courrier des lecteurs

Lettre que j'aurais pu envoyer au Président de la commune d'Anniviers

29 août 2013

Monsieur le Président, Ce n'est une surprise pour personne: l'instauration d'une taxe d'incitation ne laisse pas indifférent. Elle fait même jaser! Tout bien considéré, ce n'est pas tant la taxe elle-même qui pose problème. Car tout un chacun est à même de comprendre que les infrastructures et leur entretien doivent être financés. C'est vrai: c'est la raison d'être de l'impôt. Mais revenons à notre propos. Si la création d'une taxe est imaginable, où le bât blesse-t-il? Dans la manière tout d'abord dont la ponction est opérée. Les citoyens d'Anniviers sont souverains, pas le moindre doute. Mais qu'en est-il des habitants de résidences secondaires? La décision de les soumettre à une taxe, sans autre forme de procès, est pour le moins maladroite. Car enfin ces «étrangers du dedans» (ou du dehors d'ailleurs) ne doivent pas devenir des citoyens de paille, des citoyens de seconde zone. S'ils ont choisi le val d'Anniviers pour second domicile, c'est simplement parce qu'ils aiment ce pays. Et, excusez du peu, tout comme les Anniviards eux-mêmes. Ensuite l'affectation de la taxe suscite, elle aussi, quelques réflexions. La participation au financement de remontées mécaniques, d'aménagements hôteliers, par exemple, doit-elle être le fait de la main publique, fût-ce par l'entremise du produit d'une taxe? De tels financements ne sont-ils pas plutôt le fait d'entrepreneurs et des fruits de leurs investissements? Le recours au produit d'une taxe pourrait conduire à des projets sans justification propre. Ce qui tient au cœur des Anniviards comme de leurs hôtes, c'est l'admirable équilibre de la vallée. Les citoyens résidents élisent leurs autorités, qui s'activent sous la sanction de leur succès. C'est bien ainsi. Et si ces autorités, une fois l'an, invitaient l'assemblée des résidents secondaires, pour débattre des réalisations rendues possibles par la taxe, et des projets à venir? On quitterait le terrain de la solidarité forcée en se rapprochant d'une participation raisonnable. Une responsabilité que l'utilisateur-payeur ne pourrait que saluer. Croyez, Monsieur le Président, aux sentiments respectueux d'un résident assidu d'Ayer, à la route du Stand.
par Jean-Luc Strohm, Lutry