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Coronavirus – «Je n’ai été que le porte-parole des professionnels de l’hôpital»

Pendant plus d’un mois, Eric Bonvin, directeur de l’Hôpital du Valais, a répondu tous les jours à vos questions. Aujourd’hui, nous avons décidé de transformer ce rendez-vous quotidien. Parce que la crise à l’hôpital n’est plus aussi aiguë. Il revient sur cette démarche particulière.

20 avr. 2020, 20:00
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: «Ces réponses quotidiennes sont le fruit d'un travail d'équipe au sein de l'hôpital, qui prend deux heures par jour.»

Eric Bonvin, comme le pic de la crise est derrière nous, nous allons espacer ce rendez-vous avec nos lectrices et lecteurs et le rendre bihebdomadaire. Pendant un mois, nous avons reçu entre 10 et 40 questions par jour. Etes-vous surpris par ce chiffre? 

Il montre en tout cas l’utilité de la démarche, comme le confirment les nombreux retours qui ont accompagné ces interviews. En période de crise, il faut pouvoir répondre directement aux interrogations et aux angoisses des gens et les médias ont un vrai rôle à jouer à ce niveau. J’ai représenté pendant cette période l’institution qui était, avec les EMS, la plus touchée par cette crise et qui potentiellement pouvait se retrouver débordée. 

Cet exercice quotidien est avant tout un travail d’équipe d’environ deux heures.

Combien de temps vous a pris ce travail quotidien de communication? 

Déjà, je n’ai été que le porte-parole de toutes les équipes de l’hôpital concernées par le Covid-19. Avec Joakim Faiss, notre service de communication travaillait sur les réponses à donner durant la journée avec les différents spécialistes et tous les jours, j’ai consulté notre spécialiste infectiologue Nicolas Troillet, chef de notre service d’infectiologie et de l’unité cantonale des maladies transmissibles, avant de vous répondre définitivement en début de soirée. Cet exercice quotidien est donc avant tout un travail d’équipe d’environ deux heures.

Passer tous les jours en photo dans le «Nouvelliste» doit être un cas unique dans l’histoire. Dans le milieu médical, cela a dû provoquer des jalousies?

(Sourire). C’est vrai que c’est très spécial mais ce n’est évidemment pas un but en soi. Je pense, sur la base des très nombreux témoignages reçus, que le milieu hospitalier et médical a compris assez vite le sens de notre démarche, qui a pour unique but d’apporter rapidement les informations les plus précises possibles à des citoyennes et citoyens qui le demandent en période de crise sanitaire.

Il faut rester humble face à ce virus et oser affirmer que l’on n’a pas de réponse à tout.

 
Certaines de vos réponses n’étaient pas toujours tranchées. Des lecteurs ont pu comprendre que vous n’osiez pas répondre complètement ou prendre une position claire sur un sujet.

Non, pas du tout. Je l’ai dit plusieurs fois: il faut rester humble avec ce virus et oser affirmer que l’on n’a pas de réponse à tout. Mais j’ai toujours essayé d’être le plus transparent possible. Dans les semaines à venir, il y aura d’ailleurs de plus en plus une pesée d’intérêts à faire entre le risque que veut prendre la société face aux personnes à risque, l’avancée des connaissances liées au Covid-19 et le maintien des mesures d’hygiène et de distance sociale. Le débat autour du Covid-19 restera sanitaire, mais deviendra aussi de plus en plus éthique et sociétal. 

Certaines questions vous ont obligé à prendre des positions sur les enjeux sanitaires liés au Covid-19, ce qui vous a valu une fois ou l’autre quelques critiques. Pourtant aujourd’hui vous ne voulez pas être un acteur de débat? 

Effectivement, pas aujourd’hui. Pendant la période de crise pandémique, notre rôle comme hôpital n’est pas de débattre, de critiquer ou de démonter les décisions prises par les autorités politiques. Je ne voulais en aucun cas utiliser cet espace de rencontre avec vos lectrices et lecteurs pour devenir un tribun ou pour faire de la propagande pour telle ou telle décision. Peut-être que certaines fois, cela a été interprété autrement. Je le regrette mais je l’assume pleinement. Mais une fois la crise derrière nous, j’apporterai volontiers mon regard sur les enseignements à tirer de ce qui s’est passé.

Pour l’hôpital, la plus grosse situation de crise en matière de communication concerne le matériel de protection, comme les masques.

Comme médecin, vous représentez aux yeux des citoyens à la fois l’institution et une compétence. Quand, en un mois, il y a des prises de position scientifiques aussi différentes notamment liées aux enfants, est-ce que vous avez senti une remise en question de l’institution et donc de votre rôle? 

Non, car il n’y a pas eu beaucoup d’autres exemples que celui que vous citez. Effectivement, les affirmations de Monsieur Koch en conférence de presse jeudi dernier nous ont surpris et pris de court. Sa mise au point du lendemain a été salutaire. Mais pour nous, la plus grosse crise en matière de communication concerne le matériel de protection, comme les masques. Quand nous avons été en situation de rupture de stock au sein de l’hôpital, nous avons été le plus transparent possible avec notre personnel en donnant quotidiennement à l’interne l’état de situation de ce stock. Je considère enfin que la diversité des prises de position scientifiques face au défi que nous impose ce virus est plutôt rassurante, car elle indique que la science cherche activement des solutions et ne se bloque pas sur des dogmes.

Même si nous recevons encore tous les jours des questions, nous allons passer à une rencontre bihebdomadaire le mardi et le vendredi, car la situation d’urgence pour l’hôpital n’est plus la même.

Effectivement. L’hôpital et ses compétences ont toujours un rôle à jouer auprès de la population dans cette période de déconfinement. Mais il faut que d’autres institutions puissent aussi apporter des réponses qui ne sont plus directement de notre ressort comme pour la reprise des écoles ou la réouverture de certains commerces. 

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Ses réponses paraîtront désormais deux fois par semaine, le mardi et le vendredi dans la version papier.
 

 

Entre 8000 et 47 000 lecteurs web quotidiens

Sur internet, le rendez-vous quotidien d’Eric Bonvin avec les lectrices et lecteurs du «Nouvelliste» peut être quantifié. Entre 8000 et 47 000 lecteurs ont lu ces interviews avec pour quinze d’entre elles, plus de 20 000 lecteurs. 

La plus forte audience concerne celle du 15 mars intitulée «Il est très préoccupant de constater qu’une partie de la population n’applique pas les mesures». L’interview compte 47 000 visiteurs uniques et 61 000 pages vues. Les deux autres interviews qui partagent le podium datent du 20 mars (44 000 visiteurs uniques) et du 12 avril (39 000 visiteurs uniques), ce qui montre que l’engouement n’a pas faibli au fil des semaines. Enfin, le rendez-vous le plus partagé sur les réseaux a été la bonne nouvelle du 25 mars: «Vingt malades du coronavirus sont sortis guéris de l’hôpital». 

La démarche va donc se poursuivre mais avec deux rendez-vous par semaine, le mardi et le vendredi. Vous pouvez donc continuer de lui poser vos questions. 

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