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Coronavirus et alcool: «Il faut être vigilant pour ne pas retomber»

Comme Caroline (prénom d’emprunt), ils sont des centaines en Valais à compter sur les séances des Alcooliques anonymes pour ne pas retomber dans leurs addictions. En temps de confinement, les réunions ont toujours lieu mais en ligne. Témoignage.

14 avr. 2020, 17:00
En automne dernier, Caroline nous confiait son parcours d’alcoolique. Abstinente, elle raconte comment elle vit le confinement.

«Avec mon compagnon, également abstinent, on lit tous les matins des pensées du programme des Alcooliques anonymes (AA). Comme on le faisait avant le confinement. Sans cela, notre abstinence serait compliquée à vivre en ce moment», confie Caroline (prénom d’emprunt) qui suit les groupes des AA Valais depuis des années.

Quinze ans d’abstinence

Cette quinquagénaire avait témoigné de son parcours dans «Le Nouvelliste» en automne dernier. Elle racontait alors qu’à la pire période de son existence, elle buvait une bouteille de Martini par soir. Une page tournée depuis bientôt 15 ans. «L’anniversaire de mon abstinence, c’est le 12 juin. J’espère que, comme toutes les années depuis que j’ai arrêté de boire, je pourrai fêter cette date avec mes enfants que je ne peux pas voir aujourd’hui à cause du coronavirus.»

A lire aussi : «A la pire période, c’était une bouteille de Martini par soir»

Cela doit être plus difficile pour ceux qui viennent de lâcher l’alcool. Je pense bien à eux.
Caroline (prénom d’emprunt), abstinente depuis 15 ans

Comme  Caroline, ils sont des milliers d’alcooliques en Valais et ailleurs à devoir faire face au confinement. Et à lutter pour ne pas retomber dans leurs dépendances pour tromper l’ennui ou étouffer leurs angoisses. Car le risque existe bel et bien. L’Organisation mondiale de la Santé vient d’ailleurs de recommander aux personnes confinées «de ne pas chercher à canaliser leurs émotions en fumant, en buvant de l’alcool ou en consommant d’autres produits stupéfiants». Caroline est consciente du risque. «J’ai de la chance d’être abstinente depuis des années. Cela doit être plus difficile pour ceux qui viennent de lâcher l’alcool. Je pense bien à eux.»

À ce jour, elle n’a pas replongé dans son addiction. «Je n’ai pas été tentée d’y retomber une seule fois depuis le début du confinement.» Elle confie aussi tenir le coup grâce à la philosophie des AA. Comme le fait de vivre 24 heures à la fois ou d’accepter ce qui ne peut pas être changé. «Des principes qu’aujourd’hui, de nombreuses personnes hors AA appliquent pendant cette période incertaine», note Caroline.

Des séances AA par vidéoconférences

Pour se donner de la force, elle continue également à suivre les séances des AA par vidéoconférences depuis l’arrivée du virus contagieux. «En Valais, plusieurs groupes les organisent», confirme José, responsable de l’information publique des AA Valais. Les intéressés peuvent y participer grâce à un mot de passe. «En général, il y a le noyau dur du groupe auquel se rajoutent de nouvelles personnes», souligne Caroline. Comme pour les séances habituelles, les participants s’y expriment librement, sans jamais se faire interrompre par les autres membres du groupe. «Cela se passe dans le respect comme lorsque nous nous voyons», ajoute Caroline.

Participations possibles à des séances mondiales

Pour certains nouveaux abstinents, ce mode de fonctionnement virtuel est même un avantage. «Pour les plus timides, cela peut être plus facile à faire comme première démarche que de se rendre physiquement à une séance», remarqué José. Les AA ont également la possibilité de participer à des réunions internationales par vidéoconférences. «Par exemple, tous les après-midi, les Francophones peuvent se joindre à un groupe. Hier, je me suis connecté sur une séance à Paris où il y avait 150 personnes. C’était une expérience étonnante», raconte José.

Rien ne remplacera cependant les réunions dans la vie réelle et l’aspect humain qui s’en dégage. «Le virtuel permet de dépanner les gens, mais les séances habituelles manquent», reconnaît José.
Les AA ont une permanence téléphonique au numéro gratuit 0848 848 846. Infos sur le site des AA Valais.

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