«Petite Solange»

Réalisatrice cinéphile et scénariste attitrée de Serge Bozon, Axelle Ropert poursuit une filmographie passionnante, truffée de personnages féminins à la fois intelligents, profonds et espiègles. Nous l’avons rencontrée à l’occasion de la sortie de «Petite Solange», son quatrième long-métrage de fiction, où elle aborde le divorce à hauteur d’enfant.

Bien dans sa peau

Comme l’indique le titre, c’est l’histoire de Solange, 13 ans, qui a tout d’une ado pleine de vie, curieuse et bien dans sa peau. Lorsque ses parents commencent à s’éloigner, elle ne peut se résoudre à la possibilité de leur séparation… Le film convainc d’abord grâce à son point de vue, qui évite les sempiternelles scènes de ménage, comme le précise la cinéaste: «Je voulais parler de la douleur universelle de l’enfant qui voit ses parents se séparer en la restituant telle que la vit l’enfant pour qui c’est insupportable.» Le personnage de Solange est porté par Jade Springer, une jeune actrice exceptionnelle. «Elle a quelque chose qu’on trouve rarement chez les jeunes acteurs, c’est à la fois un grand naturel mais aussi une profondeur de jeu, quelque chose d’un peu stylisé. Jade est ma grande fierté!»

Tournage en pellicule

Avançant par petites touches de quotidien, le film exprime à merveille le sentiment de Solange qui, tout à coup, réalise l’âpreté de la vie. Pour restituer les émotions du personnage, Axelle Ropert a choisi de tourner en pellicule: «Ce n’est pas du tout par fétichisme, mais parce que la pellicule est vivante, contrairement au numérique qui est une matière froide et inerte. Or pour filmer les visages et les émotions, il faut pouvoir retranscrire le grain de la peau.»

Décor intemporel

En tant qu’admiratrice de Truffaut et de Rohmer, elle a aussi fait le choix d’une grande littérarité. «Quand j’ai commencé à écrire le film, j’ai voulu trouver une petite sœur à Jean-Pierre Léaud dans «Les quatre cents coups». Je voulais des dialogues très écrits, qui donnent à jouer et bluffent le spectateur», précise la cinéaste, qui a choisi Nantes comme décor intemporel du film.

«Je me méfie beaucoup des films qui pensent capter l’air de leur époque et qui, six mois après, sont périmés. Je voulais que mon film soit de toute éternité. C’est pourquoi j’ai tourné dans le Nantes d’aujourd’hui, mais sans grands marqueurs de notre époque.»

Infos pratiques

d’Axelle Ropert, avec Jade Springer, Léa Drucker, Philippe Katerine, etc.
Durée: 1 h 25
Age légal/conseillé: 10/14

«Mort sur le Nil»

Sujet britannique, Kenneth Branagh est un acteur-réalisateur prolifique, comptant à son actif en plus de trente ans de carrière déjà 21 longs-métrages relevant de genres divers: adaptations d’un classique de la littérature horrifique («Frankenstein») et de plusieurs pièces de Shakespeare (dont «Henry V» et «Hamlet»), blockbuster façon Marvel («Thor»), film d’opéra («La flûte enchantée»), n’en jetez plus!

Après «Le Crime de l’Orient-Express» qu’il a signé en 2017, Branagh renoue avec le célèbre détective belge Hercule Poirot créé en 1920 par Agatha Christie, en portant à l’écran son roman «Mort sur le Nil» qui succède directement au «Crime…».

Contemporaine à l’écriture du livre (publié en 1937), l’action se déroule sur le Nil, le temps d’une croisière à laquelle participent quatorze personnes. L’une d’entre elles est retrouvée manifestement assassinée. Il s’agit d’une jeune milliardaire qui a eu des différents avec chacun des passagers…

Whodunit?

Non loin de là, Poirot passe quelques jours de vacances, histoire de se remettre de son remue-méninges ferroviaire. Ni une ni deux, le fin limier un brin empâté monte à bord du rafiot de luxe où a été perpétré le crime…

Comme il se doit, le casting se révèle très savoureux. Dans le rôle du détective belge, Branagh fait son miel de ce personnage très imbu de lui-même, dont la suffisance avait le don d’énerver jusqu’à Agatha Christie.

Cinéaste plutôt talentueux, Branagh a réussi à rendre spectaculaires les joutes très verbales de la romancière anglaise réputée difficile à adapter en raison de sa propension à l’élucidation bavarde… En résulte un excellent divertissement nullement coupable!

Infos pratiques

«Mort sur le Nil» de Kenneth Branagh, Etats-Unis, avec K. Branagh, Gal Gadot, Armie Hammer, Annette Bening…

12/12

Cinéma: «Petite Solange» et «Mort sur le Nil»... les sorties de la semaine à ne pas rater

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