Tirez pas sur le panda!

Au soir du 9 juillet, en bonne mère de famille, j'ai emmené mes deux garçons de 6 et 8 ans à l'amphithéâtre de Martigny pour l'avant-première de "Kung Fu Panda". Nous avons passé une excellente soirée en compagnie des singes, tigres, oies, rhinocéros et autres cochons qui peuplent ce dessin animé très sympathique et d'assez bonne tenue. Les barbes à papa en gobelet et toutes ces sortes de choses ont encore contribué à l'euphorie de ma progéniture. Mais pour ma part, je suis repartie avec un poids, ici, que ces lignes devraient un peu alléger. En effet, après une interminable attente, la nuit permet enfin de commencer la projection par quelques publicités. Ça c'est fait... Arrivent ensuite les bandes-annonces, qui donnent toujours l'impression qu'on en a plus pour son argent, et là, c'est la chute. Voiture rouge et belle gonzesse arrogante à flingue qui tue tout ce qui bouge, accidents en cascade, coups de feu avec gros plans au ralenti sur la balle et sa trajectoire, bagarres à la machette, assassinats, explosions, et j'en passe, assénés en saccades de cinq images à la seconde - au moins - soutenus par une musique assourdissante et ponctués de répliques minimalistes. Après ça, c'est sûr, la moitié du public présent rêve de voir "Wanted. Choisis ton destin"; par contre, l'autre moitié, des enfants entre 4 et 12 ans, en a peut-être déjà fait des cauchemars. A titre d'information, le site officiel et donc américain - un peuple qui côtoie pourtant nonchalamment les armes à feu - propose le film aux plus de 17 ans; les bandes-annonces ne sont vraisemblablement pas soumises aux mêmes règles d'hygiène mentale. Après ce premier feu d'artifice, les extraits choisis du dernier "Indiana Jones" font figure d'images à la guimauve et on est presque content de voir de bêtes nazis se prendre des camions sur la gueule. Nous n'avons pas la télévision, mes enfants n'ont guère l'habitude de voir des gens se trucider parmi, et le cinéma est un réel plaisir parce que les films, choisis selon des critères d'âge et d'intérêts personnels, leur offrent des histoires à la mesure de leur imaginaire. Et je m'insurge contre l'inconscience crasse des responsables des projections qui balancent de telles scènes de violence à une salle pleine d'enfants - "Kung Fu Panda" étant un dessin animé adapté aux enfants, lui. Ma fibre maternelle aurait-elle été la seule à s'en émouvoir?