Texte et photos Bernard Pichon

«Les Suisses ont toujours apprécié notre région pour nos grands crus. Des collines de la Côte-d’Or aux vins du Mâconnais, nos domaines viticoles s’étendent sur plus de 250 km et se déclinent en pas moins de 84 appellations d’origine contrôlée», relève fièrement Sébastien, guide dans une agence spécialisée en visites œnologiques. Si sa clientèle est majoritairement anglo-saxonne, il se réjouit d’accueillir de plus en plus d’Helvètes: «Ils sont nombreux à s’intéresser à notre riche patrimoine historique et architectural, à nos châteaux et édifices religieux inscrits au patrimoine mondial par l’UNESCO. Et cet engouement devrait encore se développer depuis que Lonely Planet a classé la Bourgogne dans le top 10 des destinations mondiales à visiter en 2022.»

Châteauneuf offre un beau panorama sur la campagne environnante.

Autrefois marché de niche, la clientèle des randonneurs est aussi en pleine expansion, surtout autour du massif du Morvan, apprécié pour ses paysages… sans parler des gastronomes qui, eux, n’ont pas attendu la distinction de l’éditeur australien pour s’attabler du côté de Dijon.

Des villages haut perchés

Châteauneuf se voit de loin, que l’on roule sur l’autoroute A1 ou que l’on navigue sur le canal de Bourgogne. On repère surtout sa splendide forteresse médiévale. Avant de visiter ce précieux témoignage de l’architecture militaire bourguignonne du XIVe siècle, on flâne le long de ruelles bordées de belles demeures autrefois construites par de riches marchands, aujourd’hui souvent rachetées par de fortunés étrangers. Au Moyen Age tardif, elles servaient aussi de boutiques, comme en attestent les larges baies dont elles sont percées.

Volaille à La Cuisine de la Fontaignotte (Semur).

Semur-en-Auxois est dressée sur un plateau de granit rose. Il faut longer une boucle de l’Armançon pour saisir – en contre-plongée – toute la majesté de ce bourg fortifié, encore partiellement cerné de remparts. Une fois franchies les portes Sauvigny ou Guillier, on arpente des ruelles pavées bordées de maisons à pans de bois. On photographie une élégante collégiale gothique, restaurée au XIXe siècle par l’incontournable Viollet-le-Duc.

Flavigny-sur-Ozerain est aussi classé parmi les Plus beaux villages de France; on comprend vite pourquoi.

Egalement installé au sommet d’une butte, ce bourg a tout pour plaire: murailles médiévales, lacis de ruelles aux façades soigneusement restaurées, abbaye bénédictine du VIIe siècle, où l’on confectionne toujours de renommés bonbons à l’anis.

Cette cité bourguignonne a été classée Plus beau village de France.

Le fief de saint Bernard

L’abbaye de Fontenay a été fondée en 1118 par le célèbre moine de Clairvaux. Ce précieux ensemble de bâtiments est l’un des plus anciens domaines cisterciens.

Son dépouillement (l’ordre prônait la pauvreté et la solitude) contraste avec le surdimensionnement des annexes. Leurs différentes affectations renseignent sur le quotidien des religieux avant le déclin de leur domaine sous le régime de la commende (les abbés n’étaient plus élus par les moines, mais nommés par faveur royale): cloître, chauffoir, infirmerie, forge, boulangerie, chenil et pigeonnier.

A la Révolution française, on ne comptait plus qu’une douzaine de moines. Aujourd’hui, le domaine appartient à une famille qui en assure l’entretien et l’exploitation touristique.

Ruelle et boutique figurant dans le film «Le chocolat».

Evasion: trois pépites de Côte-d’Or

Si proche de la Romandie, la Bourgogne mérite mieux qu’une tournée des caveaux.