courrier des lecteurs

Que Dieu garde l'Europe!

8 sept. 2021

A propos du billet de Jean-Dominique Cipolla, «Indépendance», paru dans «Le Nouvelliste» du 7 septembre 2021.

En tant que prêtre de l’Eglise catholique et professeur à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg, je n’ai pas participé aux feux de joie qui, dans une certaine partie de la population seulement, ont célébré l’enterrement de l’accord-cadre de la Suisse avec l’Europe par le Conseil fédéral. J’ai au contraire toutes les raisons de le regretter, contrairement au ton triomphaliste du récent billet du chroniqueur du «Nouvelliste». 

D’une part, ce refus politique de l’Europe par nos autorités porte un coup très grave au développement scientifique et universitaire helvétique. Les recherches ne s’arrêtent pas aux frontières suisses et notre nation est désormais considérée par nos partenaires européens comme un pays tiers, ce qui va entraver la participation de nos universités aux projets académiques de pointe et retenir les professeurs et étudiants étrangers de rejoindre nos facultés: une catastrophe!

En outre, la fraternité de l’Eglise catholique universelle ne s’arrête pas à Genève, Bâle ni Chiasso. Vivre un tel repli, comme si la Suisse était une île au milieu du continent, apparaît donc comme peu évangélique et ne correspond guère à la vision de circulation des idées et de la solidarité selon le pape François.

L’indépendance, oui, mais pas au détriment du souffle spirituel et culturel de l’Europe dont nous sommes partie prenante, que nous le voulions ou non. A force de refuser de participer à l’effort de cohésion, nous sommes rejetés par nos voisins et les accords bilatéraux vont s’étioler les uns après les autres. En tout cas, sur les plans universitaire et ecclésial, l’isolationnisme est totalement contre-productif. 

par Abbé François-Xavier Amherdt, Professeur de théologie à l’Université de Fribourg, 1700 Fribourg