1ER JOUR, 830 mètres d'altitude, plus une voiture
Tout commence par des rizières en terrasses où les libellules brouillent le miroir de l'eau, un épi au bec, l'aile cristalline. Sous le long robinet d'une chute d'eau, d'autres insectes s'éclaboussent dans la pression les gosses du village. Ah, les gosses du village... Plus bas dans le courant, on étend sur les bambous des vêtements en pétales: leurs soeurs qui font la lessive du monastère. Sur la route défilent comme un train marchandise deux caisses de trente poulets, de la farine de maïs, septante-deux bouteilles de coca, deux sacs de ciment, et ces petites jambes que l'on aperçoit juste au-dessous, ce sont celles de leurs pères, les porteurs. Et dans chaque maison, un thé au lait qui vous attend auprès de leur mère avec ces mots en guise de bonjour: «Avez-vous déjà mangé?», «A bientôt... Allez lentement!» Un poule bien grosse vient...