courrier des lecteurs

Responsabilité politique

8 juin 2007

Pourquoi ne parle-t-on pas de la gestion désastreuse des responsables politiques? En tant que personne en situation de handicap grave myopathie, maladie musculaire incurable, dépendant vingt-quatre heures sur vingt-quatre d'une tierce personne pour tous les actes ordinaires de la vie, la 5e révision de l'AI est un pur et simple démantèlement des acquis sociaux. Inquiétant pour l'un des pays les plus riches du monde. Les résultats financiers de l'AI sont négatifs depuis 1993. A fin 2007, soit quatorze ans plus tard, la dette accumulée sera d'environ 11 milliards de francs selon les prévisions! Depuis tout ce temps, les montants nécessaires pour faire face aux dépenses ont été ponctionnés dans les fonds de l'AVS, mettant ainsi en péril un pilier important de nos assurances sociales. Il a fallu quatorze ans et 11 milliards de dette pour en arriver à une 5e révision perfide qui va faire tomber des acquis sociaux. En clair, notre Etat social recule en faisant payer les plus démunis. Prenons un exemple parmi tant d'autres: les femmes et les hommes qui prennent soin de leur conjoint handicapé à domicile, soit plus de 80 000 couples en Suisse, vont perdre la rente complémentaire pour conjoint: 30% de revenu par couple en moins. Dans le cas de notre couple, si la 5e révision est acceptée, dès le 1er janvier 2008, notre rente sera réduite de 647 francs par mois. Qui de nos concitoyennes et concitoyens est prêt à accepter une telle réduction massive de salaire? Les laissés-pour-compte devront s'adresser aux services sociaux, d'où des dépenses supplémentaires pour les cantons et les communes. Par ailleurs, toutes les mesures envisagées ne vont pas renflouer les finances de l'AI. Pour assainir l'AI, il faut que le Parlement décide d'un financement additionnel. Deux possibilités pour nos politiques: soit un relèvement des cotisations salariales ou une augmentation de la TVA. Par ces mesures, l'équilibre financier est escompté pour 2026! 50 000 personnes handicapées en Suisse recherchent du travail! La détection précoce ne va rien changer pour elles.
par Yves Bozzio, Bienne