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Comment réinventer les derniers adieux au coeur de la crise du coronavirus

Des cérémonies en catimini qui doivent respecter les restrictions en vigueur face au coronavirus. Quand les gestes de réconfort et la présence physique pour aider les familles dans la peine ne sont plus possibles, il faut trouver d’autres moyens pour les soutenir.

01 avr. 2020, 18:00
/ Màj. le 08 avr. 2020 à 17:00
Une bougie à une fenêtre dans le canton de Nidwald, symbole de solidarité au coeur de cette crise du coronavirus. (Image d'illustration)

De cinq à quinze personnes pas plus. Les cérémonies d’adieu aux défunts, quelle que soit la cause du décès, sont limitées depuis quelques semaines à la stricte intimité. La crise sanitaire engendrée par le coronavirus chamboule ainsi jusqu’au deuil des familles.

«La mort a un aspect intime, mais a aussi un aspect social. L’accompagnement de fin de vie, les rituels funéraires sont collectifs», commence Rita Bonvin, infirmière en soins palliatifs et membre de l’association En Vie de dire la Mort. «Ce sont des moments durant lesquels on s’appuie sur la famille au sens large et la communauté. Comme cette épidémie met à mal cet aspect collectif, cela induit de la souffrance.» Mais quand les rituels traditionnels sont impossibles, il faut réinventer le réconfort, imaginer des manières de se retrouver et de faire son deuil.

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Se retrouver en des temps meilleurs

En première ligne aux côtés des familles dans la peine, on trouve bien souvent les prêtres. Ils ont dû adapter leur manière d’accompagner les personnes dans ces moments douloureux. «Il est tellement important de permettre aux gens d’exprimer leur douleur», commence Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion. «Les prêtres usent d’autres modes de communication comme les entretiens par téléphone. Même si nous avons bien conscience que cela ne remplace pas une vraie rencontre.»

Il est tellement important de permettre aux gens d’exprimer leur douleur.
Pierre-Yves Maillard, vicaire général diocèse de Sion

Dans les faire-part, publiés uniquement après la cérémonie dans la stricte intimité, beaucoup de familles prévoient déjà une célébration publique quand le virus ne sera plus qu’un mauvais souvenir pour rendre hommage en bonne et due forme à leurs proches. C’est une manière «de partager la peine et l’espérance dans un contexte plus apaisé», estime le vicaire général. «Cela revient un peu à l’ancienne pratique des messes «de 7e» après une semaine ou «de 30e» après un mois, en laissant davantage de temps pour vivre les différentes étapes de la séparation».

 

 

Signifier son soutien par tous les moyens possibles

Quel que soit le cadre, religieux ou laïc, l’essentiel, face à cette situation de distanciation sociale, semble être de se rapprocher autrement et malgré tout.

Au moins, il faut se rendre disponible pour parler si la personne en ressent le besoin.
Anik Debrot, maître assistante à l’Institut de psychologie de l’Université de Lausanne

Anik Debrot, maître assistante à l’Institut de psychologie de l’Université de Lausanne relève qu’il est important de signifier son soutien et son affection par tous les moyens possibles sans se laisser décourager. «Cela peut passer par des appels téléphoniques ou vidéo, une lettre des messages ou une aide concrète, comme préparer un repas pour le déposer chez la famille endeuillée. Au moins, il faut se rendre disponible pour parler si la personne en ressent le besoin». Face au chamboulement provoqué par la perte d’un proche, chacun réagit à sa manière.

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Le dernier message doit exister

Dans cette période de crise, l’accompagnement des derniers instants de vie des personnes atteintes par le virus peut également être perturbé. «Il faut pouvoir dire au revoir à la personne avant qu’elle parte. Pouvoir lui envoyer une lettre à faire lire par les soignants, lui téléphoner par exemple. Même si la personne ne peut pas répondre ce dernier message aura existé», conseille Rita Bonvin. «Les paroles de base sont l’amour, la gratitude et les pardons. Si on peut écrire ce texte et le garder pour une cérémonie à venir, cela peut aider».

Il faut pouvoir dire au revoir à la personne avant qu’elle parte. Même si elle ne peut pas répondre.
Rita Bonvin, infirmière en soins palliatifs et membre association En Vie de dire la Mort

Lorsque cette crise prendra fin, Rita Bonvin et les autres membres de l’association En Vie de dire la Mort caressent l’espoir d’organiser quelque chose de collectif à large échelle pour dire adieu à tous ceux qui sont partis durant cette période hors du commun. «L’idée est de marquer cet aspect collectif du deuil que l’on ne peut pas vivre aujourd’hui une fois l’épidémie passée». En attendant, sur son site internet, l’association donne de nombreuses pistes pour aider les familles à faire leur deuil.

 

Une aide en ligne 

Si ça fait plus de six mois que vous avez perdu un être cher et que vous sentez que cela est toujours pesant pour vous, vous pouvez trouver du soutien en participant à une intervention par internet qui cible les difficultés liées au deuil. Une aide en ligne pour les deuils difficiles existe à cette adresse.

 

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