Ce qui vous a le plus manqué
Les relations sociales avec les proches et la famille
La crainte de la maladie aura été la chose la plus difficile à supporter durant ce semi-confinement, tandis que les relations avec la famille et les amis représentent ce qui a le plus manqué aux 2000 sondés. Le philosophe Johan Rochel n’est pas surpris par ce double premier constat. «Durant cette période, les gens se sont focalisés sur les choses existentielles, à savoir la santé des leurs. La situation était compliquée, car la famille était justement l’un des lieux de danger important.» Tout le reste – la culture, le sport et les loisirs – est devenu très rapidement moins important. «Cette rétrogradation est normale, mais aussi rassurante», poursuit le Montheysan.
Le plus dur à supporter
L’inconnu et la crainte de la maladie
Le sondage le démontre également, la perte de revenu n’a de loin pas été l’élément le plus difficile à supporter. «Cela prouve qu’en Suisse, le filet social fonctionne et que les mesures prises par les autorités ont permis à court terme d’éviter de grandes casses», estime Karin Perraudin. Le sociologue Gabriel Bender tient à rappeler qu’une partie importante de la population a poursuivi son travail comme avant, voire plus pour certains. «Elle ne peut donc pas avoir un sentiment de manque comme le questionne le sondage. Aujourd’hui, dans les différentes analyses, ce serait injuste d’occulter celles et ceux pour qui la vie a peu changé ou s’est améliorée pendant ces trois mois.»
Ce que vous avez le plus apprécié
Moins se déplacer plutôt que moins dépenser
La plus grande satisfaction des 2000 sondés aura été d’avoir pu limiter leurs déplacements. En raison certainement du télétravail pour le secteur tertiaire de l’économie, mais aussi de l’absence d’activités de loisirs durant ces deux mois. Pour Gabriel Bender, cette période n’est pas suffisamment longue pour espérer un changement sur le long terme. «En général, on considère qu’il faut au moins deux ans pour qu’une nouvelle habitude soit ancrée. La plupart des gens vont donc reprendre leur train-train. Je pense par exemple que très peu de personnes auront échangé leur voiture contre une plus petite cylindrée ou un vélo électrique d’ici la fin de l’année contrairement à ce qui a été souvent entendu durant le semi-confinement.»
Johan Rochel parle, lui, de cette «pause forcée comme d’une expérience sociale unique, car c’est la première fois depuis la guerre qu’elle est collective». Sa durée de deux mois et demi et ses conditions moins strictes qu’en France ou en Espagne expliquent, selon lui, la bonne perception des sondés. «Etre confiné en Valais n’a par exemple rien à voir à ce qui se passe dans une grande ville en matière de proximité avec la nature. Mais tout dépend aussi de la situation personnelle de chacun.» Toutefois, Gabriel Bender est persuadé que cette expérience sociale unique n’a pas changé les personnes. «Au contraire, leur nature a été renforcée, exacerbée. Quelqu’un qui est antivaccin se sent confirmé. Un inquiet plus anxieux, un altruiste plus généreux.»
Le travail des autorités bien apprécié
Confiance dans les mesures prises par le pouvoir fédéral et cantonal
Plus de 80% des sondés se montrent satisfaits à très satisfaits du travail des autorités politiques tant fédérales que cantonales. «Pourtant, elles n’ont pas tout fait juste», affirme Gabriel Bender «mais elles ont eu l’intelligence et l’humilité de reconnaître qu’elles ne savaient et ne maîtrisaient pas tout face à un virus dont les données changeaient très rapidement.» Johan Rochel n’a d’ailleurs pas été surpris par la grande obéissance des Suissesses et des Suisses face aux décisions politiques. «Nous sommes très proches de nos autorités politiques, nous avons l’occasion de participer aux décisions. En période de crise, ce capital confiance s’avère crucial et la population a l’impression d’être prise au sérieux. Au final les décisions prises sont un peu nos décisions.
les décisions étaient les siennes.
Vous voulez vivre autrement
Ce que vous souhaitez changer dans votre vie…
Le commerce local et la famille comme nouvelles priorités
Le plus grand changement désiré par les 2000 sondés est une consommation plus locale qu’aujourd’hui. Nos trois experts croient en cette volonté sur la durée. «L’agriculture doit vraiment profiter du trend de ces trois derniers mois qui a vu exploser cette vente de proximité pour développer encore plus son offre en la matière», estime Karin Perraudin. Par contre, le philosophe Johan Rochel espère que cette crise va permettre de cesser d’opposer «le local et le connecté, car il s’agit d’une seule et même vie pour la majorité des générations. Je peux aussi bien acheter local que bénéficier des avantages du e-commerce. On peut vivre plus local, tout en étant connecté avec des personnes et des informations venues de partout.»
… et dans votre vie professionnelle
Seul un tiers ne veut rien changer
Sur le plan professionnel, nos trois experts pensent également que le télétravail va perdurer alors que de nombreux obstacles étaient souvent évoqués avant la crise. «Les patrons d’entreprise sont en règle générale des conservateurs qui n’aiment pas trop changer les choses. Le Covid-19 a joué un rôle de test en accéléré qui a fonctionné aussi bien pour le télétravail que pour le temps partiel. Ils peuvent maintenant transformer l’essai car ils ont été rassurés», argumente le sociologue Gabriel Bender. «Au Groupe Mutuel, nous avons déjà annoncé à nos collaborateurs qu’ils pourraient à l’avenir faire du télétravail jusqu’à deux jours par semaine», lui répond Karin Perraudin qui attend désormais du manager une autre manière de coacher ses employés. «Pendant cette période, les entreprises n’ont pas perdu en productivité avec une accélération de cette numérisation.»
Ce que vous craignez le plus après ce semi-confinement
La distanciation sociale et la maladie
Karin Perraudin ne le cache pas. Elle a été surprise de voir que les personnes sondées craignent plus les mesures permanentes de distanciation sociale que les conséquences économiques de la crise. «Avec les mesures de RHT notamment, la population ne perçoit pas encore complètement la crise à venir et a donc tendance à la minimiser. Pourtant, je connais plusieurs entreprises qui ont malheureusement déjà dû licencier.» Johan Rochel craint lui que cette crise sociale, après la crise sanitaire «touche deux fois les mêmes personnes qui étaient déjà au front ces trois derniers mois. Le politique devra apporter une réponse sociale sur le long terme, après avoir dû gérer l’urgence sanitaire sur le court terme.» D’ailleurs, le philosophe montheysan est persuadé que cette crise influencera de nombreuses décisions politiques. «Je pense que le débat n’aurait pas été le même sur la rente-pont aux chambres la semaine dernière. Et elle influencera aussi la future Constitution valaisanne.»
Les risques majeurs pour le valais
Une crise générale
Pas question par contre pour Johan Rochel d’imaginer un changement des grandes structures macroéconomiques. «Ce ne sera pas la fin de la mondialisation, mais plutôt un recadrage des priorités et une prise de conscience à l’échelle individuelle.»
Sur le plan économique, le mot «récession» est évidemment prononcé. «Les gouvernements des cantons les plus touchés devront soutenir fortement leur économie et l’orienter aussi à travers des mesures fiscales ciblées.» Mais la présidente du Groupe Mutuel croit aussi en des occasions «liées notamment à une volonté de relocalisation» et une plus grande efficacité. «Beaucoup de beaux projets économiques ont été réalisés en quelques jours comme notre initiative de soutien aux indépendants avec Qoqa et la Vaudoise Assurances. En temps normal, il aurait fallu plusieurs mois pour développer un tel partenariat.»
Où comptez-vous partir en vacances?
78% des sondés veulent rester en Suisse
Au début juin, 78% de nos sondés affirmaient vouloir passer leurs vacances en Suisse et même 33% dans leur propre région. Seul 6% désiraient aller plus loin qu’un pays limitrophe pour passer du bon temps. «Ce dernier chiffre est normal», estime Gabriel Bender. «Contrairement aux apparences, les voyages au long cours dans un pays lointain ne concernent qu’une partie des vacanciers. Ils étaient 6% en 2017, le même chiffre que ce sondage.» Par contre, ils sont donc bien plus à vouloir rester en Suisse.
Réalisé au début juin
51% d’hommes
49% de femmes
6% entre 15 et 19 ans
30% entre 20 et 49 ans
41% entre 40 et 64 ans
17% entre 65 et 79 ans
6% plus de 80 ans
87% proviennent du Valais
5% du canton de Vaud
26% retraités
8% étudiants
66% dans la vie active
52% abonnés au «Nouvelliste»