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Coronavirus: "Il faut éviter toute stigmatisation sociale des personnes atteintes"

Eric Bonvin, le directeur de l'Hôpital du Valais, répond à nos lectrices et lecteurs chaque jour. Aujourd'hui, on évoque les changements liés à la quarantaine, les recherches faites à Marseille ou encore le confinement qui devrait arriver.

19 mars 2020, 20:13
Eric Bonvin fait chaque jour le point sur le nombre de cas de coronavirus gérés les hôpitaux valaisans.

Aujourd’hui, l’office fédéral de la santé publique a décidé que la quarantaine est de dix jours au lieu de cinq pour les personnes susceptibles d’être porteuses du virus. Pourquoi ce changement ? 

Les observations faites jusqu’à présent et l’évolution des connaissances sur l’infection au Covid-19 montre que la durée d’incubation peut-être de 5 à 6 jours et il a dès lors été jugé plus prudent d’allonger la durée de quarantaine à 10 jours.

Quelle est la situation hospitalière ce jeudi ?

Nous avons 223 cas positifs. 29 sont hospitalisés à l’Hôpital du Valais. Nous avons 3 cas en soins intensifs. 

Si un traitement devient possible, nous l’utiliserons au plus vite

 

Un lecteur se demande pourquoi vous ne donnez pas plus d’informations sur ces cas, notamment leur localisation. Pour lui, cela permettrait de contenir mieux le virus.

Seule l’autorité sanitaire dispose de ces informations et pas l’hôpital. Cela dit, cela ne serait pas vraiment utile car il faut aujourd’hui considérer que le coronavirus est déjà partout. Il faut ensuite éviter toute stigmatisation sociale des personnes atteintes car cela est un risque lors de toute pandémie.

Plusieurs lectrices et lecteurs vont référence aux recherches faites à Marseille qui pourraient déboucher sur un traitement lié à la chloroquine. Qu’en est-il ? Allez-vous utiliser ce traitement ? 

Il s’agit d’un traitement connu de la malaria et il n’est pas spécifique au Coronavirus. Pour l’instant il ne s’agit que d’une étude préliminaire dont les résultats doivent encore être confirmés. Les tests se poursuivent pour savoir s’il est fiable et comment on pourrait l’utiliser. Il est évident que si un traitement devient possible, nous l’utiliserons au plus vite. Mais il faut d’abord prendre toutes les précautions nécessaires. Il faut savoir qu’à l’heure actuelle nous prescrivons déjà des anti-viraux non spécifiques. Nous serons cependant très attentifs aux résultats de l’étude complète qui sera faite avec la chloroquine. 

Ca va être le week-end, beaucoup de familles recomposées vont s’échanger leurs enfants. Un papa lecteur se demande s’il peut aller les chercher à Fribourg et les ramener en Valais. 

Il s’agit d’une pesée d’intérêts, en évitant de prendre des risques pour soi ou autrui. Il convient en premier lieu de vérifier qu’il n’y ait aucune personne à risque dans l’entourage de l’une et l’autre famille. Ensuite de s’assurer qu’aucune personne de l’une et l’autre famille ne présente de symptôme. Si ces deux conditions sont remplies un tel échange est envisageable. Mais il conviendra de procéder aux mêmes vérifications lors de chaque nouvel échange et de respecter toutes les recommandations en tout temps. Il faut toujours garder à l’esprit que le coronavirus ne voyage pas tout seul, nous en sommes les porteurs.

Le passage au confinement n’est qu’une question de temps

La famille d’une personne âgée qui se trouve avec le coronavirus à l’hôpital de Martigny s’inquiète qu’il n’y ait aucun progrès depuis une semaine. Est-ce normal ? 

Oui, pour l’instant. On parle d’au moins dix jours de maladie dont deux sans symptômes pour être sûre d’être guérie. Donc, elle est dans les temps, même si je comprends que tout cela est difficile. 

De nombreux citoyens et des associations appellent au confinement. On a l’impression que celui-ci n’est qu’une question de temps et peut-il durer trois mois comme un Chine ? 

Je pense aussi que ce n’est qu’une question de temps, car malgré les mesures liées à l’état d’urgence, on trouve encore trop de situations dans lesquelles elles ne sont pas respectées. Quant à la durée du confinement, il est difficile à prévoir. Mais il faut se préparer à ce qu’il puisse effectivement durer jusqu’au début de l’été. C’est néanmoins le meilleur moyen pour empêcher la propagation du virus, même si j’ai tout à fait conscience des conséquences sociales, psychologiques et économiques qui en découlent. 

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