courrier des lecteurs

Le démantèlement débarque

23 nov. 2007

Le téléphone ne cesse de sonner. Au bout du fil, des pères de famille, une mère seule. Mais surtout, la panique, l'incompréhension, la peur. Depuis deux jours, le démantèlement de l'assurance-invalidité débarque dans des dizaines de milliers de ménages. Rentes abaissées et rentes pour conjoint supprimées sont le cadeau de Noël aux victimes des attaques contre les acquis sociaux. La situation est dramatique. Perdre plusieurs centaines de francs pousse ces familles dans la précarité. Or, elles n'ont pas choisi l'invalidité. Que dire? Que le peuple a massivement accepté la 5e révision AI et le climat délétère porté par ceux qui l'administrent? Que des rentiers pénalisés ont soutenu l'UDC dans son œuvre de pillage social, sans avoir conscience que la haine de l'étranger est la même que la haine du rentier AI? Que PDC et radicaux se sont engagés avec virulence en juin dernier pour supprimer ces prestations? Qu'à gauche, les défenseurs des acquis sociaux ont été minorisés? Cela ne suffit pas, car des rentes en moins, c'est le frigo qui se vide, les factures qui s'entassent. Luttant contre l'humiliation de l'assistance, je me trouve à devoir conseiller à ces personnes de s'adresser à l'aide sociale, pour "nouer les deux bouts ". Le retour de la charité si souvent dénoncé arrive en force, brutal. Il n'est pas acceptable. Et puis, la future majorité UDC-PRD des commissions parlementaires finalisera la 6e révision, qui supprimera d'autres prestations encore. C'était dit, écrit, répété... L'engagement social est plus que nécessaire. Mais, sans soutien de la population, il ne pèsera guère contre une majorité égoïste et peu solidaire. L'étranger n'est pas responsable du démantèlement de l'AI. C'est le peuple suisse qui l'a souhaité, contre les forces sociales de gauche.
par Stéphane Rossini, conseiller national