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Les archéologues vaudois découvrent un puits de mine à L'Auberson

Les connaissances sur l'exploitation du minerai de fer dans le Jura vaudois à la fin du XVIIIe siècle font un bond grâce à la découverte d'un puits de mine à l'Auberson (VD).

27 juin 2012, 15:20
Vue en contre-plongée du puits.

L’extraction du minerai de fer à L’Auberson sur la commune de Sainte-Croix est une activité surtout connue par les données historiques. Attestée depuis le Moyen Âge elle semble s’arrêter autour de 1812.

Les toponymes « Sur les mines » et « Vers les mines » sont des traces éloquentes de cette activité qui s’est intensifiée jusqu’au XIXe siècle. Après cette période, les minerais locaux, trop pauvres, sont remplacés par des matériaux importés, induisant l’abandon de l’exploitation.

Elle connaît toutefois une brève reprise durant la première Guerre Mondiale, où le fer devient un matériau de premier plan. L’industrie du fer est plus facilement identifiable par les traces des sites de réduction, qu'il s'agisse de fours ou de scories.

Scannage

En février 2011, l’effondrement des madriers qui obturaient l’ouverture d'un puits de mine, sous le poids d’un engin agricole, a attiré l'attention de l’association Caligae qui a signalé cette découverte à l’Archéologie cantonale.

Cette dernière a décidé d'y mener une intervention archéologique d'un type encore inédit. Menées en octobre 2011, les opérations ont visé à explorer le puits, procéder à son scannage, à en fouiller le pourtour et dater les structures découvertes.

L’infrastructure mise en œuvre est importante et a nécessité le concours de spéléologues et de scientifiques spécialisés dans le scannage en 3D sous l’égide de l’ISSKA (Institut suisse de spéléologie et de karstologie).

Le puits a dû être préalablement vidé de l'eau de la nappe phréatique. Il a ensuite été exploré jusqu'à la profondeur de 16 m avant que les chercheurs ne soient stoppés par une couche de limon dans laquelle de nombreuses pièces de bois étaient enchevêtrées.

Le fer exploité jusqu'en 1812

Une trentaine d’éléments en bois travaillés ont été extraits pour inventaire. Il s’agit de troncs fendus en deux dans la longueur, de madriers, de planches dont la plus longue mesure plus de 4 m de long, et de troncs bruts d’épicéa.

Le puits, de section carrée de 2.25 m de côté, présente un boisage sur une dizaine de mètres. Il est constitué d’une soixantaine de madriers d’épicéa jointoyés, liés à mi-bois aux angles, daté de 1801 par dendrochronologie.

Les sources historiques mentionnent que le fer aurait été exploité jusqu’en 1812, ce qui fournit pour ce puits une durée d’extraction d’une dizaine d’années. Une échelle, partiellement conservée, et encore fixée au bois par des fiches métalliques, permettait l’accès aux profondeurs du puits. Elle a livré la même datation que le coffrage. Des encoches dans le boisage pourraient être les négatifs d’un système d’encastrement d’une plate-forme intermédiaire.

La fouille autour de l'ouverture du puits a révélé des trous de poteaux qui sont probablement les vestiges d’une superstructure qui le couvrait, ou de bâtiments annexes. Leur datation par dendrochronologie a livré une date légèrement antérieure, aux alentours de 1790.

Morphologie profonde

Par ailleurs, une zone a pu être interprétée comme une halde, c’est-à-dire une aire de rejet de matériaux d’extraction.

Des opérations futures permettraient de répondre à plusieurs questions, notamment à celles de la morphologie profonde du puits qui avait sûrement des galeries, des structures permettant la remontée des matériaux et du mode opératoire des mineurs.

L’ouverture d’un autre puits dans le voisinage de celui-ci ainsi que les irrégularités du terrain rappellent que c’est tout l’environnement alentour qui porte les stigmates de l’exploitation du fer.

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