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Coronavirus – «Durant la première semaine d’avril, il y a eu en Suisse 40% de décès de plus que la normale»

Répondant à vos questions, le directeur général de l’Hôpital de Sion évoque ce dimanche la comparaison du COVID-19 avec la grippe, les systèmes pour remonter les chaînes de contamination ou encore l’immunité collective.

19 avr. 2020, 18:17
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Entre vendredi et dimanche, nous sommes passés de 91 à 71 patients hospitalisés en raison du COVID-19."

Eric Bonvin, le nombre de patients hospitalisés a sensiblement baissé durant ce week-end ? 

Oui, nous sommes passés de 91 patients vendredi à 71 dimanche dont 15 aux soins intensifs. Sur les 336 patients valaisans atteints par le Coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 21 ont pu quitter les soins intensifs et 202 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux. 

Peut-on, après un mois de pandémie, affirmer que le COVID-19 tue plus que la grippe ?

En effet, il apparaît que le Covid-19 entraîne un nombre de décès plus élevé que d’habitude en Suisse, avec par exemple 40 % de décès de plus que la normale durant la première semaine d’avril. Cela fait déjà trois semaines que le nombre de seniors décédés continue à être plus élevé qu’habituellement en Suisse. Et les chiffres sont déjà plus élevés que lors des dernières importantes épidémies de grippe saisonnière, sans compter que l’effet du COVID-19 se fait toujours sentir et qu’il devrait encore se prolonger. Cela dit, cette pandémie n’atteint pas encore les ravages qu’avaient faits les grandes pandémies de grippe de 1917-18, 1957 et 1968 qui furent particulièrement meurtrières.

Les applications pouvant permettre le traçage des chaînes de contamination possèdent deux obstacles majeurs.


Un lecteur aimerait savoir si l’on arrive aujourd’hui mieux qu’il y a un mois à remonter les chaînes de contamination pour prévenir les personnes ayant été en contact avec un malade ? Et quid des nouvelles applications sur le sujet ?    

Des applications numériques utilisées sur un mode volontaire sont en effet à l’étude mais leur utilisation rencontre deux obstacles majeurs. Le premier en lien avec l’enquête d’entourage qui doit suivre la récolte de ces données, qui est chronophage et nécessite de nombreuses ressources humaines. Une infirmière de santé publique ne peut effectuer que 4 à 5 enquêtes par jour et notre capacité serait donc dépassée au-delà de 100 enquêtes quotidiennes. Le second obstacle tient à la technologie elle-même qui requiert d’être transparente et sûre du point de vue de la protection des données. Or les industries du numérique et de la télécommunication ne garantissent pour l’heure ni cette transparence, ni la protection et la fiabilité des données. Ce sont notamment ces raisons qui rendent difficile l’usage de telles applications. 

Un lecteur dont son fils reprend l’école le 11 mai se demande comment gérer sa mère de 80 ans qui vit avec eux ?       

Comme pour les parents et les enfants vulnérables, il est extrêmement difficile d’apporter une réponse définitive à cette question. Il faudra quoi qu’il en soit éviter les contacts de proximité avec la personne à risque et, pour chaque membre de la famille, assurer une bonne hygiène des mains. Il sera en l’occurrence préférable de soumettre la situation au médecin traitant de la grand-maman et aux autorités scolaires de l’enfant.

Le maintien des règles d’hygiène et de distance est plus important que jamais pour pouvoir alléger certaines règles de déconfinement

Plusieurs lecteurs se disent perdus avec les nouvelles directives : pourquoi maintenir les règles d’hygiène  - 5 personnes max et 2 m – alors qu’à l’école des petits ou à la crèche, il est impossible de les appliquer tout comme lors des enterrements où plus de monde pourra s’y rendre qu’aujourd’hui.  Tout cela est contradictoire selon eux ?

Le maintien des règles d’hygiène et de distance est certainement plus important que jamais pour pouvoir alléger certaines règles de confinement. Les relâcher ou les supprimer totalement ne pourrait que conduire à une nouvelle flambée épidémique. Dans ce contexte, où les enfants semblent être ceux qui transmettent et souffrent le moins de cette maladie, on peut comprendre que nos autorités veuillent entreprendre la deuxième étape par là. Mais des mesures devront tout de même être prises pour limiter au maximum leurs interactions, notamment avec des adultes en respectant au mieux la distanciation sociale. Et il en sera de même pour les cérémonies funéraires, pour lesquelles il s’agira de faire preuve d’humanité en pouvant accueillir quelques proches au-delà du strict cercle familial mais en respectant la bonne distance sociale et la restriction du nombre de participants. 

Plusieurs personnes à risque nous disent avoir reçu un refus des pharmacies, du cabinet médical et de l’hôpital pour avoir des masques. Ils se demandent comment en obtenir ?

Si ces commerces et institutions ne peuvent en fournir, c’est bien parce qu’ils peinent également à en obtenir. C’est encore très difficile, mais la situation pourrait changer avec l’effort important que la Confédération semble vouloir faire dans ce domaine. Il faut cependant rappeler que le masque est une précaution qui n’est utile que lors d’un contact rapproché inévitable avec une autre personne, notamment lors d’un soin, et qu’une hygiène des mains rigoureuse doit être garantie avant, pendant et après son usage.

 Si la qualité de l’immunité naturelle est suffisante pour permettre à un vaccin de la distribuer au sein de la population, nous obtiendrons alors une très grande protection face à ce coronavirus.

Avec ce déconfinement par étape, peut-on imaginer qu’une immunité collective se fasse avant l’apparition des premiers vaccins ? Et cette immunité est-elle justement plus importante qu’un vaccin ?

Cela dépendra en premier lieu de la qualité de l’immunité naturelle que développera l’humanité face à ce virus et sur laquelle reposera entièrement l’efficacité d’un vaccin. Mais nous n’en savons encore pas suffisamment sur l’immunité acquise par les personnes « guéries » de la maladie, ni sur sa durée le cas échéant. De nombreux protocoles de tests sérologiques sont en cours afin d’obtenir davantage d’informations sur cette question. Si la qualité de l’immunité naturelle est suffisante pour permettre à un vaccin de la distribuer au sein de la population, nous obtiendrons alors une très grande protection face à ce coronavirus. Cependant et contrairement à la variole, la rougeole ou l’hépatite B qui ne sont véhiculées que par les humains, le réservoir du coronavirus est animal et l’humanité restera quoi qu’il en soit dépendante de son évolution au sein du monde animal. Les récidives seront donc très probables et le vaccin n’offrira qu’une protection individuelle et probablement pas collective de façon durable. La question de la protection des personnes n’ayant pas contracté le virus reste dès lors entière.
 

La barre des 100 décès dépassée en Valais

La barre des 100 patients décédés du coronavirus en Valais a été dépassée ce week-end. Avec un nouveau décès entre vendredi et samedi et six nouveaux décès enregistrés entre samedi et dimanche, le nombre total de victimes du Covid-19 dans notre canton est désormais de 103, dont 50 en milieu hospitalier.

Les sept personnes décédées ce week-end appartenaient à un groupe à risque, tel que défini par l’OFSP.
Dimanche après-midi, les hospitalisations en cours étaient au nombre de 82, soit 23 de moins que la veille. Le nombre de patients en soins intensifs – 20 – reste quant à lui inchangé. Neuf patients sont sous respirateurs, soit 6 de moins que samedi.  

Avec 19 personnes sorties de l’hôpital dimanche, le total de patients guéris suite à une hospitalisation s’élève désormais à 204. Enfin, le nombre de cas confirmés de contamination dans le canton se monte à 1755, soit 11 de plus qu’au début du week-end. NOF

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