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Coronavirus: en Valais, après la prévention, place à la répression

En ville comme en montagne, les patrouilles se multiplient pour veiller aux respects de mesures contre la pandémie. Elles n’hésitent pas à mettre les contrevenants à l’amende. Reportage dans les rues de Sion.

25 mars 2020, 12:00
En 90 minutes de patrouille, les policiers ont amendé cinq personnes.

«Le temps de la prévention est révolu». D’emblée Stève Léger donne le ton. Le porte-parole de la police cantonale le martèle, les patrouilles sur le terrain font preuve d’intransigeance pour s’assurer du respect des mesures édictées par le Conseil fédéral. La preuve par l’acte suivra.

Ce lundi après-midi, le sergent Sylvain Gauchat et l’appointée Gaëlle Bochatay quadrillent la Ville de Sion. Pour amender d’éventuels contrevenants, mais aussi pour se rendre visible. Rassurer la population, disent-ils. Et, au besoin, l’aiguiller. «C’est devenu l’essentiel de notre travail», glisse le sergent. «Mais le monde ne s’est pas arrêté de tourner, il y a toujours d’autres interventions (accident, urgence domestique, etc.) pour lesquelles nous sommes mobilisés», ajoute sa collègue.

Le temps de la prévention est révolu.
Stève Léger, porte-parole de la police cantonale

Si le dispositif lié au Covid-19 est important – une centaine d’agents sont déployés tous les jours – les forces de l’ordre restent actives sur tous les fronts. «La lutte contre la pandémie est notre priorité. Mais les différents contrôles, notamment concernant le trafic, sont toujours en place», précise Stève Léger. En filigrane de son discours, la crainte que certains citoyens ne cultivent un sentiment d’impunité.

 

À distance, les deux policiers quadrillent la vieille ville de Sion. © Sedrik Nemeth

Peu de passants, mais des contrevenants

Retour sur le pavé. La rue du Grand-Pont est déserte. Sylvain Gauchat et Gaëlle Bochatay se tiennent à distance, exemplarité oblige. «Il y a eu une vraie prise de conscience. Jour après jour, il y a de moins en moins de personnes dans les rues», expliquent les policiers. Selon eux, ce sont surtout «certains jeunes» qui peinent à respecter les mesures.

En règle générale, les gens finissent toujours par comprendre.
Gaëlle Bochatay, appointée

Quelques minutes plus tard, la patrouille remet à l’ordre deux adolescentes et un trentenaire assis côte à côte sur une marche d’escaliers, à l’Avenue du Ritz. Ils sont peut-être moins de cinq dans l’espace public, mais ne respectent pas la distance sociale de deux mètres. Ils repartiront donc avec une amende de 100 francs chacun, payable dans les 30 jours. «Je n’étais pas au courant qu’il fallait garder un tel écart entre nous», se défend l’intéressé. «Cela fait 6 semaines qu’on vous le répète», répond l’appointée. Le ton reste cordial.

L’échange se soldera d’ailleurs par les remerciements des contrevenants. «En règle générale, les gens finissent toujours par comprendre», sourit la policière.

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De la prévention indirecte

À quelques encablures de là, aux abords de la Cathédrale, deux jeunes partagent une bière. À la vue des forces de l’ordre, ils prennent davantage de distance. Trop tard. Comme les autres, ils devront s’acquitter d’une amende de 100 francs. La sentence paraît sévère. «Nous n’avons pas le choix, tout le monde est logé à la même enseigne. Nous sommes dans une démarche répressive, c’est le meilleur moyen de faire comprendre l’urgence de la situation aux gens», reprennent les agents.

Ces patrouilles sont devenues l’essentiel de notre travail.
Sylvain Gauchat, sergent

Et l’intransigeance génère un certain écho. «Ils vont probablement raconter cette histoire à leurs amis qui la répéteront à d’autres. C’est aussi une manière efficace de faire de la prévention», explique Sylvain Gauchat.

La solidarité 2.0 échappe aux aînés

Alors que la patrouille croise une personne âgée, elle lui demande si un proche est en mesure de faire ses courses. «Je vais moi-même au magasin», répond l’octogénaire. Les policiers lui listent alors quelques options possibles. «Il y a un bel élan de solidarité de la part de la population, le problème, c’est que ces groupes s’organisent sur les réseaux sociaux et que les aînés utilisent très peu l’ordinateur». Et s’autorisent des sorties ponctuelles. Même déconnectées, elles cherchent à tisser des liens.

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