Votre publicité ici avec IMPACT_medias
8

Coronavirus: une inalpe (presque) à huis clos

Alors qu'elle attire habituellement plusieurs centaines de passionnés, l'inalpe de la Forclaz s'est déroulée devant une poignée de spectateurs samedi matin. Reportage au cœur d'un événement pas comme les autres.

30 mai 2020, 18:00
Moins de monde que d'habitude pour assister à l'inalpe de la Forclaz, mesures sanitaires obligent.

Col de la Forclaz. 1527 mètres d’altitude. Le samedi 30 mai aurait dû être une grande fête. L’inalpe aura lieu en petit comité.

«D’habitude, c’est plein partout», explique François Moret, le gérant de l’alpage en faisant un grand geste circulaire. Cette année, il n’y a pas eu de publicité pour l’événement. Elle n’était pas autorisée.

Sur place, il n’y a pas de cantine. Pas de raclette. Pas de grillade. Juste un bar qui vend sandwichs et boissons. «On va perdre dans les 4000 francs», regrette le maître des lieux.

Entre l’écurie et le bar, une table met à disposition du gel hydroalcoolique. Une affichette rappelle que la distance de sécurité est de 2 mètres, soit la longueur d’une vache de la race d’Hérens… Ici, tout le monde comprend l’allusion.

De petits groupes se forment. Eparpillés de-ci de-là. L’habitude de se serrer la main, de se taper sur l’épaule a disparu. Il n’y a plus des mains qui se tendent et qui se rétractent au dernier moment. Les consignes sont rentrées dans les mœurs. On se salue de loin. On se touche le coude. Seul le curé a droit à une franche poignée de mains. La tradition est respectée, l’homme d’Eglise est là pour bénir le troupeau.

On se demande si la police viendra contrôler que les mesures sanitaires sont respectées. On se raconte que lors d’un mélange privé devant une écurie, un agent est passé.

Les personnes utiles et 30 spectateurs

Quinze minutes avant le début des combats, les bêtes sortent de l’écurie. Une à une. Et dévalent la pente qui les mène au lieu du mélange. L’espace est immense.

La Fédération suisse d’élevage de la race d’Hérens a émis ses consignes: ce week-end, n’ont le droit d’assister à l’inalpe que les personnes agréées, soit les propriétaires, les personnels de l’alpage et «les personnes utiles» au bon déroulement de l’événement. Et trente spectateurs. Le week-end prochain, dès le 6 juin, ce chiffre sera porté à 300.

Autour des cinquante lutteuses, il y a plus que trente personnes. Mais dispersées. Une partie du public reste même sur la route, à bonne distance. C’est là-haut que circule une bouteille qui passe de bouche en bouche. Ailleurs, les normes sanitaires sont globalement respectées.

Comme pour combler le cœur des humains venus les admirer, les reines s’en donnent à cœur joie. Les luttes sont intenses. Le spectacle grandiose. Comme d’habitude. Le coronavirus n’a rien enlevé aux bêtes, ni affecté la passion des propriétaires.

En monde dispersé

Peu avant midi, les bêtes rentrent à l’écurie. Pour le public, il n’y a que quelques tables pouvant accueillir quatre personnes. Des bancs sont à disposition, mais encore empilés les uns sur les autres. Chacun est libre d’en prendre un et de le placer à sa convenance. Chacun est responsable. Un banc se retrouve quelques mètres plus haut. D’autres pique-niquent près de leur voiture. D’autres repartent.

La journée a été particulière. Mais la vie a repris et les reines sont de retour.

 

 

Des luttes très engagées

La saison 2019 de l’alpage de la Forclaz s’est terminée avec un classement très particulier, sans reine, mais avec deux bêtes classées troisièmes au sommet de la hiérarchie: Tyrana de Sylvain Gay des Combes et Tennesse et François Moret.

Dans ces conditions, il faudra sans doute plusieurs jours avant que les choses se décantent.

Le premier matin de l’alpage, des outsiders se sont démarquées. Tilka de Benoît et Joelle Lattion a défendu son espace sans perdre de lutte. Alors que Fiby de Yan Maret et Lionne de Benoît Lattion ont lutté pendant plus d’un quart d’heure avant que la première nommée ne cède.
 

Votre publicité ici avec IMPACT_medias