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Coronavirus: «Dans cette crise, tout le monde aimerait avoir des certitudes, mais personne n’en a»

Ce lundi, Eric Bonvin, le directeur de l’Hôpital du Valais évoque à travers vos questions les visites en soins intensifs, les changements de recommandation de l’OFSP et un appel aux touristes pour ce mois d’avril.

06 avr. 2020, 21:53
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais: "Aujourd'hui, 31 patients sont morts à l'hôpital depuis le début de la pandémie, 8 ont pu quitter les soins intensifs et 110 ont pu rentrer chez eux."

Eric Bonvin, quelle est la situation à l’Hôpital du Valais lundi en fin de journée? 

Nous avons aujourd’hui 130 patients hospitalisés chez nous dont 22 aux soins intensifs. Sur les 284 patients valaisans atteints par le coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 8 ont pu quitter les soins intensifs et 110 ont été suffisamment rétablis pour rentrer chez eux.

Vous avez 22 patients en soins intensifs et une centaine en chambre. Sur votre site, vous dites qu’un visiteur sans risque est autorisé auprès du patient pendant dix minutes. Or, un lecteur nous dit que sa famille n’a jamais pu voir son oncle en soins intensifs sauf par message audio. Qu’en est-il? 

Afin de contrôler au mieux le risque de contamination, l’Hôpital du Valais se voit malheureusement dans l’obligation de réglementer les visites aux patients, également à ceux souffrant du Covid-19 et en situation instable. Pour ces derniers et afin d’éviter toute transmission du virus, les visites ne sont pas autorisées. Cependant, l’équipe médico-soignante établit quotidiennement un contact avec les proches. En cas d’aggravation, nous autorisons un seul visiteur ne faisant pas partie de l’une des catégories à risque, mais chaque situation reste soumise à l’évaluation du corps médical. Sur demande, nous pouvons mettre une tablette électronique à la disposition des patients et des familles, leur permettant de se voir à distance, de parler, de se recueillir ou de prier ensemble. Ces mesures sont malheureusement rendues nécessaires par les circonstances exceptionnelles que nous vivons et nous sommes évidemment sincèrement désolés de leur caractère contraignant.

Pour les patients souffrant du Covid-19 et en situation instable, les visites sont malheureusement interdites.


Au niveau du virus à mi-mars, un lecteur a été mis en quarantaine cinq jours par son médecin, puis cette quarantaine a passé à dix jours et aujourd’hui on parle de quatorze jours en Espagne. Cette évolution des prescriptions démontre-t-elle une méconnaissance des effets de ce virus?

Il est vrai que l’OFSP a changé cette recommandation sur la quarantaine en la faisant passer de cinq à dix jours. Cela vient du fait que les effets et la contagiosité du virus sont aujourd’hui mieux connus qu’à la mi-mars, car nous avons affaire à un nouveau virus dont on ne sait que depuis peu de temps ce qu’il provoque. En l’occurrence, nous avons appris que la durée moyenne de la contagion se situe à 5-6 jours avec un maximum, rare, à 14 jours. Dans cette crise, tout le monde aimerait avoir des certitudes, mais personne n’en a et c’est aussi cela qui rend les choses difficiles. Nous pouvons essayer d’influencer les choses, mais c’est la nature qui dicte le rythme, et les autorités sanitaires sont amenées à adapter leurs recommandations à l’évolution des connaissances sur le sujet.

Il vaut la peine de bien réfléchir avant de se déplacer dans des régions touristiques durant ce mois d’avril.


Plusieurs lecteurs s’étonnent ou s’énervent de voir de nombreux touristes débarquer dans leurs résidences secondaires alors qu’ils sont tout à fait dans leur droit. Comme directeur de l’Hôpital du Valais, quel message leur adressez-vous pour ces vacances de Pâques? 

Ce que nous savons des virus, c’est que tout mouvement important de population tend à aggraver le problème. Comme l’a rappelé aujourd’hui le conseiller fédéral Alain Berset en Valais, ce mois d’avril sera très différent des autres. Il vaut la peine de bien réfléchir avant de se déplacer dans des régions touristiques et de surcharger des cantons qui font face à d’importants défis pour maîtriser la pandémie de coronavirus. Cantons de villégiature, le Tessin et le Valais sont parmi les plus atteints en Suisse et paient déjà un large tribut à la pandémie. Enfin, nous invitons également à ne pas venir en Valais pour une activité de loisir au risque de provoquer des accidents pouvant potentiellement engorger nos soins intensifs.

Depuis ce matin, sur les réseaux sociaux circulent une photo de Daniel Koch avec un masque de protection lors la grippe aviaire de 2007. A ce moment-là, l’OFSP proposait l’achat d’une boîte de 50 masques par personne. Qu’est-ce qui a changé depuis?

Daniel Koch y a répondu cet après-midi en Valais devant la presse. En 2007, la situation était différente et il était effectivement conseillé de faire un petit stock à la maison, qui aurait pu servir dans le cas où les gens tomberaient malades. Cette recommandation est d’ailleurs restée valable par la suite et le serait encore aujourd’hui si nous ne connaissions pas cette situation de pénurie en raison des difficultés d’approvisionnement. Quoi qu’il en soit, le masque est uniquement nécessaire à des fins de prévention lorsque l’on risque de croiser du monde et que les distances sociales risquent de ne pas pouvoir être respectées. 

Aujourd’hui, les HUG et le CHUV tentent de détecter, à travers deux études, la présence d’anticorps produits par l’organisme pour combattre le virus

Plusieurs lectrices et lecteurs qui ont eu les symptômes du coronavirus, mais qui n’ont pas été contrôlés nous demandent si c’est important un jour de faire un test pour savoir s’ils l’ont contracté? 

Des études, dont une aux Hôpitaux universitaires de Genève et une autre au CHUV, ont été lancées sur l’immunité de la population au moyen de tests sérologiques car ceux-ci ne sont à l’heure actuelle pas très fiables. Avec ces études, les chercheurs souhaitent détecter la présence d’anticorps produits par l’organisme pour combattre le virus et évaluer la qualité de la réponse immunitaire. Si une immunité, qui pourrait être plus ou moins longue, était mise en évidence, cela pourrait être une information importante pour ces personnes, par exemple pour savoir si elles doivent être vaccinées ou non dans l’éventualité où un vaccin serait trouvé.

On termine avec une question comportementale: une lectrice nous demande quelles sont les mesures à prendre lorsque l’on doit utiliser le véhicule d’autrui?

Si l’utilisateur précédent du véhicule n’est pas malade, ou qu’il ne présente pas de symptômes de la maladie, il n’y a pas de mesure particulière à prendre autre que de veiller à une bonne hygiène des mains. Par mesure de précaution, on peut toutefois nettoyer avec un produit désinfectant les surfaces en contact avec les mains.

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions existent aussi sur le site de l’Hôpital du Valais: www.hopitalvs.ch/coronavirus

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