courrier des lecteurs

Pragmatique, réellement?

9 nov. 2021

Le 28 novembre, le Valais votera sur l’initiative dite «Pour un Valais sans grands prédateurs». Outre le titre mensonger, puisque le Valais comptera toujours des loups ou autres lynx, la mesure principale de ce texte, c’est-à-dire la limitation et la régulation des effectifs, est pratiquement inapplicable au vu de la (très) faible marge de manœuvre du canton sur la question.

Loin de moi l’idée de dire que le loup ne pose aucun problème; de meilleures mesures de protection sont à édicter. Je concède volontiers que certains points de la législation fédérale actuelle, notamment le faible nombre de races de chiens agréées par la Confédération (deux à l’heure actuelle), sont problématiques et pourraient être améliorés avec des directives cantonales.

Cependant, ce texte inclut des mesures pour ainsi dire inapplicables, que j’ai déjà énoncées plus haut, et surtout une dernière phrase problématique: «La promotion de la population des grands prédateurs est interdite.»

En effet, nous savons depuis des années que les loups, lynx, ours et autres chacals dorés, précisément visés par cette initiative, sont indispensables pour garder un équilibre dans nos écosystèmes notamment vis-à-vis des ongulés, actuellement chassés à tire-larigot à cause de la trop faible présence de prédateurs naturels. Cette vérité, couplée à celle de la réalité des troupeaux de montagne, n’est pas à négliger et cette phrase pourrait permettre des dérives à la liberté d’expression sur ce sujet précis, ce qui serait fortement dommageable pour le débat public.

Je voterai non le 28 novembre parce que je pense que nous avons la possibilité de rédiger une loi réellement pragmatique et applicable pour vivre en meilleure harmonie avec ces «grands prédateurs».

par Sébastien de Morsier, 1950 Sion