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Avec le climat, les forêts se métamorphosent

Les scientifiques s'attendent à voir les forêts changer en même temps que le climat. Les feuillus, le chêne notamment, devraient étendre leur zone d'implantation.

02 sept. 2013, 16:20
Les prairies et les pins devraient faire place à des forêts de feuillus.

Les forêts d'Europe centrale devront s'adapter aux changements climatiques, notamment aux sécheresses à répétition. Selon des scientifiques réunis cette semaine à Zurich, les paysages de plaine devraient en conséquence être de plus en plus dominés par des forêts de feuillus et moins de conifères.

Les feuillus sont plus tolérants envers la sécheresse, a expliqué lundi devant la presse l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Sous son égide, quelque 200 scientifiques internationaux se penchent jusqu'à jeudi sur le thème "Changements climatiques: comment réagissent les arbres dans les forêts d’Europe centrale?".

Les arbres pousseront de manière moins dense dans les zones sèches et produiront moins de biomasse, prédit encore le WSL. Le défi sera de réussir à gérer les nouvelles forêts de manière à ce qu'elles continuent de remplir leurs fonctions de protection contre les dangers naturels, de fournisseur de bois ou encore de purificateur d'air.

Une certaine plasticité

Au cours des années écoulées, les scientifiques ont observé que les forêts réagissent de manière étonnamment plastique à des évènements extrêmes, par exemple lors de l’été 2003. Elles font preuve d’une certaine capacité d’adaptation.

La recherche est aujourd’hui "prudemment optimiste" sur l’avenir de la forêt. Tout du moins en Europe centrale, aucune catastrophe ne devrait l’affecter à moyen terme. "Nous devons cependant nous préparer à ce que le visage des forêts subisse des changements durables dans les décennies à venir", ajoute Thomas Wohlgemuth, responsable du groupe Ecologie des perturbations au WSL, cité dans un communiqué de l'institut.

Forêt suisse diversifiée

Les essences comme le chêne ou le douglas, tolérantes envers la sécheresse, devraient progresser aux dépens des arbres plus sensibles, par exemple les pins et les épicéas à basse altitude. Les paysages de plaine devraient être théoriquement dominés de plus en plus par des forêts à feuillage caduc.

Plusieurs essences pourraient toutefois arriver à leurs limites, notamment les deux plus importantes pour l’exploitation forestière en Europe, le hêtre et l’épicéa. Ils ne peuvent résister aux périodes sèches que jusqu’à un certain point. Plus la forêt est diversifiée, plus sa capacité d’adaptation est élevée et plus sa résistance aux évènements climatiques extrêmes est importante, note à ce propos le WSL.

L'économie forestière doit se préparer en plantant des arbres qui supporteront les conditions climatiques futures. La forêt suisse étant déjà bien diversifiée, le problème n'est pas aigu, mais certaines régions sont plus concernées que d'autres, comme les vallées valaisannes sèches où les pins se meurent. Le WSL y mène des essais avec le pin d'Alep (Pinus halepensis), d'origine méditerranéenne.

Science et pratique

"Du point de vue de la Confédération, il est essentiel que les cantons et les propriétaires forestiers disposent d’instruments leur permettant d’appliquer les résultats des études scientifiques", a déclaré Rolf Manser, chef de la division Forêts à l’Office fédéral de l'environnement, qui chapeaute également la conférence avec l'EPFZ.

"L’objectif du programme de recherche 'Forêt et changements climatiques' de l’OFEV et du WSL consiste à développer des connaissances de base pour les décideurs politiques et forestiers, et de mettre à leur disposition des principes de décision", a ajouté M. Manser. Et de conclure, rassurant: "La forêt ne va pas mourir, les arbres supportent plus qu'on ne pense". 

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