actuelles sont humainement très pénibles, leur respect est essentiel pour espérer limiter l’emprise du virus sur notre vie quotidienne à plus long ,terme. Cela dit il faut aussi savoir que de nombreuses études sont en cours pour trouver des traitements curatifs ou préventifs, qu’une immunité est très probablement en train de se constituer et que l’épidémie subira peut-être un frein saisonnier, en d’autres termes suffisamment d’aspects dont il sortira bien quelque chose pour nous aider à faire face, voire à nous prémunir d’une nouvelle vague de pandémie. Il nous faut donc être patients et garder espoir pour pouvoir vivre ces moments.

Vous avez mis en place une cellule psychologique cantonale. Pourtant, pour l’instant, la question de ces aînés est la première qui évoque les contraintes du confinement. Y a-t-il beaucoup d’appels et de quelle nature sont-ils?

Les attentes de la population semblent encore faibles dans ce domaine et très peu d’appels ont été enregistrés sur le site www.revs.ch ou sur la ligne téléphonique de la psychiatrie (0800 012 210) en lien avec le confinement et les restrictions qui l’accompagnent. Mais c’est aussi l’occasion de rappeler que des spécialistes sont à l’écoute en cas de besoin et qu’il ne faut pas hésiter à leur demander un soutien. La cellule au service des professionnels de la santé dans les hôpitaux est par contre très sollicitée. Malgré les mesures de protection mises en place, le contexte global de cette pandémie suscite, bien qu’elles soient infondées, des inquiétudes liées au travail avec des patients infectés, sur le fait de potentiellement «ramener» le virus chez soi ou par rapport à une certaine stigmatisation dont sont parfois victimes nos employés que l’on fuit en sachant où ils travaillent.

La majorité des patients décédés étaient âgés de 75 ans et plus. Nous avons dû déplorer des décès de sexagénaires mais qui souffraient déjà d’autres maladies graves.

Pour l’instant, y a-t-il parmi les personnes décédées à l’hôpital des personnes qui n’avaient pas l’un des facteurs de risque?

Non, la majorité des patients décédés étaient âgés de 75 ans et plus. Nous avons dû déplorer le décès de patients plus jeunes, dans la soixantaine, mais qui souffraient déjà d’autres maladies graves.

Un lecteur nous demande d’expliquer pourquoi vous devez mettre au chômage partiel une partie de vos employés alors que l’autre partie travaille énormément et va commencer à fatiguer.

Nous sommes en effet dans cette situation paradoxale, avec une partie de l’hôpital en suractivité et l’autre en arrêt quasi complet pour respecter les consignes et restrictions mises en place. De nombreuses professions différentes sont représentées parmi les employés dont l’activité est réduite et nous ne pouvons pas forcément les engager dans un secteur plus sollicité. Cela est aussi vrai pour le personnel soignant ou les médecins dont les spécialisations ne leur permettent pas forcément de soutenir leurs collègues dans un autre secteur très spécialisé et spécifique comme les soins intensifs.

Plusieurs lecteurs nous disent avoir eu tous les symptômes du coronavirus et avoir été testés négativement. Peut-on parler de faux négatif?

Non, pas forcément, seul un test sérologique permettra de savoir après coup s’ils ont été infectés ou non. Les tests dits PCR, pour «polymerase chain reaction», par frottis du nasopharynx sont efficaces, mais n’ont pas de sensibilité ni de spécificité parfaites, comme tous les autres tests d’ailleurs. Les résultats de ces tests varient en fonction de la qualité et de la zone du prélèvement ainsi que de leur fiabilité qui n’est jamais absolue. Ils peuvent en outre s’avérer négatifs en cas de charge virale faible ou si le virus est absent du nasopharynx, mais présent dans les bronches. A l’hôpital, en présence de symptômes et de test négatifs, ces cas particuliers relativement rares sont toujours discutés individuellement entre les médecins chargés du patient et les infectiologues afin de s’accorder sur le maintien des mesures d’isolement ou non.

Un lecteur de 67 ans qui souffre de psoriasis depuis trente ans s’inquiète du décès du jeune Portugais mort du Covid, mais qui avait le psoriasis. Quel lien existe-t-il entre les deux?

A l’heure actuelle, on ne sait pas encore vraiment comment le coronavirus peut affecter les patients atteints de psoriasis et il n’y a pas forcément de lien direct dans ce cas particulier. Mais les traitements généraux du psoriasis utilisent parfois des médicaments qui diminuent l’activité du système immunitaire, ce qui pourrait affaiblir sa réponse face au coronavirus. Dans tous les cas, le rapport entre le bénéfice et le risque de toute intervention thérapeutique immunosuppressive doit être soigneusement pesé au cas par cas chez ces patients et avec leur médecin traitant.

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en écrivant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions se trouvent aussi sur le site www.hopitalvs.ch/coronavirus


 

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