courrier des lecteurs

La Suisse des déconstructeurs

22 sept. 2016

Après l’annonce, mi-août, du projet de désengagement de l’aéroport de Cointrin par Swiss au profit de sa sœur Eurowings, le conseiller d’Etat libéral-radical Pierre Maudet n’a pas hésité à critiquer la compagnie. Il reproche à notre porte drapeau de ne pas se comporter en compagnie nationale et regrette son remplacement. C’est pourtant pour son parti et pour son idéologie pour qui il était impensable d’en faire une compagnie nationale d’aviation comme il en existe dans de nombreux pays, à qui l’Etat aurait pu exiger d’exploiter un aéroport secondaire. C’est également le dogme libéral, qu’il défend, qui conduit infailliblement au remplacement des entreprises suisses par des entreprises étrangères, celle-ci profitant de coûts moins élevés. Trois cents ans plus tôt, l’évêque Bossuet lui aurait rappelé que « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».

Son collègue de parti, Philippe Nantermod, projette lui de tuer le service public. Comme Emmanuel Macron en France, il rêve de déverser des centaines de bus sur les autoroutes à la manière des Greyhound américains pour concurrencer les compagnies ferroviaires dans le pays qui a le meilleur réseau du monde. En attaquant les CFF sur les lignes excédentaires, il prive les régions périphériques d’une source de financement indispensable à l’exploitation des lignes secondaires. Le maintien de la protection du marché des transports de personnes est le seul moyen de proposer à la population de toute la Suisse un système de transport sûr, confortable, performant et peu gourmand en énergie.

Florent Gauye
Hérémence

par Florent Gauye, 1982 Euseigne