courrier des lecteurs

Tabac, cannabis et cohérence

30 oct. 2008

Ainsi donc, les établissements publics fumeurs avec service, c'est-à-dire avec enfumement du personnel et de la clientèle non-fumeurs, pourront continuer à bénéficier d'exceptions en Suisse. Le score a été serré: 89 à 88 au Conseil national, 20 à 19 au Conseil des Etats. Les partisans de la fumée se sont recrutés essentiellement dans le camp bourgeois, dont nombre de parlementaires n'ont su résister au lobbying de Gastrosuisse. Les mêmes parlementaires ont refusé l'initiative sur la libéralisation de la consommation du cannabis, mise en votation populaire le 30 novembre prochain. Argumentation: il faut protéger les consommateurs de stupéfiants contre eux-mêmes. Cherchez la cohérence: le cannabis, s'il est nuisible, ne nuit qu'à ses consommateurs, habituels ou occasionnels. Le tabac, lui, est assurément nuisible: il tue, et il tue non seulement les fumeurs, mais également les non-fumeurs exposés à la fumée passive (1000 morts par an en Suisse). La loi cantonale sur la santé, qui permet dans le cadre de compétences cantonales reconnues de protéger davantage la santé des personnes exposées à la fumée passive, permettra, si elle est acceptée en votation populaire le même 30 novembre prochain, de mettre fin à cette incohérence. Et ce n'est pas une question de liberté personnelle. Les victimes de la fumée passive n'ont souvent aucun choix. oui dès lors à la loi cantonale sur la santé.
par Henri Carron, Fully