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Coronavirus: l’HEMU face au défi de la digitalisation

Comme toutes les écoles membres de la HES-SO, l’HEMU site de Sion a elle aussi fermé ses portes. Mais comment la Haute école de musique gère-t-elle l’enseignement à distance? Son directeur Aurélien D’Andrès fait le point.

24 mars 2020, 12:04
Directeur de l'HEMU site de Sion, Aurélien D'Andrès met tout en oeuvre pour garantir la validité académique de l'année en cours.

Comment enseigner un art de la présence tel que la musique à distance? C’est à un vrai casse-tête qu’est confronté Aurélien D’Andrès depuis la fermeture de la Haute école de musique lundi dernier. La fin des cours brutalement sifflée, le directeur de l’HEMU site de Sion a dû rapidement se retourner pour ne pas laisser à l’abandon ses 60 étudiants venus du monde entier. Etat des lieux.

Comment va s’organiser l’école dans les prochaines semaines? Une activité minimale sera-t-elle maintenue?

Notre premier souci est de respecter les directives sanitaires de l’OFSP et du canton. Tous nos cours présentiels sont suspendus jusqu’au 30 avril. Notre priorité avec le rectorat de la HES-SO et la direction générale de l’HEMU a été de faire un état des lieux et d’élaborer une stratégie d’enseignement à distance. En s’inspirant des bonnes pratiques repérées ailleurs et en comptant aussi sur la créativité de nos professeurs qui sont tous mobilisés pour élaborer des solutions.

A Sion, notre «chance», c’est d’avoir uniquement des instruments à cordes, les étudiants peuvent ainsi plus facilement travailler à domicile. En revanche, ils sont seuls face à leurs partitions et n’ont plus d’accompagnement au piano, un gros manque pour eux. Les activités d’ensemble sont aussi à l’arrêt. L’enseignement à distance, certes en mode dégradé, demeure cependant possible pour de nombreuses disciplines, notamment le cours individuel d’instrument et les branches théoriques.

L’enseignement à distance n’est clairement pas la panacée car rien ne remplace le contact humain.

L’enseignement à distance, vous le pratiquiez déjà? Comment va-t-il se déployer?

C’est un vrai défi, on a encore beaucoup de questions. Car la digitalisation n’est pas encore une pratique usuelle chez nous. On va devoir expérimenter, essayer des choses. Mais finalement c’est l’occasion de développer une vraie culture du numérique au sein de notre école qui, reconnaissons-le, était un peu à la traîne dans ce domaine.

Reste que la musique se prête peu à ce genre d’enseignement par écran interposé, elle qui requiert souvent un lien corporel…

Ce n’est clairement pas la panacée car rien ne remplace le contact humain. Certains outils numériques à la disposition des HES sont cependant tout à fait adaptés à nos besoins. On consulte aussi beaucoup les professeurs pour élaborer des solutions innovantes. L’étudiant est clairement au centre de nos préoccupations. Mais il est vrai que l’essence même de la pratique musicale repose sur l’humain, le partage entre un interprète et un public; nous nous réjouissons donc beaucoup de pouvoir retrouver dès que possible cette dimension qui manque cruellement dans les conditions actuelles.

Une activité musicale à l’arrêt, c’est aussi des sources de financement qui disparaissent pour certains étudiants. Il y a des cas préoccupants.

L’HEMU compte de nombreux étudiants étrangers. Comment font-ils face à la crise? Sont-ils rentrés chez eux?

Psychologiquement, les étudiants sont plus sereins depuis que la fermeture a été prononcée, les choses sont désormais claires. Concernant les retours, on leur a laissé la totale liberté. Certains ont préféré rentrer chez eux, d’autres pas. Tous les cas de figure se sont présentés. Nous restons en contact régulier avec chaque étudiant, étranger ou non. On veut éviter qu’ils se sentent en détresse, notamment financière. Une activité musicale à l’arrêt, c’est aussi des sources de financement qui disparaissent pour certains d’entre eux. Il y a des cas préoccupants. La direction générale de l’HEMU travaille actuellement avec des partenaires internes et externes pour activer des aides d’urgence, et nous espérons pouvoir compter sur la compréhension en particulier des bailleurs dans certaines situations.

Cette fermeture met-elle en péril l’année en cours? Qu’en est-il des auditions, des examens, des admissions?

Pour l’heure, la confiance est de mise. Tous les examens présentiels ont été repoussés après le 30 avril. On espère pouvoir reprendre une activité normale en mai. Si ce n’est pas le cas, nous devrons songer à d’autres solutions. Dans tous les cas, nous nous concertons avec nos collègues de la HEM Genève pour assurer un traitement harmonisé sur tout le territoire romand. Le cas échéant, priorité sera donnée aux examens des étudiants en fin de cursus.

Les examens d’admission se feront quant à eux par vidéo, ce qui nous permet d’assurer le recrutement de nouveaux étudiants pour la rentrée prochaine.

Par contre, toutes les prestations publiques et les auditions sont suspendues jusqu’à la fin août.

Nous adapterons au mieux notre fonctionnement pour garantir la validité académique de cette fin d’année.

Il n’empêche le scénario d’une fermeture prolongée semble se préciser…

Pour l’instant nous n’en savons rien. Nous faisons confiance aux autorités du pays et nous suivrons leurs décisions. Nous adapterons au mieux notre fonctionnement pour garantir la validité académique de cette fin d’année.

Vous étiez préparé à un tel choc?

Franchement pas. On avait des scénarios de crise mais jamais de cette ampleur. On n’était pas préparé à ça. Mais qui dit crise dit aussi opportunité et, pour nous, c’est celle de rattraper notre retard numérique. Soyons optimistes et voyons cette phase critique comme l’occasion de grandir!

 

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